Comment on ne réveille pas un ours qui dort !

21 mai 2014   Julie   Aucun commentaire   La vie de Julie       3363 vues

Il y a des jours où j’ai l’impression de n’avoir que des clients stéréotypés.

Ma béa du jour ? une cliente célibataire, enfin, je devrais dire vieille fille, parce qu’une nana la cinquantaine passé, jamais mariée, sans enfants, c’est comme ça qu’on l’appelle, non ?

Comment je sais tout ça ?

Pas besoin d’un questionnaire illégal, je me suis contentée de l’écouter. Elle m’a dit le reste.

Stéréotype, je vous dit !

Après son curriculum vitae intime, j’ai eu enfin droit à ses déboires touristiques.

L’essentiel m’aurait suffit mais on touchait au sujet qui m’intéresse alors j’ai… écouté !

Et appris que la demoiselle était une très très grande stressée en avion.

Aie, notre dossier porte sur un combiné Sri Lanka – Maldives avec deux îles sur l’archipel, reliées… en hydravion !

Maso la Julie vous pensez ? Non !

On en a longuement discuté et c’est CE combiné qu’elle veut faire et Ces deux îles (enfin, hôtels) qu’elle veut arpenter.

Julie informe, Julie propose… le client dispose !

Je vais pas les frapper non plus parce que leurs choix ne seraient pas les miens…

Et quand je vous dis qu’on en a longuement parlé, c’est vraiment longuement.

J’aurai pu croire à un sketch spécial « phobies ». Et de parler du stage de notre compagnie nationale par-là. Et de parler du (des) rendez-vous chez le médecin pour trouver des comprimés adéquats par-ci.

Toute la panoplie de l’angoissée de l’avion qui ne veut pas revenir sur sa décision.

Alors elle a signé. Elle est partie… puis elle est revenue.

Oui elle est revenue, il y a environ une semaine, pour me débriefer. ( Et ouais, ouais, y’a des clients comme ça qui donnent des nouvelles une fois rentrés. En général, c’est sous forme de SAV ou juste pour se plaindre au cas où pour vous rattraper vous auriez l’idée de faire un geste commercial sur le prochain dossier. En tout cas, c’est rarement pour des compliments, non ?! )

Et bien, une fois de plus, pas manqué ! On était dans la catégorie des plaintes.

« Le combiné s’est merveilleusement bien passé, (j’en suis ravie alors on va s’arrêter là) sauf l’avion« .
(Tiens, je m’en serai doutée !)

Et pourquoi donc, chère madame ? Les turbulences ? L’inefficacité des médicaments ?

Pas du tout, au contraire !

Madame avait chargé les cachets avec une bonne petite rasade de vin et a pioncé tout le vol.

Et ce, même au moment de l’atterrissage.

Résultat : elle dormait encore quand il a fallu descendre de l’appareil. Pas de conjoint pour la réveiller, c’est donc l’hôtesse qui s’en est gentiment chargé.

Après quelques appels en douceur et un ou deux touchers délicats, l’hotesse n’a pas eu finalement d’autre choix que de la secouer un peu plus fort. (J’imagine la tête de l’hôtesse à ce moment-là. Elle a du commencer à monter en panique). Sans résultat.

Quelqu’un qui ne se réveille pas à un atterrissage ni quand on l’appelle ni quand on la touche en douceur…

Et bien non, c’est pas un macchabée, c’est seulement une vieille fille qui a grave la trouille et qui s’est un peu trop gavée de médocs pour dormir.

Elle a fini par se lever la madame et, il faut l’avouer, un peu la tête dans le c…

Et la voilà ce matin en face de moi en train de me raconter tout ça et surtout me dire que du coup, elle n’avait pas du tout aimé qu’on la réveille, pour une fois qu’elle était sereine en avion. Et d’ajouter que la compagnie n’était pas si serviable que je lui avais prédit.

(Euh, elle était sur une des meilleures compagnies asiatiques oscarisée moult fois pour sa qualité de service, je précise !). J’ai souri. Que faire d’autre ?

Allez, j’embrasse toutes les stressés de l’avion… sauf que c’est pas une raison pour vous murger sous influence pharmaceutique !

J’embrasse aussi toutes les hôtesses qui doivent en voir au moins autant que nous tout là-haut dans le ciel !

Julie Labrune. 28 ans
Conseiller en voyages