Tourisme à Rhodes : un été chaud bouillant
28 août 2023 Frédéric De Poligny Aucun commentaire À la une Athanasios Vyrinis, Dimitris Fragakis, Kiriakos Mitsotakis, Manolis Markopoulos, rhodes 4405 vues
Le 18 juillet dernier un incendie s’est déclaré dans le sud de l’île de Rhodes, et attisé par des vents extrêmement violents s’est propagé pendant 10 jours jusqu’à atteindre la côte Sud-Ouest, touchant les stations balnéaires situées au Sud de Lindos. Devant l’avancée spectaculaire des flammes et des panaches de fumée rendant l’air irrespirable, les autorités ont ordonné l’évacuation de près de 30.000 personnes, habitants et touristes, la plupart par des moyens routiers mais près de 3.000 par voie maritime. Certains d’entre eux ont dû partir en tenue de plage sans bagage et quelquefois sans leurs papiers. Mais nul décès et nul blessé ne furent à déplorer.
Ces images terribles et spectaculaires des incendies ont immédiatement fait le tour du monde, ainsi que les images de tous ces touristes dormant par terre à l’aéroport en attendant leur vol de retour ou un rapatriement rapide. Bien évidemment pour tous ceux concernés ce furent des heures difficiles, mais cependant il n’y eut aucun moment de panique.
Face à ce désastre, autorités locales, hôteliers et habitants se sont mobilisés pour ouvrir des centres d’hébergement dans des écoles, des centres de conférence, des gymnases… Ce fut fait en moins de 24h.
Des volontaires, des guides, des traducteurs sont venus prêter main-forte pour distribuer des repas et aider à régler les problèmes administratifs, billets de retour et récupération de papiers provisoires.
Mais l’image perçue depuis l’extérieur était que Rhodes ne fonctionnait plus en tant que destination touristique majeure.
Alors à l’invitation de Dimitris Fragakis, le Secrétaire Général du GNTO, l’Office National du Tourisme Grec, La Quotidienne est retourné à Rhodes la semaine dernière pour faire le point sur le retour du tourisme à son niveau habituel.
En 2022, Rhodes avait fait un carton loin devant de nombreuses autres destinations du pays.
Ambiance habituelle dès l’atterrissage à l’aéroport de Rhodes avec un hall des arrivées noir de monde et de très longues files de nouveaux vacanciers attendant sous le soleil d’embarquer dans les bus des T.O. internationaux pour rejoindre leurs hôtels respectifs.
Rapidement nous avons rencontré Manolis Markopoulos, le Président de l’Association des Hôteliers de Rhodes, et celui-ci nous a confirmé que la plupart des hôtels étaient complets.
« Du 1er janvier au 20 août 2023, le nombre de visiteurs à Rhodes a dépassé de +9 % les chiffres de 2019 et septembre sera encore un mois de très haute fréquentation » nous a-t-il déclaré, précisant « sur les 600 hôtels de l’île, seul un petit nombre a été impacté par les événements, et 3 seulement n’ont pas rouvert ayant subi des dégâts relativement légers mais difficiles à réparer avant la fin prochaine de la saison ».
Nous avons aussi fait le point avec Athanasios Vyrinis, le Maire adjoint de Rhodes en charge du Tourisme, qui nous a confirmé que les incendies n’ont touché que 9 % de la surface de l’île, représentant malheureusement près de 19 % des zones boisées de l’île.
Mais a-t-il ajouté, les feux ont épargné les principales zones hôtelières et quasiment l’essentiel des sites touristiques. Ce qui a permis à la grande majorité des visiteurs de continuer leurs vacances sans aucun problème.
Pour les touristes évacués des zones menacées et qui ont été obligés d’écourter leurs séjours, le Premier Ministre grec, Kiriakos Mitsotakis, a très vite annoncé qu’ils pourraient bénéficier d’un séjour offert d’une semaine à l’automne ou au printemps, ce qui n’a pas manqué de redonner une image positive de Rhodes.
