La route du vin met le Cap sur l’ Afrique du Sud


Les belles raisons de se rendre en Afrique du Sud me manquent pas. Mais il y en a une en pleine explosion qui apporte de nouveaux plaisirs après les incontournables safaris : l’œnotourisme. En ce mois de mars, hémisphère sud oblige, les vendanges battent leur plein au pays de Mandela.

Septième producteur mondial de vin, l’Afrique du Sud n’arrête pas de grignoter des parts de marché sur toute la planète. Et en premier lieu chez les nations peu ou pas productrices comme Le Royaume-Uni, les pays scandinaves, la Hollande, la Belgique, le Canada et les Etats-Unis. Modeste encore en France, l’importation devrait connaître aussi une progression rapide pour bientôt. Le moment donc d’aller voir comment cela se passe sur place… grâce aux Français depuis le XVIIème siècle.

Le « Buvez, ceci est mon sang » du Christ levant une coupe de vin lors de la Scène trouve toute sa signification en Afrique du Sud. C’est en effet la révocation par Louis XIV de l’Edit de Nantes (qui donnait égalité entre catholiques et protestants) qui poussera à l’exil forcé les Huguenots français vers, entre autres, la Hollande. Beaucoup sont originaires des régions viticoles de l’Hexagone.

Les Hollandais leur proposent alors un défi : contre un pécule et des hectares de terre offerts, aller lancer la viticulture dans la colonie installée par la Compagnie Hollandaise des Indes à la pointe de l’Afrique, près du cap de Bonne Espérance.

A partir de 1688, quelques 400 familles françaises embarqueront et gagneront le pari. Auprès de Stellenbosch, à 50 km du Cap, une vallée prend alors le nom de Franschoek, le coin des Français en néerlandais.

Aujourd’hui, 99 % des 10 millions d’hectolitres de vin sud-africain sont élevés ici, les cépages et les noms de lieux ont gardé leurs sonorités de la langue de Molière.

Découverte et convivialité

Au fil des siècles, plus aucun descendant des Huguenots n’est à la tête d’une des 600 caves privées et 60 coopératives. Mais c’est un Français qui a monté l’une des plus réputées entreprises d’œnotourisme.

Pour des visites, dégustations, commentaires historiques sur le vin et le pays, Mathieu Labaki avait bien toutes les qualifications requises.

Lorrain d’origine, il a suivi une formation d’œnologue et travaillé en Champagne, Alsace et dans le Bordelais. Des compétences qui l’amèneront à des missions en Afrique du Sud de 2004 à 2010. Il s’y installe définitivement en 2012. Et 2 ans plus tard, il créé Cape Terroir, son concept de tourisme autour du vin d’Afrique du Sud.

« J’ai rencontré ici de vrais amoureux et professionnels du vin et ce sont ces rencontres que je fais partager maintenant, explique Mathieu. Les vins sont de qualité mais la démarche est différente qu’en France. »

Les locaux ont inventé un cépage croisé du pinot et de l’hermitage, baptisé du coup « pinotage ». Grâce à l’influence de l’Océan Atlantique, d’un climat sec et chaud avec peu de pluie et d’humidité, les 103000 hectares produisent 60% de blanc (Chenin blanc, sauvignon blanc, chardonnay et viognier) et 40 % de rouge (Cabernet sauvignon, merlot, syrah, pinotage). « La notion de terroirs n’existe pas ici et le style de chaque vin est déterminé par le ou les cépages mis en œuvre. Et les vignobles sont irrigués au goutte-à-goutte, pratique interdite en France. »

Dans sa ferme vinivole Muratie, Rijk Melck, propriétaire d’une quarantaine d’hectares, aime à recevoir les visiteurs du monde entier.

Ses vins, assemblés par ses soins depuis des raisins cueillis à la main, portent les noms de membres de sa famille, de Johanna pour un pinot noir rosé au Martin Melck, son père, pour un cabernet sauvignon. Le tout vieilli dans des tonneaux made in France.

A l’appellation Champagne exclusivement réservée aux crus issus de cette région hexagonale, les Sud-Africains ont substitué le MCC, Method Cap Classic… qui donne un résultat à faire pâlir nombre de viticulteurs champenois !

Les Sud-Africains ont aussi une autre vision de leur domaine viticole. Les belles maisons entourées d’immenses espaces fleuris et en herbe sont toutes ouvertes à la visite.

Et le week-end, les familles y viennent librement pique-niquer à l’ombre des chênes en apportant leur manger ou en dégustant de délicieux plats préparés par de bons chefs pour marier aux goûts des vins.

Une convivialité qui aujourd’hui figure aux différents programmes de découvertes et dégustations, d’une journée à 2 heures, que proposent Mathieu Labaki et son équipe de Cape Terroir sur la route du vin d’Afrique du Sud. Tandis qu’à quelques dizaines de kilomètres des vignes, passent tranquillement autruches, zèbres, babouins ou manchots.

Yves Pouchard





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