Tourisme et Transport aérien : vers un nouveau paysage français


L’année 2020 laissera surement des traces durables dans la plupart des secteurs d’activité avec un impact plus fort sur le tourisme et encore plus terrible dans le transport aérien » explique Jean-Louis Baroux, le fondateur d’APG qui vient de sortir aux Editions l’Archipel un nouveau thriller dont le titre est « On a perdu le MH 370 ».

L’Europe est, selon IATA le continent le plus touché et en Europe, la France a affronté la pire des situations. Comment alors le paysage aérien français en sortirait-il indemne ?

La bagarre des DOM-TOM

Elle a déjà commencé car c’est le premier secteur ouvert à l’aérien long courrier. Les fêtes de Noël arrivent et les familles ont un furieux besoin de se réunir. Alors les compagnies souhaitent légitimement en profiter pour relancer leur exploitation. 5 transporteurs se partagent le gâteau : Air Austral – Air Caraïbes – Air France – Corsair et French Bee. Chacun d’entre eux cherche à tirer un maximum de cette première ouverture.

Du coup, on voit proliférer les offres tarifaires de plus en plus alléchantes : moins de 500 € pour un temps de vol aller-retour de plus de 20 heures. Cela porte à 25 € le prix à l’heure de vol. Encore une fois, cela ne peut pas correspondre au coût réel, or le prix d’appel va devenir le tarif de référence pour les clients. Ce n’est certainement pas comme cela que les compagnies vont reconstituer leurs fonds propres.

Le réseau domestique chamboulé

Sous la pression d’une infime minorité écologique agissante, les compagnies françaises et Air France en particulier, seront amenées à abandonner les lignes là où un transport terrestre, le TGV pour être précis, peut réaliser la liaison au moins en 2h30. C’est le retour du rationnement appliqué au transport aérien.

Air France qui n’a pas le choix va se plier à cette injonction. La compagnie va ainsi laisser la place libre à d’autres transporteurs, les « low costs » étrangers : Ryanair, EasyJet, Vueling et autres Volotea.

Hop va disparaître doucement soit par abandon des dessertes, soit par intégration dans Air France. Et Transavia sera progressivement utilisée même sur des lignes à haut trafic. Ainsi, petit à petit, une forme d’Air Inter va revoir le jour, au moins au départ d’Orly. Ces grandes modifications laisseront un peu plus d’espace aux compagnies telles que Chalair ou Amelia voire même à ASL qui dispose d’une flotte un peu sous employée.

Les nationalisations rampantes

Le mouvement de privatisation du transport aérien a connu un coup d’arrêt brutal, non seulement en France, mais un peu partout dans le monde et particulièrement en Europe.

Les gouvernements qui ont, par la fermeture de leurs frontières, mis leurs transporteurs nationaux dans des difficultés insurmontables, ont pris conscience qu’ils étaient indispensables à leur économie, mais plus que cela, à leur indépendance.

Le transport aérien est un des instruments de pouvoir dont un pays ne peut se passer. C’est ce qui arrive en France avec la compagnie nationale soutenue massivement au printemps par l’octroi de prêts garantis dont une part très importante : en 3 et 4 milliards d’€ vont être convertis en capital.

Ainsi l’Etat qui était descendu à 14 % du capital, va pouvoir remonter aux alentours de 30 %, et il serait surprenant que le mouvement s’arrête là. D’ailleurs le phénomène touche également les transporteurs dits « complémentaires ».

Corsair passe d’un capital allemand à une participation majoritaire antillaise sur laquelle l’Etat aura certainement un contrôle plus ou moins déguisé. Air Austral appartient à une société d’économie mixte réunionnaise, c’est-à-dire que les fonds publics régionaux sont largement investis dans la compagnie. Air Corsica appartient à la Collectivité de Corse. Il n’y a plus guère qu’ Air Caraïbes et French Bee d’un côté et ASL de l’autre
pour revendiquer leur totale indépendance.

La mainmise du politique

C’était fatal. La pression économique a amené les gouvernements à soutenir financièrement leurs compagnies aériennes, mais en échange, ils veulent, hélas, avoir de plus en plus leur mot à dire.

On a constaté les résultats désastreux qu’une telle pratique pouvait avoir dans certains pays, l’Italie en particulier. Il ne faudrait pas que cela arrive en France.

Or, les déclarations de Mme Pompili dont il faut rappeler qu’elle détient les transports dans son portefeuille très étendu, sont particulièrement inquiétantes. Elles visent ni plus ni moins qu’à restreindre la liberté de choix des Français quant à leur mode de déplacement en supprimant à Air France, la capacité de desservir en avion des lignes accessibles en TGV en moins de 2h30.

C’est une première et grave atteinte à la devise de la République Française qui commence par Liberté. Voilà qui est tout de même inquiétant : on sait où cela commence, mais jamais où cela s’arrête.

Jean-Louis Baroux





    3 commentaires pour “Tourisme et Transport aérien : vers un nouveau paysage français

    1. Cela peut paraître paternaliste, mais c’est aussi le rôle d’un état de « réguler » les déplacements de sa population. En l’occurrence, il s’agit de préserver la planète et surtout les populations humaines qui l’habitent. On peut débattre sur le bien-fondé, mais le but est là, donc la décision politique est cohérente. Je vais faire un parallèle un peu osé : c’est comme si on refusait la limitation de vitesse à 130km/h sur l’autoroute au nom de la Liberté de chacun de choisir sa propre vitesse…

    2. Bonjour, on ne parle jamais des passagers en correspondance et dans ces cas-là l’avion est utile
      exemple : un passagers (loisir ou affaire) désire effectuer un vol BOD/CDG/LAX donc l’avion sera utile pour sa correspondance
      2 ème exemple : un passager qui habite BOD ou MRS ou TLS qui désire se rendre en Amérique du Sud, naturellement, il passera par MAD (sans prendre le train)
      3 ème : cas des passagers frontaliers : ceux qui habitent SXB se rendront directement à FRA, ceux de LYS à GVA, ceux de Mulhouse à ZRH, ceux de Lille-Roubaix-Tourcoing vers BRU
      Etudier l’utilité du train en correspondance vers PAR , sans compter parfois un changement d’aéroport ORY – CDG
      Chacun sait que de nos jours un passager de Province  » déteste  » se rendre dans un aéroport parisien pour effectuer une correspondance
      Alors, tout cela est à cogiter en hauts lieux
      Cordialement/michel deparis

    3. « Sous la pression d’une infime minorité écologique agissante »… Pression de l’urgence Monsieur Baroux ! il faut absolument comprendre les enjeux climatiques pour ouvrir des dialogues constructifs. Il n’y a pas plus de pression d’un côté que de l’autre.
      Pour évoluer vers un tourisme raisonné et raisonnable, il faut commencer par bien comprendre les mécanismes climatiques, les ordres de grandeurs d’un côté comme de l’autre et les enjeux sociétaux !

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