Crise Covid-19 : Quand le secteur du Tourisme va t-il bien pouvoir repartir ?


Même si le secteur du voyage et du tourisme semble peu visible par rapport à d’autres, il est lui aussi très sinistré par la crise sanitaire et économique.

« Nous représentons 3 500 entreprises qui emploient 35 000 salariés« , expliquent de concert les présidents des Entreprises du voyage (Jean-Pierre Mas) et du Syndicat des tour opérateurs (René-Marc Chikli).

« Nous émettons tous les ans, en France, plus de 30 millions de billets d’avion. Nous faisons voyager nos compatriotes en France métropolitaine, dans les DOM et à l’étranger pour des motifs de loisirs, professionnels et affinitaires.
Nous accueillons France des millions de visiteurs étrangers.

Notre activité s’est progressivement étiolée au cours du premier trimestre. Elle est totalement arrêtée depuis mi-mars. Elle ne repartira pas au second trimestre et restera très limitée durant l’été.
Nous n’anticipons pas de reprise d’activité concrète aux vues de l’état actuel de fermeture des frontières avant 2021.
Sans la moindre recette, nos entreprises continuent à assister leurs clients, s’occuper de leurs rapatriements, émettre des « avoirs », gérer les relations particulièrement complexes avec les compagnies aériennes qui se sont affranchies de l’application du règlement européen 261/2004.
Contrairement au souhait du Président Macron « pas de recettes, pas de charges », nous continuons à supporter, en moyenne, 40 % de la masse salariale, effectivement occupée à des opérations non productives, sans la moindre recette en contrepartie« .

Les prévisions d’activité du secteur du voyage sont sombres. Elles dépendent, entre autres éléments :
– De la durée du confinement et des modalités de sa levée,
– De la liberté de se déplacer : frontières, espace Schengen, Europe et reste du Monde,
– De la mise en place de tests de dépistage massifs,
– Des contrôles sanitaires dans les gares et les aéroports,
– Du confinement dans les moyens de transport (1)
– De la sécurité sanitaire réelle dans les destinations touristiques et de sa perception par les voyageurs potentiels,
– Du pouvoir d’achat (à priori maintenu pour les salariés mais fortement dégradé pour les
travailleurs indépendants, les auto-entrepreneurs, les professions libérales et pour les habitants européens au sens large),
– De la capacité des entreprises et des salariés à dégager du temps pour les vacances dans une perspective de relance de l’économie,
– Du manque de disponibilité effective ou psychologique des chefs d’entreprises qui se consacreront pleinement à la survie ou au redémarrage de leurs entreprises,
– Des dates de report des examens, de la reprise des cours et de la rentrée scolaire,
– Du « moral des ménage et de leur niveau de confiance pour consommer.
et, à plus long terme des changements de fond dans l’approche du voyage générés ou accélérés par la crise sanitaire.

« En écho aux déclarations du Président de la République qui a fait référence au secteur du tourisme, nos entreprises sont dans l’incapacité d’avoir une activité qui génère des recettes dans l’immédiat« .

Le modèle est basé sur des marges faible, et une trésorerie limitée en raison de l’obligation de payer par avance les compagnies aériennes ainsi que les fournisseurs touristiques.
Notre risque est accentué par la probabilité de défaillance des compagnies aériennes qui s’affranchissent du règlement européen 261 2004 en ne remboursant pas les passagers et les opérateurs du voyages et mettent ainsi les opérateurs dans l’obligation de supporter les conséquences
de ces défaillances lorsque le titre de transport est inclus dans un forfait.

La défaillance des entreprises du secteur entrainerait celle de nos garants financiers (APST) et, par conséquent, l’intervention directe de l’Etat pour garantir aux clients les prestations réservées.
La situation est très critique. Seules des mesures d’urgence éviteront des faillites.
Nous nous situons bien dans le cadre de l’annonce du Président de la République de mesures sectorielles pour des entreprises en risque vital.

Nos cinq propositions pour soutenir le secteur du tourisme et du voyage :
– L’identification en tant que secteur prioritaire et légitime, sans tergiversation et sans complexité, avec un accès renforcé au PGE et à l’activité partielle ;
– La mise en place d’un fonds affecté au paiement des loyers des bailleurs privés, lorsque c’est nécessaire et des salaires des collaborateurs effectivement au travail jusqu’à la reprise d’activité. Ces salariés en poste aujourd’hui ont également un rôle social et de maintien du lien
avec les clients qui ne peuvent rester sans interlocuteur dans les procédures d’annulation et de report ;
– L’annulation ou exonération des charges sociales et fiscales, rétroactivement depuis mars et des contributions foncières des entreprises. L’annulation des charges sociales sera déterminante pour faciliter la reprise d’activité ;
– Le remboursement anticipé du CICE concernant les années 2017 et 2018 ;
– La fusion des années 2019 et 2020 en matière de calcul de l’I.S. afin d’alléger la trésorerie des entreprises soumises à l’I.S. sans dégrader la recette des finances publiques : report du solde I.S. 2019 (payable au 20 mai 2020) et annulation des acomptes I.S. 2020 en conséquence de la
perte d’activité sur l’année 2020.
Le temps venu, ces propositions devront être accompagnées de dispositions destinées à soutenir la relance.





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