French Blue ne cache plus ses ambitions


À priori il faudra attendre jusqu’au 7 juin prochain pour découvrir précisément les tarifs pratiqués par Frenchblue, la nouvelle compagnie aérienne du Groupe Dubreuil.

Le site www.frenchblue.com où se feront les réservations, qui a ouvert le 17 mars dernier, ne propose en effet que l’intitulé des trois prix qui vont composer la grille tarifaire : Basic, un prix promis au plus bas, avec un bagage à main ; Smart avec 2 bagages, l’un en cabine et l’autre en soute, un repas, du snack, l’apéritif et les boissons plus le choix du siège ; et enfin, Premium, le produit smart avec un meilleur siège, du champagne, du vin et « de nombreux privilèges ».

Pour le reste on sait l’essentiel. La compagnie sera surtout vendue en ligne, elle va opérer au départ d’Orly-Sud, d’abord vers Punta Cana à partir du 15 septembre 2016, puis vers Maurice et La Réunion dès le mois de juin 2017.

French Blue ambitions-3Pour les vols de 9h, comme la République Dominicaine, elle a choisi le A330-300, et au-delà des 9 heures, sur La Réunion par exemple, elle a préféré l’A350-900.

On sait aussi que French blue table sur 4 avions en 2018, deux A333 et 2 A350 et qu’ils seront bi-classes, 350 sièges éco et 28 premium pour les A 330-300, légèrement plus nombreux dans les 2 classes sur les A350-900.

On connaît enfin son positionnement marketing : « Low Cost Long Courrier », LC2 en quelque sorte, un défi que le transport aérien commence à relever pour de bon si l’on en croit la détermination affichée par certaines compagnies européennes, comme Norwegian Airlines par exemple.

Cela dit, pour un agent de voyage, mais pour le client aussi, ce n’est pas ça le plus intéressant. Une nouvelle offre, bien sûr, c’est toujours bien ; ça entretient aussi la concurrence, même si au passage, ça fragilise un peu les opérateurs ; on ne peut avoir le beurre et l’argent du beurre.

Pourtant, depuis quelques années, chat échaudé a pris l’habitude de craindre l’eau tiède et les distributeurs comme les clients savent désormais très bien ce que peut leur coûter la défaillance d’un transporteur aérien.

D’autant plus qu’il n’existe toujours pas de caisse de garantie chez les compagnies aériennes.

En revanche, et surtout pour les revendeurs, en ligne ou pas, comprendre le modèle économique qui soutient l’offre, c’est déjà disposer d’éléments plus solides pour s’engager éventuellement.

De ce point de vue, il faut le dire, Marc Rochet est fort, très fort…

French Blue ambitionsEn substance, que dit-il ? Que le prix n’est rien, qu’il vient en dernier, et que ce qui compte, c’est à la fois le produit et la garantie que ce produit sera durablement viable.

Donc pas de prix dans un premier temps, mais des détails sur le processus de production et sur l’assise financière du producteur.

Dans ce registre pas d’avarice, pas de suspense, que des informations qui rassurent le distributeurs et le client.

D’abord, il insiste sur la qualité, le pitch entre les sièges (81 cm en éco, 91 en premium), supérieur à ceux des Low Cost traditionnelle, ou les écrans, plus larges et plus performants également, et le Wifi à bord, en options…

Bref, il rappelle à qui veut enfin l’entendre que low cost n’est pas forcément low fare et qu’a tout prendre, il croit que le Low Fare a plus d’avenir qu’un Low Cost qui ne dit rien sur la qualité de son produit final : comme disait ma Sainte Mère : « il n’y a que la « m… » qui coûte réellement cher.

Et pour en convaincre les gens, le Pdt de Frenchblue joue la transparence. À ces yeux, ce n’est pas le prix de vente qui fait la low cost, c’est la structure du prix de revient.

Pour qu’on le croie réellement, il donne donc les détails de sa politique de production : plus d’heures de vols par PNC/PNT, tout en restant raisonnable pour des questions de sécurité ; une maintenance et des qualifications professionnelles concentrées sur un nombre réduit d’appareils ; une structure de gestion administrative réduite à l’essentiel ; « l’intendance doit suivre », dans le genre Bonaparte ; un plan de vols sur des destinations hyper fréquentées, là où la guerre des prix retirent toute marge de manœuvre aux acteurs présents, et des appareils neufs, loués à la maison mère, le Groupe Dubreuil.

Mais ce n’est pas tout justement, en parlant de la Maison mère, car celle-ci apporte non seulement une assise financière, non seulement un développement régulier du chiffre d’affaires global et des capitaux propres, non seulement encore des conditions d’achats susceptibles d’obtenir des prix, avion et carburant notamment, tout à fait compétitifs, mais en plus elle pratique une gestion du risque largement équilibrée.

Frenchblue va profiter de la confiance fournisseurs obtenue par Air Caraîbes, sa grande sœur avec qui elle doit partager les coûts commerciaux hors digital, comme les agences par exemple, elle va aussi permettre au Groupe Dubreuil de diversifier ses risques, de les répartir ; ce que les gens de Corsair n’ont jamais vraiment compris.

Dans une entreprise qui veut durer, c’est l’essentiel. Et ça, dans le Groupe Dubreuil, c’est une marque de fabrique. Chez lui, l’aérien ne représente que 35 % du chiffre d’affaires, soit un tiers des 1,6 Md € que le groupe a publié pour 2015.

En adjoignant French blue aux activités de son pôle aérien, le groupe diminue de 30, 40, 50 %… le risque sur chacune de ses entités…

Sans être un pro de l’aéronautique, ni un spécialiste du transport aérien, n’importe qui de bon sens trouvera la méthode prudente, et rassurante à fortiori.

Alors oui, Marc Rocher est très fort, et son Président aussi, qui lui fait confiance. Avec ces informations de « coulisses », il rassure les agents de voyages qui voudront distribuer Frenchblue via l’accord de code-share déjà noué entre la compagnie naissante et Air Caraïbes.

Pour les agences également, Marc Rochet a même prévu un forfait « Smart + », plus adapté à leur clientèle et donc plus facile à vendre.

De plus, en étant transparent sur son Low Cost », il accrédite par avance la valeur de son « Low fare ».

Quels que soient les tarifs qui seront annoncés le 7 juin prochain, il bénéficiera d’une seconde volée d’articles… de la communication gratuite en perspective.

Ce ne sera peut-être que 5 % moins cher que tous les autres… qu’importe, le suspens aura fonctionné et même ceux qui raillerons les prix ou la manière seront obligés de les relayer pour cracher leur venin.

Cela sera d’ailleurs peut-être un peu plus, genre 8, 9 ou 10 %… qui sait ? Car peu de pro du transport aérien mesurent exactement ce qu’une autre philosophie de production peut réellement engendrer comme réductions de coûts ou comme liberté tarifaire.

En ce cas, ça fera un sacré tabac, tout aussi gratis pro Déo…

Bien vu non ?

Plus que quelques semaines pour faire le bon pari…

Bertrand Figuier





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