Mais à quoi sert une compagnie aérienne finalement ?


Cette question amène une réponse évidente : à transporter des passagers. Bien entendu c’est sa vocation première et le succès du transport aérien en est la plus éclatante démonstration. Près de 5 milliards de passagers en 2025 et une demande qui ne cesse de croitre.

Songeons que les habitants plus des 2/3 de la planète n’ont toujours pas accès à ce mode de transport et dès qu’ils le peuvent ils s’y précipitent.

Il n’a qu’à voir la formidable évolution de l’aérien en Inde où la compagnie Indigo, par exemple a passé commande de 500 appareils d’une capacité moyenne proche de 200 sièges et a pris une option équivalente.

Donc pas de doute, les compagnies aériennes ont une vocation unique : transporter des passagers ou du fret avec des avions.

Mais ce n’est pas tout et en regardant de plus près une compagnie aérienne a d’autres vocations.

Les low costs
Au fond ce sont les seuls transporteurs dont l’unique fonction est de transporter les passagers.

Ils ont considérablement développé les couches de clientèles et on leur doit en très grande partie le développement du tourisme mais aussi également du surtourisme qui devient un vrai sujet de préoccupation.

Ce type de compagnie doit impérativement être économiquement rentable car les « low costs » n’ont rien à attendre des Pouvoirs Publics.

Reste le cas de Ryanair qui a construit une grande part de sa prospérité en faisant payer les régions et les aéroports qui souhaitaient accueillir ses vols.

Cette stratégie a marché car au final les passagers amenés apportent une valeur ajoutée bien supérieure aux contributions payées à la compagnie.

Voilà un exemple où sans forcément que cela soit dans sa vocation, un transporteur peut faire revivre une région voir même développer un
pays.

C’est tout au moins ce que l’on peut constater entre l’Europe et certains pays Nord Africains.

Les « legacys »

Ce sont les compagnies traditionnelles.

Elles ont créé le transport aérien en utilisant la protection des Etats qui de leur côté les utilisent comme moyens de prestige, mais également de pression diplomatique et même de politique interne.

Les 197 pays du monde dont deux sont seulement observateurs à l’ONU, le Vatican et la Palestine et deux ne sont pas enregistrés Taiwan et les Iles Cook, ont tous ou presque leur propre transporteur.

Même de tout petits états comme Monaco ont leur propre compagnie d’hélicoptères.

Les compagnies traditionnelles ont d’ailleurs beaucoup évolué et les Etats se sont progressivement désengagés tout au moins quant à leur participation au capital.

Beaucoup de fonds d’investissements ont remplacé les Etats sans pour autant que ces derniers aient renoncé à garder la main sur leurs transporteurs nationaux.

Beaucoup ont d’ailleurs gardé suffisamment d’actions pour siéger au conseil d’administration et peser sur certaines décisions.

La plupart ont d’ailleurs largement soutenu financièrement leur opérateur national pendant la période du Covid.

Les compagnies traditionnelles sont les vecteurs des droits de trafic entre les états et ces derniers
représentent une part essentielle de la souveraineté d’un pays.

C’est ainsi que les transporteurs
aériens deviennent un réel outil au service de la politique étrangère des pays voire même un moyen de camoufler des activités d’espionnage comme on a pu le constater par le passé.

Elles sont également le moyen pour certains gouvernements de mener leur politique intérieure.

Les contraintes écologiques sont souvent mises en avant pour camoufler des objectifs électoraux.

Il est plus facile et plus efficace de contraindre le transport aérien pour plaire à l’efficace lobby écologiste plutôt que de s’attaquer à d’autres secteur d’activité beaucoup plus source de pollution comme le textile par exemple.

Mais il est plus facile pour un gouvernement de limiter administrativement le transport aérien et d’abord la compagnie nationale plutôt que d’aller chercher dans d’autres secteurs
d’activité plus difficiles à contrôler.

Et finalement les compagnies aériennes peuvent devenir un efficace moyen de pression en cas de conflit.

Empêcher les vols entre les pays est relativement facile, il suffit d’enlever les droits de trafic et de ne pas recevoir les appareils des compagnies visées.

Au fond une compagnie traditionnelle a beaucoup plus de fonctions que celle de transporter les passagers.

C’est le symbole de l’indépendance d’un pays. Sans sa propre compagnie aérienne il n’existe pas vraiment, par contre le développement de son transporteur national comme c’est le cas des pays du Golfe donne immédiatement une influence qui ne pourrait pas être atteinte par d’autres moyens.

Voilà entre autres pourquoi, le transport aérien a encore de longues années de croissance devant lui.

Jean-Louis Baroux





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