Une écotaxe sur les billets d’avion : bonne ou mauvaise solution ?


On croyait que les politiques avaient abandonné le projet de taxer le transport aérien. Il revient en écotaxe que les passagers devront payer … quand ils partent de France ! Comme le courant écologiste semble gagner du terrain, il faut bien annoncer des mesures rapides et simples à mettre en place.

L’écotaxe vous rappelle quelque chose ?

On se souvient tous de l’écotaxe qui devait s’appliquer sur les poids-lourds. Les routiers bretons avaient à l’époque décidé de démonter les péages électroniques. Alors que l’état avait dépensé une fortune pour cette affaire, il a dû plier bagage en indemnisant une société qui devait s’occuper de collecter cette taxe.

Cette fois, les passagers devront payer

Il y a d’abord eu l’idée de taxer le kérosène et curieusement, cette idée a bizarrement disparue. Il est clair que les compagnies aériennes auraient eu intérêt à s’approvisionner hors de France. Il vaut mieux s’attaquer aux passagers, dont une grande partie voyage pour affaire. Les entreprises vont donc financer en partie cette écotaxe.

Une taxe jusqu’à 18 euros pour les « riches » qui voyagent en classe affaire

Le gouvernement devrait mettre en place une écotaxe de 1,50 à 18 euros sur les billets d’avion à partir de 2020 pour tous les vols au départ de la France, sauf vers la Corse et l’Outre-Mer et sauf vols en correspondance, a annoncé Elisabeth Borne, la ministre des transports.

Dans le détail, les passagers vont devoir payer 1,50 euros en classe éco pour les vols intérieurs et intra-européens, de 9 euros pour ces vols en classe affaire, de 3 euros pour les vols en classe éco hors UE et de 18 euros pour ces vols en classe affaire, selon la ministre des transports.

Donc on va inciter les passagers, en long-courriers, à prendre un avion via Amsterdam, Francfort, Milan pour éviter une taxe trop importante. Les départs de France sont déjà bien plus chers qu’ailleurs !

Et cette taxe ne servira pas au transport aérien

On aurait pu croire que cette nouvelle taxe pourrait être consacrée à l’étude sur un carburant moins polluant. Non, le produit de cet impôt ira dans les infrastructures ferroviaires. Cette taxe devrait rapporter au moins 182 millions d’euros.

Pourtant, le transport aérien a déjà fait des efforts ?

Les nouveaux appareils consomment 15 à 20 % de moins de carburant que les avions de la génération précédente. Les transporteurs souhaiteraient trouver des solutions lors du roulage jusqu’à la piste de décollage.

Certains aéroports se dotent de tracteurs pour faire économiser du carburant et avoir moins de pollution. Mais le plus important est la mise en place de biocarburants. Pourquoi cette écotaxe n’irait pas dans la recherche de carburants moins polluants ?

Pourquoi une mesure en France uniquement ?

Là encore, on a l’impression de marcher sur la tête. On veut être les champions de l’environnement mais si les autres pays voisins ne font rien, cela ne servira que très peu à la France. C’est un peu comme le nuage radioactif de Tchernobyl qui n’avait pas atteint franchit les frontières du territoire.
Pourquoi ne pas mettre sur la table ce souhait de taxer (encore) le transport aérien au niveau européen ?

Une décision fortement controversée par les professionnels

La FNAM (Fédération Nationale de l’Aviation Marchande), représentant 95 % du transport aérien français, parle d’un « mauvais coup de plus porté aux compagnies aériennes françaises« .  Selon elle, « le Gouvernement fait le choix d’une écologie punitive qui tend à réserver le transport aérien aux plus riches. Il lui faudra en assumer les conséquences en termes économiques, et d’emplois« .

Taxer le transport aérien est-ce la solution pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) ? s’interroge également Jean-Pierre Sauvage, le président du Bar France (Board of representative), « c’est ce que croit le gouvernement qui, sensible aux agitations d’une opinion désinformée, pense régler le dérèglement climatique par une taxation de plus. Or, le transport aérien est le plus petit contributeur aux émissions de GES (2 à 3 % sur un plan mondial). Il est la seule industrie qui fasse des progrès constants pour réduire ses nuisances« .

Même son de cloche pour le syndicat des Entreprises du Voyage qui affirme que « l’écotaxe sur le transport aérien est triplement contre-productive car elle cède à la démagogie d’un mouvement de haine de l’avion« .

Pour Jean-Pierre Mas le président des EDV, « Taxer les passagers du transport aérien pour financer un mode de transport concurrent ne réduira en rien les effets du transport aérien sur le réchauffement climatique (moins de 3 % de la production mondiale de CO2).

« Cette éco-contribution n’est fléchée ni vers le soutien à la transition énergétique du transport aérien ni vers des projets d’absorption du CO2 généré par l’avion.

Les professionnels français du tourisme militent pour une « contribution planète » basée sur la production de CO2 du vol considéré (type d’avion, durée du vol…) et directement affectée à des projets certifiés d’absorption du CO2« .

Serge Fabre





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