L’avenir de l’autocar de l’avenir


Photo JP 2C’est au bal des « Autocarchitectures » que l’on assiste au BusWorld de à Kortrijk en Flandres … Mais empressons-nous d’en parler avant que la soupe ne refroidisse, car cette occasion ne se présente qu’une fois tous les deux ans, une fois !

Mille neu’ cent nonante neuf marque la parution de « l’avenir de l’autocar de l’avenir », exceptionnel ouvrage traitant du vaste sujet du tourisme collectif.

Luc Glorieux, son auteur et également fondateur de BusWorld, le présenta cette année-là à l’occasion de ce salon européen de l’autobus et de l’autocar de Courtrai, à quelques tours de roues de Lille.

La 22ème édition organisée en Belgique vient de renouer avec son traditionnel succès en attirant une foule de professionnels venus de toute l’Europe… pendant qu’un vent de renouveau souffle sur ce rendez-vous international dont le concept se reproduit désormais à la même cadence en Inde, en Russie et en Amérique du sud.

Comme nous l’évoquions la semaine dernière, bus et autocar sont déclinés indistinctement en Flandres, sans nuance de langage. C’est ainsi que les présidents de l’IRU et de BusWorld ont choisi cette manifestation pour co-signer un « Memory of Understanding », sans d’avantage de nuance, dans lequel tous les acteurs s’engagent à faire face à une multiplication par deux du nombre de passagers en bus et en cars en Europe d’ici à 2025.

Ce défit est vital, sachant que toute l’Europe est confrontée à un l’insoluble problème d’une mobilité qui augmente globalement de 1% chaque année… avec son lot de difficultés, d’embouteillages et de congestion des trafics routiers.

Le vice-premier-ministre Van de Lanotte a ouvert le bal en rendant au bus ses lettres de noblesse, affirmant haut et fort qu’il s’agissait là « d’un trésor caché »… Il a aussi choisi cet instant solennel pour interpeler les politiciens qui brident le bon fonctionnement du tourisme en autocar, via la mise en place de règles sociales trop strictes et inégales entre les différents secteurs de transports.

En vérité, je vous le dis… BusWorld reste incontestablement l’événement sacré à ne pas rater pour la profession, l’endroit où l’on vient se recueillir et découvrir les toutes dernières créations issues du monde entier en matière de véhicules et d’accessoires. Le voile se lève sur les nouveaux modèles d’autocars, les dernières évolutions, les technologies les plus récentes, et plus généralement sur tout l’environnement de ce concept de mobilité et de déplacement collectif, voué semble-t-il à un avenir ultra prometteur.

Il serait complexe de réduire en quelques lignes une superficie aussi vaste, mais il est irrésistible de tenter de décrire aussi authentiquement que possible l’ambiance qui règne dans cet immense espace de vente et de distribution.

Croyez-vous que le visiteur soit en mesure de soupçonner la somme d’efforts mis en œuvre pour parfaire l’organisation du salon… pour que soient respectés les délais, les bons emplacements et l’harmonie visuelle dans l’aménagement des stands, si l’on sait qu’à seulement quelques heures de son ouverture, la panique serait de mise pour un observateur non initié !

A l’heure précise, principe fondamental de l’éducation belge… (laquelle n’hésite même pas à sourire de ses travers) une foule essentiellement masculine, couleur gris-bleu, se presse pour obtenir son badge. Ce précieux sésame, signalétique personnalisée autorisant l’admission si convoitée vers l’inconnu, est agrafé ostensiblement sur le torse gonflé du plus fort, plus discrètement suspendu au cou du plus modeste… Ici, comme ailleurs, l’anonymat est et restera le plus grand des péchés sociaux au pays du commerce et des réseaux d’influences.

À partir de là, c’est le défilé des pensionnaires, tous vêtus de leur uniforme, en dépit de leurs origines diverses…

On assiste à la grande revue du costume gris, de la chaussure noire et de la chemise bleu ciel… Auraient-ils volontairement opté pour la similitude et la monotonie vestimentaires, dans le but de méduser plus facilement leurs interlocuteurs, captivés en contraste par les intentions de bariolages des surfaces de leurs autocars, expression de leurs fantasmes et fantaisies en Technicolor…. Car là, mon pote, côté « taggages», y’a franchement plus de limite…

On n’est plus dans l’original, on vire carrément dans l’impressionnisme déjanté !

