Comment une Agv c’est comme un escargot !

30 septembre 2013   Julie   2 commentaires   La vie de Julie       2752 vues

 » Bonjour madame, je voudrais une demie baguette. »
 » 48 centimes s’il vous plaît  »

Ça y est. c’est enfin le moment de se débarrasser des innombrables petites pièces qui se baladent dans mon sac depuis des lustres mais qui « peuvent toujours servir ». La preuve avec cette demie baguette…

Mon sac. Ah, mon sac. Je n’y peux rien, je suis une fille (si si, c’est un argument). Et comme toutes les filles, je trimbale ma maison dans mon sac. Que dis-je ma maison ! ma vie, mon histoire, mon Moi intérieur .

C’est une vraie histoire d’amour. J’adore mon sac. Ou je le hais, ça dépend.

Par exemple, quand je me retrouve au tourniquet de la gare, que tout le monde se presse derrière moi, que le train arrive et que « P*****, mais où est-ce que j’ai foutu cette p***** de carte imaginaire??? », là, je le déteste.
Trop tard, le train est parti.

Dépitée, je constate le foutu bazar que j’ai dû vider pour mettre la main sur ladite carte. Non mais quelle idée de transporter ce fatras…
Un fatras, certes; en même temps, soyons honnêtes, je ne pourrais pas m’en passer.

D’abord il y a le tout-en-un. Énorme portefeuille qui ne ferme plus, saturé de reçus bancaires (pour tchecker les comptes, bien sûr), places de ciné (« allez, on garde », pour le souvenir) et autres petits papiers gribouillés et un peu crades qu’on ne relira déchiffrera jamais.

Viennent s’ajouter les 17 cartes de fidélité (dont 14 périmées), les chèques à encaisser et quelques billets qu’on avait oubliés.
D’aucuns (en majorité de sexe masculin) se contentent d’un neuvième de son contenu pour survivre.
D’autres (en majorité de sexe féminin) n’y voient là qu’un neuvième de leur survie.
L’autre pièce vitale du sac c’est l’agenda. L’Agenda. L’Agenda, c’est l’achat de la rentrée. Il constitue à lui-seul le motif d’une sortie, voire d’une virée shopping fin août, au retour de vacances.

« Tu fais quoi cet aprèm’ ? » « J’vais m’acheter un Agenda ».

Après avoir tâté, senti, palpé une bonne cinquantaine de cahiers, on revient chez soi et toujours avec le même rituel, on s’appliquera à remplir la première page – celle où il y a « personne à prévenir en cas d’urgence » . Nom, prénom, mail, numéro de téléphone… tout est soigneusement noté. (c’est bien connu, quand quelqu’un retrouve un sac, il fouille l’agenda et appelle le propriétaire pour le lui annoncer).

Et puis, pêle-mêle on tombera sur :

– Le porte-clef géant : 5 gadgets et 4 grigris pour 3 clefs (dont une réellement fonctionnelle – je ne vais jamais tchecker la boite aux lettres ni ne descends à la cave).
– 1 trousse. 2 trousses. 3 trousses. Mais nul ne sait ce qu’il y a dedans. La crème hydratante pour les mains Mixa sûrement. Le stick pour les lèvres Labello probablement.
– Des barrettes et un élastique (qu’on prête plus qu’on ne met car les filles, elles ont toujours « chaud, t’as pas un élastique ? »), des mouchoirs et des chewing gums (et pourtant on en taxe toujours aux autres), des stylos et des carnets (dans lesquels il n’y a jamais rien d’écrit) et même un autre petit porte-monnaie, censé rassembler les petites pièces justement (et qui est toujours vide, donc).

En outre, en cas de météo instable et de ciel douteux, le sac tend à s’alourdir d’un parapluie, de ballerines (au cas où… Pour l’instant, on garde quand même aux pieds les petites sandales d’été), de pansements (pour les ampoules causées par les ballerines) et de collants ou mi-bas (toujours pour les ampoules causées par les ballerines).

Comprenez alors qu’il n’est pas aisé de retrouver en deux secondes, dans tout ce petit bazar, les fameux huit centimes qui traînent au (fin) fond du sac (surtout quand d’autres clients arrivent et que la boulangère commence à s’impatienter).

Oppressée, je dépose alors 47 centimes sur le comptoir et dis, avec un grand sourire  » Euh, il manque un centime mais c’est pas bien grave, hein? ».

Silence.

Je suis repartie sans ma demie baguette.

Julie Labrune. 28 ans
Conseiller en Voyages