Au cours de notre séjour à Rhodes, nous avons pu constater que depuis la ville de Rhodes jusqu’à Lindos, rien ne transparait des incendies.
La vieille ville de Rhodes, l’antique Cité des Chevaliers, enfermée dans ses impressionnants remparts, est envahie tous les jours jusqu’à tard dans la nuit par des milliers de touristes avides de visiter le Palais du Grand Maître et l’ancien Hôpital des Chevaliers et de se promener dans ses jolies ruelles pavées.
Et le soir pour profiter d’une table sympathique sur les belles placettes ombragées de la Vielle Ville, il fallait souvent avoir impérativement réservé.
Sur la route entre la Cité de Rhodes et la ville de Lindos, nous avons fait halte à Kalithea Springs, ces fantastiques bains thermaux Art Déco datant de la période de l’occupation italienne avec sa charmante crique bordée de palmiers.
Malgré des prix un peu plus élevés qu’ailleurs, toutes les paillottes et tous les emplacements étaient occupés.
Puis ce fut une brève halte sur plusieurs plages dont l’immense plage de Tsampika toujours aussi bondée, avant d’atteindre Lindos, joli village blanc, ou le stationnement quoique bien organisé demande toujours un peu de temps.
Les ruelles qui montent à l’assaut de la colline, ne sont qu’un petit prélude à la grimpette jusqu’à l’Acropole qui domine le village.
L’Acropole de Lindos est sans conteste le 2ème lieu le plus visité de l’ile après la Vieille Ville de Rhodes. Un lieu à visiter impérativement.
Le temple et les colonnades antiques dominant la mer, comme la vue sur les deux baies tout en bas, valent largement l’effort d’y monter sous le soleil de plomb du mois d’août. Et là aussi les touristes étaient présents en masse.
Jusqu’à Lindos et même quand nous avons décidé de visiter le site des Seven Springs (les 7 sources) dans le centre de l’île au cœur de la forêt, nous n’avons vu aucun signe des incendies, forêts et champs d’oliviers s’étalant à perte de vue.
Par contre nous savions qu’au sud de Lindos, nous entrerions dans la zone touchée par les incendies, avec les stations balnéaires de Gennadi, Kiotari et Lardos.
Passée Lindos, sur les collines auparavant couvertes d’une végétation méditerranéenne se dressaient des arbres sans feuilles aux troncs totalement noirs.
Mais en approchant de Lardos Beach et de Kiotari Beach, on voyait que les flammes avaient atteint le bord de mer tout en évitant les bâtiments. Qu’elles avaient rasé de très près.
Les pompiers aidés par des centaines de volontaires -à Rhodes la solidarité n’est pas un vain mot- ont réussi à contenir le feu souvent à moins de 10 mètres des constructions.
Dans ces stations balnéaires, hôtels, restaurants en front de mer, activités touristiques, tout fonctionne comme à l’ordinaire, et tous font le plein. Les plagistes et les loueurs de pédalos et autres matériels nautiques sont tous là et les touristes avec.
Dans ces stations balnéaires il est assez impressionnant de voir certains hôtels comme des petits ilots de verdure cernée sur quatre côtés par une terre totalement noircie peuplée d’arbres aux silhouettes fantomatiques.
Cependant nous avons eu la surprise de voir qu’au bas d’un petit nombre de ces troncs, des jeunes pousses repartaient, mais hélas pas sur tous.
Par contre le long de la route des centaines de jeunes arbres ont déjà été replantés avec un système d’arrosage goutte-à-goutte.
Ici pas question de se lamenter, ni d’attendre pour se retrousser les manches. Dans cette petite partie de l’île vilainement touchée par les incendies, tout fonctionne comme d’habitude, les touristes sont là et la saison n’est pas finie.
En bref, il n’y a aucune raison de ne pas profiter de cette île magnifique avec une très belle gamme hôtelière, des sites antiques et médiévaux exceptionnels, et des plages aussi nombreuses que variées, une mer aux eaux chaudes et un climat sans nuages, une gastronomie authentique et une population particulièrement accueillante.
Texte et photos ©Frederic de Poligny
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