Cent ans de musique populaire en Côte d’Ivoire
La musique populaire ivoirienne a connu une évolution remarquable surtout depuis les années 1950, passant d’un mélange de genres traditionnels et étrangers à la création de styles uniques qui ont conquis le continent africain et au-delà.
L’ère des pionniers et des musiques « tradimodernes »
Cette période (années 1950-1970) est marquée par l’émergence d’une musique moderne qui s’inspire directement des rythmes locaux tout en s’ouvrant aux influences occidentales (le highlife ghanéen et nigérian, le jazz, la rumba congolaise).
Les artistes de l’époque créent ce qui sera appelé le « tradimoderne ».
Artiste clé : Ernesto Djédjé, surnommé le « Roi du Ziglibithy », est une figure majeure de cette époque.
Il a modernisé le ziglibithy, une danse traditionnelle du peuple Bété, en y ajoutant des sonorités funk et soul, créant ainsi un style très populaire.
On peut également citer Lougah François qui a fusionné la tradition Bété avec le gospel et le funk.
L’émergence du Zouglou
La décennie 1980 voit naître le Zouglou, un genre musical profondément lié au contexte social et politique du pays.
Né dans les campus universitaires d’Abidjan, le Zouglou est une musique de contestation, chantée en nouchi (l’argot ivoirien), qui dénonce avec humour et ironie les difficultés de la vie quotidienne de la jeunesse.
Artistes clés : Des groupes comme Magic System (qui connaîtra un succès mondial dans les années 90-2000), Les Poussins Chocs ou Espoir 2000 sont les figures emblématiques de ce mouvement.
Le genre a également donné naissance à d’autres styles comme le Zoblazo, popularisé par l’artiste Meiway, qui incorpore des percussions traditionnelles Nzema.
Le règne du Coupé-Décalé
La période des années 1990-2000 est dominée par un nouveau genre musical, le Coupé-Décalé, né dans la diaspora ivoirienne à Paris au début des années 2000.
C’est une musique de fête et de danse, aux textes souvent centrés sur l’argent, l’ostentation et l’optimisme.
Il se distingue du Zouglou par son approche plus festive et moins engagée politiquement.
Artistes clés : Le « président » du mouvement, Douk Saga, est le précurseur.
Le genre est popularisé par de nombreux DJ et artistes comme DJ Arafat, Serge Beynaud et Kedjevara, qui ont fait du Coupé-Décalé un phénomène international.
2010 à aujourd’hui, un métissage et l’influence des réseaux sociaux
La musique populaire ivoirienne continue d’évoluer, en s’ouvrant de plus en plus aux sonorités internationales et aux nouvelles technologies.
Nouvelles tendances : Le Zouglou et le Coupé-Décalé restent populaires, mais se métissent.
De nouveaux genres émergent, comme le « Afro-Zouk » popularisé par Monique Séka, ou des fusions avec l’Afrobeats nigérian et le Dancehall jamaïcain.
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