Ecoles, masques, tourisme en France : Et nos agences … dans tout çà ! par JL Dufrenne


En tant que professionnel du tourisme et citoyen, je suis probablement comme des milliers d’entre vous : je lis et j’écoute , avec désormais une certaine lassitude, tout ce qui à trait au Covid-19. Depuis ces derniers jours, la quasi-totalité des médias grand public se sont focalisés sur deux actions majeures : repeindre la carte de France à leur manière, des zones plus ou moins touchées par le virus et comptabiliser le nombre de masques !

Sauf que depuis dix jours, je suis rentré dans un processus de « non-info covid addict ». J’ai débranché le cordon quand j’ai constaté qu’un plateau télévisé composé de 4 grands experts « en expertise » pouvait durer plus d’une heure sur un sujet unique du type « est-ce que le télétravail nuit au travail ? » Au secours !

Un autre constat, plus alarmant, me pose question : Je pense que toutes les corporations ont eu leur petite minute de gloire télévisuelle.

Je ne fais pas référence aux métiers dits indispensables comme le personnel médical, les caissières, les éboueurs, les chauffeurs routiers.

Non, non, je fais allusion aux fleuristes, horticulteurs, magasins de bricolage, boulangers, coiffeurs, hôteliers et autres gérants de campings.

Mais à aucun moment, et je serai ravi que l’on me contredise, je n’ai vu un seul reportage, même de quelques poussières de secondes, sur les agences de voyages.

Mieux, cent dix députés de la majorité présidentielle ont publié le 24 avril dernier un « manifeste » détaillant au travers de 150 propositions (www.laquotidienne.fr/les-150-propositions-pour-repartir/) tout ce qu’il conviendrait de mettre en place pour soutenir la « filière tourisme » dans son ensemble.

On y détaille donc les mesures à prendre, métier par métier et on y cite  : les hébergeurs, les cafés hôtels restaurants, les casinos, le thermalisme, les zoos, les musées, l’oenotourisme, les guides conférenciers, la pêche, les discothèques, les bars, les activités de montagne, de golf, l’oenotourisme …ouf ! mais à aucun moment n’est cité le mot que naturellement je souhaitais voir apparaître : « AGENCES de VOYAGES ».

Pour être précis, on cite toutefois : le transport de voyageurs , les croisières et les associations de tourisme, ce qui nous rapproche quelque peu de notre environnement mais jamais, je dis bien jamais, on n’y cite les agences de voyages.

Par contre, n’ont pas été oubliées les « courses landaises » qui, vous l’avouerez, revêtent un caractère nettement plus prioritaire que nos quelques 5400 agences de voyages françaises !

Fort heureusement, nous avons la confirmation que les « agences de voyages » dans leur ensemble sont totalement intégrées, dans le cadre du comité de filière tourisme, à toutes les réflexions et mesures qui sont ou seront mises en place par le gouvernement.

Nos représentants des Entreprises du Voyage et du SETO qui y siègent savent nous représenter et défendre nos intérêts avec ténacité !

Il n’en demeure pas moins que cet « oubli » est symptomatique de notre profession. Que nous soyons producteurs ou distributeurs, notre activité est peu connue du plus grand nombre. On va, bien entendu, évoquer les compagnies aériennes, les hôtels, les croisièristes à la rigueur mais notre métier d’assembleur et d’intermédiaire ne fait guère « recette médiatique ».

Même si nous sommes une grande majorité à en avoir conscience, notre ego en prend toujours un coup. Ce phénomène est encore renforcé par la situation actuelle où la France entière souhaite cet été que nous restions en France et où une infime minorité des consommateurs sait que l’on peut réserver ces dites vacances en France en agence de voyages.

Je ne suis d’ailleurs absolument pas convaincu que nous puissions vendre la France cet été et ce pour deux raisons essentielles : le peu de nécessité d’intermédiation dans des produits de proximité et un énorme problème de stocks qui s’explique par une capacité d’accueil réduite probablement de moitié dans la plupart des structures d’accueil. Ce sont les clients fidèles et identifiés par les hébergeurs qui auront, cet été, la priorité.

En même temps, je réitère cette idée déjà évoquée dans La Quotidienne : notre métier doit vivre sa profonde mutation. Beaucoup de professionnels partagent aujourd’hui cet avis et concentrent essentiellement leur réflexion sur à une mise en avant de voyages « qui ont du sens » ! ils ont raison mais ceci ne sera pas suffisant pour notre chiffre d’affaires.

Nous serons contraints, au moins pendant quelques années encore, de vendre aussi des vacances (peut être aussi revisitées) mais l’offre tant aérienne que terrestre risque aussi de se réduire.

Pour nous réinventer, il me semble nécessaire que nous ouvrions nos boutiques à d’autres activités connexes au voyage et/ou aux services que nous savons tous bien vendre.

Dans cette optique, nous pourrions par exemple passer accord avec de réseaux de distribution d’autres secteurs dont nos implantations peuvent trouver grâce à leurs yeux. Quant aux services, qu’ils soient virtuels ou physiques, tout est à faire.

Pour conclure, deux exemples, dans « l’air du temps » : la conciergerie et/ou les « drive piéton ». L’objectif ici est de ne surtout pas renier notre métier mais en élargir son champ. Nous muterions donc simplement « de l’agence de voyages » à l’ »agence de voyages et de services ».
Chiche !

Jean-Luc Dufrenne





    2 commentaires pour “Ecoles, masques, tourisme en France : Et nos agences … dans tout çà ! par JL Dufrenne

    1. merci Pierre de ce retour et cette contribution.
      je l’ajoute à la liste qui commence à s’étoffer et qui pourra, je l’espère, et avec la contribution du plus grand nombre, ouvrir de nouvelles pistes

      a bientôt, j’espère!

      JL D

    2. Bravo cher Jean-Luc,
      Ce ne sont que de bonnes réflexions et d’excellentes suggestions.
      Sans avoir autant d’ambition que toi, je me suis battu, dans un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître, pour que les agences proposent à leurs clients tout ce qui est connexe des vacances : des crèmes solaires aux maillots de bains, en passant pas la bagagerie, etc..
      Je n’avais pas imaginé que, faute de place, chaque agence dispose d’un stock de chaque produit, mais simplement d’un échantillon représentatif, et qu’un accord soit passé par les réseaux avec un grand de la vente par correspondance qui aurait financé le catalogue des produits proposés en agences, assuré la logistique et rémunéré les agences.
      Ce qui est certain, c’est que nos agences doivent évoluer ‘grave’ !

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