A chaque détour du vaste labyrinthe enchevêtré, les marques prestigieuses se succèdent, rivalisant de bon agencement, de belles présentations, de matériels rutilants… Partout, des autocars de tourisme, des bus urbains, des longs, des courts… des doubles en longueur, des doubles en hauteur. Des centaines de véhicules briqués à mort, qui brillent comme des vitraux sous les feux de mille projecteurs.

En dehors des autocars chinois aux secrets soigneusement obturés, toutes les portes sont grandes ouvertes, invitant les badauds à s’extasier sur la forme accueillante ou le dessin équilibré d’un siège, sur le mélange des couleurs harmonisées (parfois) du sol au plafond. Les autocars sont tout capot moteur soulevé, afin de captiver le regard du professionnel-connaisseur-technicien, aussi érotisé sous ce couvercle que s’il soulevait la jupe d’une jeune fille…

Comprenons nous bien, c’est pour se livrer à leur sport favori que les transporteurs se déplacent aussi loin de leurs pénates : ils viennent tous ici pour taquiner les vendeurs d’autocars… Homo sapiens polyglottes pas ordinaires.

Ces derniers sont rompus à toutes les règles du jeu de ce métier et ne s’en laissent pas compter. Ils attendent le client d’un pied ferme, bardés d’une sélection d’arguments bien affûtés propres à encenser leur produit tout en foudroyant à coups de skuds bien étudiés, dents blanches éclairées, le matos de leur concurrent-voisin et définitivement ennemi. Lequel prépare en parallèle un discours identique, pour la visite qui suivra dans la foulée… A la guerre, comme à la guerre, mon vieux !

Les achats se comptent ici à coups de centaines de milliers d’euros, sommes manipulées verbalement avec l’aisance exemplaire de ceux qui ne les possèdent pas, acheteurs et vendeurs confondus… Sur chaque stand, on parle de sommes copieuses avec la simplicité que l’on afficherait lors de l’achat d’une boîte de petits pois chez l’épicier de quartier : « Alors, Monsieur Duchemol, on vous en met combien cette année ? Suivez-moi donc dans notre petit espace privé, pour discuter à l’abri des regards indiscrets … le boss va très vite se libérer pour nous rejoindre »…

A l’occasion des journées ouvertes au grand public, un témoin non averti, qui garderait les yeux clos et les oreilles grandes ouvertes, pourrait imaginer assister à d’importantes tractations entre richissimes saoudiens ou émirs rois du pétrole, en entendant virevolter des additions de plusieurs centaines de milliers d’€uros…

Diablement retorse la manœuvre de ces étranges acheteurs, qui se pressent nonchalamment dans les allées, feignant la distraction face au regard gorgé de convoitise du fournisseur habituel, et tout en se sachant (plus ou moins discrètement) surveillés par les vendeurs d’en face, qui par l’odeur alléchés, rêvent d’harponner ce gros poisson à la première occasion.

On découvre ici l’art du bien recevoir : mise en valeur des coupettes et des petits-fours, selon un timing bien précis, claquement d’un bouchon qui saute sans retenue pour attirer le passant à coup sûr… On remarque aussi l’attrait de la courbure d’une hanche, l’apparition du sein à peine dissimulé d’une jeune et jolie hôtesse-interprète-idiote-en plusieurs langues, qui sourit sans relâche au coin du stand, toute disposée à concourir, chastement va sans dire, à quelque belle capture !

C’est beau… c’est grandiose… on parle de ventes, d’achats, de projets, de coups d’éclats… mais on ne parle pas de crise… ça non ! ce serait trop déplaisant…

Il est tellement plus confortable et élégant de prendre connaissance ici ou là, à la moindre occasion… des déboires de telle ou telle entreprise illustre, dont les difficultés ont pour grand mérite de rassurer sur sa propre situation !

Et là, chapeau les artistes… les vendeurs d’autocars qui excellent à priori dans l’univers du transport de voyageurs, sont en tout cas champions toutes catégories confondues dans celui du transport de rumeurs…

Luc Glorieux signait son livre avec cette précieuse dédicace, qui semble aussi avoir retenu l’attention d’un président : « Le changement est la seule certitude qui soit… Vivre, survivre équivaut à encadrer le changement, à créer de nouveaux avenirs conformes aux attentes des clients ».

A bon entendeur, salut !

Jean Pierre Michel

(À suivre)





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