Connaissez-vous la Laponie espagnole ? Du vrai tourisme par l’autre bout de la lorgnette


Plus que jamais, il y aura mille et une façons de voyager cette année. Parmi celles-ci, un bon véhicule pour aller au devant de territoires isolés, un autre modeste pour s’intégrer dans le trafic, ou attendre chez soi l’au delà des frontières. Trois livres, bonheurs de lecture, en font le tour.

Direction d’abord l’Espagne pour une épopée inédite dans la « Laponie espagnole ». Aussi baptisée Serrania Celtibérica, ce territoire sans accès à la mer s’étend sur dix provinces et cinq communautés autonomes, parfois à 20 ou 50 kms seulement de sites prestigieux, économiquement ou touristiquement, n’a ni identité ni délimitation précise, juste un présent d’abandon.

Paco Cerdà, journaliste, a pris une bonne voiture pour emprunter des routes défoncées, parfois juste chemins, afin de tenter de rencontrer les derniers habitants de villages oubliés des pouvoirs publics et de leurs voisins.

Le surnom de Laponie espagnole vient du fait qu’on y rencontre moins d’habitants au km2 qu’en Laponie où les résidents ont choisi leur sort alors qu’en Espagne, il leur a été imposé par l’émigration vers les grandes exploitations agricoles, les usines ou le tourisme.

Fin observateur et analyste, l’auteur plonge le lecteur dans une ambiance de Don Quichotte hors d’âge d’où le nom du livre, que « L’étranger » d’Albert Camus n’aurait pas dénié. Un grand moment d’introspection, d’enquête froide et sublimée qui doit assurément beaucoup à la belle traduction de Marielle Leroy.
« Les Quichottes » de Paco Cerdà, Editions La Contre Allée, 265 pages, 20€.

C’est l’inverse ou presque qu’a choisi Yvon Le Men pour emmener le lecteur dans une Bretagne personnelle. Poète reconnu (Prix Goncourt de
la poésie 2019, entre autres), Yvon Le Men ne néglige pas le récit.

Et cette fois, avec pour compagnon son ami Alexis Gloaguen, il propose une traversée de sa région au volant d’une voiture sans permis dans des lieux bien habités.

Teuf, teuf, est le titre récurrent de plusieurs chapitres pour narrer avec un bel humour le combat sur les routes fréquentées, ou moins, de Bretagne, d’un engin bloqué en vitesse et confort contre grosses cylindrées, vélos ou piétons, presque plus rapides, pour aller à la rencontre d’amis disparus, tels Michel Le Bris, Xavier Grall ou Yann-Fanch Kemener.

On sourit beaucoup, que le texte soit linéaire ou en forme de haikus, avec un summum lors d’un duel pour tenter de doubler un tracteur et sa remorque. Jubilatoire et nécessaire.

« La Bretagne sans permis » d’Yvon Le Men, Editions Ouest-France, 220 pages, 15€.

Après avoir bourlingué à travers la planète pour des missions humanitaires, Nafissa Tiago a, elle, choisi de s’installer à demeure à Paris pour ne plus bouger. Scénariste pour la télé, elle a du mal à boucler ses fins de mois et sautera sur une proposition nouvelle venue d’Amérique, Airbnb.

Parmi les premières dans la capitale à proposer une chambre, la sienne pendant qu’elle dort dans le clic-clac du salon, elle ira de désillusions en désillusions face aux clients que lui envoie la plateforme.

Véritable témoignage de l’intérieur des promesses non tenues, Nafissa Tiago va au delà de l’accumulation d’anecdotes…jusqu’au sordide.

Un regard féroce et drôle à la fois sur ses invités et le fonctionnement d’Airbnb, exploitant au maximum ceux qui reçoivent et ceux qui sont reçus.

« Faites comme chez vous-chroniques Airbnb » de Nafissa Tiago, Editions Le Nouvel Attila, 320 pages, 19€.

Yves Pouchard





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