Au Salon international des Hautes Technologies, la Chine confirme ses ambitions dans le tourisme spatial


Avec la Chine, en matière de tourisme spatial tout comme dans d’autres domaines, les informations sont distillées au compte-gouttes, ce qui ne permet pas toujours de se faire une idée exacte et réelle de l’état d’avancement de tels ou tels travaux en ce domaine.

Cependant, il est clair que les Chinois s’intéressent au tourisme spatial… ne serait-ce que sur un plan purement politique.

Il convient de rappeler que le programme spatial chinois est en réalité « l’un des tous premiers au monde » explique Lucie Sénéchal-Perrouault, doctorante au CNRS, puisqu’il a été annoncé par Mao Zedong dès les années 1950.

Le Salon international des hautes technologies de Chine (CHTF) qui se tient mi-novembre sur 400 000 mètres carrés au travers plus de 22 zones spécialisées à Shenzhen, dans la province du Guangdong, sera l’occasion pour la CASC (China Aerospace Science and Technology Corporation) – l’entité principale responsable des programmes spatiaux de la Chine – de présenter les projets de tourisme spatial chinois.

Il convient de relever que cet engagement de la CASC marque ainsi la volonté et l’affirmation de la Chine, d’être elle aussi une puissance majeure dans l’industrie du tourisme spatial.

Parmi les 500 000 visiteurs, ceux s’intéressant au tourisme spatial, pourront découvrir au cours de ce salon international des hautes technologies, les projets chinois en matière de vols spatiaux commerciaux et comprendre comment la CASC entend garantir la sécurité, le confort et l’accessibilité financière des voyages spatiaux.

La Chine, qui a démarré très tard dans le secteur du tourisme spatial, souhaite plus que tout rattraper les Etats-Unis en ce domaine.

Rappelons en effet, qu’alors que les premiers touristes américains s’envolaient dans les années 2000 (Dennis Tito premier touriste de l’espace le 28 avril 2001), ce n’est :

– qu’en 2014, que la Chine a ouvert son industrie aérospatiale aux investissements privés ;

– qu’en 2016, que la CALT (China Academy of Launch Vehicle Technology) a reconnu concernant le tourisme spatial : que le jeu en valait la chandelle, « car de plus en plus de gens ‘’normaux’’ sont intéressés par un vol spatial. »

– qu’en 2023, le premier civil chinois est parti dans l’espace.

Il s’agissait de Gui Haichao, professeur à l’Université d’aéronautique et d’astronautique de Pékin ;

Depuis l’ouverture de son industrie aérospatiale aux investissements privés en 2014, le secteur spatial commercial de la Chine a connu une croissance rapide, croissance qui au niveau du tourisme spatial se partage au travers des sociétés suivantes : CAS Space, Deep Blue Aerospace, Landspace, Ispace, Galactic Energy et Space Transportation.

CAS Space, fait partie des nombreuses sociétés de lancement commerciales chinoises qui ont émergé depuis 2014, lorsque la Chine a ouvert son secteur spatial au capital privé.

CAS Space a été créée en décembre 2018 avec le soutien de l’Académie chinoise des sciences (CAS) et le gouvernement de la Province de
Guangzhou.

CAS Space a signé récemment un accord de coopération avec la plus grande société publique de voyage du pays, China Tourism Group, s’engageant à «promouvoir conjointement l’application des technologies spatiales commerciales et à créer une nouvelle économie spatiale telle que le tourisme ».

Pour Yang Yiqiang le fondateur de CAS Space, l’avenir est tout tracé : « Avec l’affinement du modèle économique, la Chine devrait commencer à effectuer des voyages suborbitaux en 2027.

Avec le développement rapide de la technologie spatiale, un voyage dans l’espace pour les gens ordinaires n’est plus un fantasme mais devient une réalité.

Un voyage dans l’espace offrira aux touristes une toute nouvelle expérience ».

La société estime qu’avec sa fusée réutilisable que 1 000 passagers peuvent être transportés dans l’espace chaque année à raison de sept touristes par vol.

Deep Blue Aerospace

Il y a déjà un an, Deep Blue Aerospace, la société de voyages aérospatiale du géant asiatique, mettait en vente via le portail Taobao deux billets pour un voyage en orbite spatiale pour 140 000 dollars, soit l’équivalent d’un million de yuans.

Fondée en 2016, Deep Blue Aerospace est dirigée par Huo Liang, qui possède une expérience dans le secteur aérospatial chinois.

Le siège social de l’entreprise est situé dans la province du Jiangsu, en Chine.

Deep Blue Aerospace prévoit d’envoyer ses premiers touristes dans l’espace en 2027.

Ce projet proposera des vols suborbitaux avec une expérience d’apesanteur d’environ cinq minutes, pour un prix fixé à 1,5 million de yuans (soit environ 200 000 €).

