La Chronique de JLB : Easyjet ou Vueling : quel est le meilleur modèle ?


Evidemment les deux compagnies ne sont pas comparables en taille. La compagnie catalane ne représente pour le moment qu’un tiers du volume d’EasyJet.
Elle est de plus partiellement dans les mains d’Iberia, même si cette dernière n’intervient pratiquement pas dans sa gestion, alors que le transporteur britannique est totalement indépendant dans ses décisions. Mais les deux transporteurs opèrent sous le modèle « low cost », avec des appareils identiques sur des distances parfaitement comparables en ouvrant l’une et l’autre des bases en Europe à partir desquelles elles se développent.

Il est d’ailleurs intéressant de noter que l’une et l’autre ont choisi Paris. C’est dire combien les décideurs français au premier rang desquels la DGAC, n’ont pas appliqué la stratégie élémentaire pour faire éclore un transporteur français qui aurait plu occuper une place tant convoitée par les compagnies étrangères.
Mais il ne sert à rien de se lamenter. Le fait est là. La France a perdu la bataille du « low cost » court courrier. Il lui reste à ne pas perdre également le « low cost » long courrier pour lequel elle a tout de même quelques chances avec XL Airways en particulier sans compter Corsair si la compagnie arrive à développer une stratégie indépendante du groupe à laquelle elle appartient.       Or depuis l’origine, les deux transporteurs « low cost » ont appliqué une stratégie différente vis-à-vis de leurs clients et de l’approche du marché.
Celle d’EasyJet a été l’application pure et dure du modèle américain parfaitement illustré par Southwest Airlines. Un seul type d’appareil, une distribution totalement directe, un service totalement dépouillé et une recherche de recettes marginales en proposant des services élémentaires, comme, par exemple, un embarquement avant les autres passagers. J’ajoute que pendant des années, EasyJet a appliqué ses procédures de manière abrupte, pour ne pas dire brutale, n’hésitant pas à disons le mot, maltraiter ses passagers en particulièrement à l’embarquement. Cette stratégie a été, il faut le dire, payante tout au moins jusqu’à maintenant, et EasyJet est devenu le premier transporteur « domestique » européen, car le modèle de Ryanair n’est pas comparable pour de multiples raisons, en particulier le choix des plateformes aéroportuaires.

Le choix de Vueling a été beaucoup plus complexe. La compagnie a d’emblée choisi un mode de distribution hybride en combinant les accès Internet, mais également la présence dans les GDS et dans les BSPs, dans les pays où elle opère. Elle a de plus, dès le départ positionné son produit un cran au-dessus d’EasyJet en proposant par exemple l’attribution des sièges à l’embarquement et même à la réservation, ce qui simplifie considérablement les procédures dans les aéroports. Enfin elle a fait le choix de sièges de grande qualité, même si l’espacement entre les rangées arrière reste tout de même  très serré. Bref on a l’impression que le modèle de Vueling est celui de « Low Cost Plus ».

Or voilà maintenant qu’EasyJet est en train d’imiter son homologue espagnol. Tout d’abord la compagnie britannique introduit l’attribution des sièges.
Cela constitue une vraie révolution et nul doute que ce progrès sera très apprécié par ses clients. Elle entre de plus dans les GDS autrement dit, elle est en train d’adopter le système de transporteur « hybride » qui semble si bien réussir à la compagnie espagnole. Certes on voit une dérive par rapport au modèle américain, mais outre que même Southwest Airlines lorgne fortement vers cette nouvelle stratégie, il faut reconnaître que le marché européen atomisé entre de très nombreux pays qui ont chacun une culture différente est tout de même infiniment plus difficile à approcher et à contrôler.
Ainsi on voir émerger le transporteur court-moyen-courrier futur. Il opèrera avec des appareils homogènes à partir de bases situées dans les  grands aéroports.
Il sera accessible à tous les modes de distribution et il privilégiera la vente directe sur ses marchés principaux et le canal des agents de voyages sur les autres.

Il ne faut pas être grand devin pour pronostiquer que même les compagnies traditionnelles vont, elles aussi utiliser ce modèle. Que ce soit Iberia, Lufthansa, Air France ou même British Airways, toutes tentent de se sortir du « corner » dans lequel les nouveaux transporteurs les ont mis en créant leur filiale « low cost », laquelle opèrera certainement sous le modèle « hybride ». Finalement c’est le modèle de Vueling qui est en train de s’imposer. Et ça n’est que justice car c’est celui qui est encore le plus respectueux de ses clients.

Jean-Louis BAROUX





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