Quand l’avant du voyage prépare les souvenirs d’après


Le voyage est un plaisir concret de l’instant et c’est tant mieux. Si elles ne sont pas obligées, les questions « au fait c’était comment avant ma venue ? » ou « d’où vient ce que je vois ou ressens aujourd’hui » peuvent apporter un plaisir supplémentaire. Le roman, l’histoire ou l’architecture sont alors des clés sur de multiples destinations.

Trois exemples particulièrement séduisants nous emmènent vers Madagascar, ile rebelle, Vienne, ville re-belle, et Marseille, cité re-inventée. Ainsi Anne Guillou a choisi le roman pour faire raconter à Antara, jeune malgache de 15 ans, le passé colonial de son ile. On vit à ses côtés les tragédies du code de l’indigénat qui réduisit les Malgaches au rang d’esclaves corvéables à merci et volés au profit d’administrateurs et riches propriétaires français sans vergogne comme il était de mise dans la plupart des colonies au début du XXème siècle.

Made in Mada

Une thèse professorale de quelqu’un au fait de Madagascar aurait sûrement été riche de la part d’Anne Guillou, enseignante en sociologie à Tananarive de 1970 à 1976 et auteure de nombreuses recherches, mais en choisissant le roman, elle nous embarque dans le concret à travers les yeux d’une gamine en plein quotidien.

Jusqu’à l’explosion de 1947 où, las de souffrances, des Malgaches vont massacrer avec une violence inouïe des « occupants blancs » et recevoir en retour une répression tout aussi sordide de l’armée française.
Au final, Madagascar arrachera bien son indépendance mais le chemin pour y parvenir éclaire ce que l’on peut ressentir aujourd’hui lors d’un séjour dans la grande ile, équivalente en taille, faut-il le rappeler, de la France et la Belgique réunie.

« L’île rebelle » de Anne Guillou,
éditions Skol Vreizh, 188 pages, 15€.


Que ton royaume Vienne

Pascal Morand nous ramène lui-aussi aux débuts du XXème siècle pour une toute autre histoire dans une toute forme de récit.

Président exécutif de la Fédération de la Haute Couture et de la Mode, entre autres, il nous plonge dans une parenthèse de 1897 à 1905 appelée la Sécession viennoise qui vit l’Autriche influencer la modernité européenne jusqu’à la fin des années 30 et nous offrir les visions actuelles de Vienne.

Pascal Morand part à la rencontre de six figures emblématiques de ce mouvement, Otto Wagner, Joseph Hoffmann, Adolf Loos, Emilie Flöge et les plus célèbres Arnold Shönberg et Gustav Klimt. Pour chacun, un récit de leur vie, puis une analyse de leur influence hier et aujourd’hui.

C’est l’empereur François-Joseph (le mari de Sissi) qui enflammera les imaginations des artistes après avoir décidé de la destruction des remparts de sa capitale pour faire place à un boulevard circulaire, le Ring, au long duquel tout était à imaginer et construire.

L’architecture sera ainsi le pivot de l’ensemble des arts enfin libérés de carcans de la tradition. Tous les six y ont apporté leur pierre pour faire avancer la société vers le développement durable (déjà), l’innovation, la création, la mode, la diversité et le féminisme… dans une fluidité des trois temps glissés des valses de Strauss, si Viennoises encore en ce XXIème siècle.

« Le Moment viennois » de Pascal Morand,
éditions Eyrolles, 216 pages, 19€90.

 

 

Marseille trop puissant

C’est sur Marseille que se sont penchés le photographe Jérôme Cabanel et l’historienne Judith Aziza pour parler aussi d’architecture. La plus vieille ville de France aura connu heures de gloire et temps sombres en plus de deux millénaires qui ont façonné ce qu’elle est aujourd’hui.

De la Joliette à Arenc, ses quartiers emblématiques, les auteurs montrent et démontrent un cœur de ville qui se monte, se démonte et se remonte toujours différent.

Photos d’avant, clichés de chantiers du haut de la cabine de grutier, performances finales d’artistes de la construction, le voyage vers la Marseille actuelle et de demain se fait rue à rue, quai à quai, dans les pas de deux véritables guides, visiblement amoureux de leur sujet que, du coup, on ne regardera plus avec les mêmes yeux.

« Marseille réinventée » de Jérôme Cabanel et Judith Aziza,
éditions Images Plurielles, 144 pages, 29€.

Yves Pouchard





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