Dans un interview au journal les Echos, Zheng Ze, Directeur général adjoint de Deep Blue, en est convaincu : « les start-up chinoises deviennent de plus en plus compétitives face à leurs homologues américaines ou européennes.

Entre la Falcon 9 et la Falcon Heavy, Elon Musk a fait passer le coût de lancement d’environ 8.000 dollars le kilo à environ 3.000 dollars.

Mais en Chine, les coûts de production, la main-d’œuvre et les matières premières, sont moins chers qu’aux Etats-Unis. Par conséquent, nous pouvons encore faire baisser le coût de lancement de 20 % à 30 % par rapport à la Falcon Heavy de Musk. »

Landspace

LandSpace dont le siège est à Pékin, a été créée en 2015 par l’Université Tsinghu.

LandSpace a été la première société privée à avoir tenté de lancer un satellite en orbite en septembre 2018 avec son lanceur Zhuque-1 utilisant des étages à propergol solide fournis par le constructeur national, puis a été également la première à lancer la première fusée au monde à atteindre l’orbite avec des moteurs au méthane liquide, une technologie prometteuse permettant notamment de réduire
les coûts.

En novembre 2023, la société annonce qu’elle travaille sur un nouveau concept de fusée baptisé Zhuque-3, partiellement réutilisable et dont les caractéristiques sont proches de la fusée Falcon 9 de SpaceX et qu’elle va s’attaquer bientôt au marché de Space X.

ISpace

Fondée en octobre 2016, iSpace a été pionnière dans le secteur spatial commercial de la Chine, en étant la première entreprise privée chinoise à atteindre l’orbite avec sa fusée Hyperbola-1.

En 2023, l’entreprise a mené avec succès un vol d’essai sans charge utile en avril de cette année-là, puis un lancement en décembre 2023 qui a placé le satellite DEAR-1 sur une orbite sismique.

Aujourd’hui, l’entreprise travaille sur des véhicules de lancement plus grands et réutilisables.

Galactic Energy

La société, dont le siège est à Pékin, a été créée en 2018. Son lanceur léger (350 kg) à propergol solide Ceres 1, dont le vol inaugural a eu lieu en décembre 2020, a effectué 11 vols entre 2020 et 2023.

Elle développe par ailleurs le lanceur partiellement réutilisable baptisé Pallas-1 (4 tonnes en orbite basse).

Galactic Energy a annoncé récemment avoir mené avec succès un essai statique du système de propulsion du premier étage de son lanceur réutilisable à ergols liquides PALLAS-1, au port aérospatial oriental de Haiyang, dans la province du Shandong (est de la Chine).

« Cet essai constitue une nouvelle étape importante pour le système de propulsion de la fusée, marquant la finalisation de tous les essais au sol majeurs et ouvrant la voie à son vol inaugural » a indiqué la société dans un communiqué transmis au Global Times.

Space Transportation.

La société Space Transportation, basée à Pékin, prévoit un premier essai de son prototype d’avion spatial réutilisable Cuantianhou au cours du second semestre 2025.

Cet avion spatial est conçu pour le décollage vertical, propulsé par un propulseur à propergol solide, et atterrira verticalement grâce à un système de décélération active.

Sa vitesse de croisière sera de Mach 4, son autonomie de 3 000 kilomètres, et il pourra voler à une altitude supérieure à 20 kilomètres.

Il sera propulsé par deux moteurs à détonation rotative.

En conclusion

Selon Mr Yang, qui a été Directeur général du programme de fusées Longue Marche 11 l’aérospatiale commerciale chinoise est entrée dans l’ère 2.0, poussée par les applications et les forces du marché, depuis l’ère 1.0 qui comprenait la fabrication de base et la recherche et développement.

Il s’attend à ce que l’industrie de l’Empire du Milieu entre dans « l’ère 3.0 » d’ici trois à cinq ans.

Il pense que l’industrie atteindra son « plein épanouissement » d’ici 2027, après avoir développé les capacités susmentionnées.

Mr Yang a affirmé que : « la Chine devra également développer un modèle commercial pour les missions spatiales, ainsi que des services publics et privés partagés liés à la navigation, au positionnement, à la télédétection et Internet en orbite basse. »

N’oublions pas que la Chine affiche le deuxième budget spatial mondial, avec 10,3 milliards de dollars et emploie dans le secteur 18 fois plus que le nombre d’employés de la Nasa, soit 300 000 personnes.

Dernière minute

La Chine une fois de plus vient de battre son propre record de nombre de lancements annuels, alors qu’il reste encore plus de six semaines avant la fin de l’année.

72 vols au compteur depuis le 1er janvier, c’est quatre de plus que le record de 68 vols en 2024, mais c’est encore loin de SpaceX : 143 vols du 1er janvier.

Michel Messager





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