TUI tranche encore dans le vif


Le groupe allemand TUI AG qui proclame partout qu’il est le premier tour-opérateur au monde, navigue à vue dans des eaux très troubles. Mis à mal par l’arrivée foudroyante du coronavirus, TUI AG a obtenu en avril un prêt de l’Etat allemand d’1,8 milliards d’euros, et a eu besoin d’un deuxième apport financier de 1,2 milliards d’euros en août (2ème prêt public d’1,05 milliard assorti de l’émission d’obligations pour 150 millions), ces lignes de crédit devant permettre à TUI de passer la saison hivernale avant une reprise espérée du tourisme au printemps 2021.

Début octobre, lors d’une rencontre à Francfort avec la presse économique allemande, Fritz Joussen, le PDG de TUI, précisait que son groupe prévoyait de réduire la voilure de ces offres de 20 % pour l’été 2021 et déclarait : « Avec environ 80 % de l’offre d’avant la crise, nous pouvons continuer à vendre nos voyages de manière rentable ».

En parallèle, le groupe a taillé à la hache dans ses actifs et son personnel (-12 %) avec 8.000 départs sur 70.000 employés dans le monde.

En France sur 904 salariés, environ 600 licenciements ont été actés, avec en plus la vente ou la liquidation des agences TUI.

Le groupe veut aussi réduire sa flotte d’avions, en se séparant d’environ 30 appareils sur 150 dont 22 avions de TUI Fly, sa filiale charter, qui passerait de 39 appareils à seulement 17.

Des filiales ont été tout simplement liquidées comme Pacific World (filiale MICE à Hong Kong) qui ferme ses portes ce mois-ci.

Toutes les recettes sont bonnes pour faire rentrer du cash dans les caisses. Début octobre TUI a signé avec BOC Aviation un accord de vente de 2 de ses Boeing 737-Max 8 pour 90 millions de dollars, vente accompagnée d’un contrat de location à vie des 2 appareils pour quasiment le même montant.

Joli tour de passe-passe qui permet à TUI de récupérer 90 millions de liquidités dont le remboursement sera étalé sur plusieurs années. Ce contrat est quand même suspendu à l’autorisation de reprendre les vols pour les 737 Max 8.

Contrairement au positivisme affiché par la direction de TUI la situation du groupe n’a pas évolué dans le bon sens.

Et l’agence de presse allemande DPA vient d’annoncer que depuis quelques jours TUI est en train de négocier dans le plus grand secret avec le Ministère des Finances allemand l’obtention d’une nouvelle ligne de crédit. On parle de 1,5 à 1,8 milliards d’euros supplémentaires. TUI et le ministère se sont refusés à tout commentaire.

Mais un autre très mauvais signal est venu des hôteliers grecs qui viennent de recevoir des avenants à leurs contrats avec TUI pour leur imposer unilatéralement des délais de paiement irréalistes. Généralement TUI payait les hôteliers 60 jours après le départ des clients ( !).

Là TUI les informait brutalement qu’ils devraient attendre mars 2021 pour recevoir seulement les 3/4 des sommes dues pour les séjours de l’été 2020 ! Le dernier quart suivrait ultérieurement.

Pour beaucoup d’établissements avec de tels délais léonins c’est leur survie qui est en jeu. Tous avaient pris le risque d’ouvrir cet été (de juillet à octobre) avec l’espoir que leurs revenus leur permettaient de passer l’hiver.

Pour certains gros resorts la dette de TUI oscille entre 600.000 et 700.000 euros. Dans de tels conditions tous ceux qui n’arriveront pas à obtenir des prêts bancaires conséquents, iront au tapis.

Evidemment en décidant de paye les hôteliers avec 6 à 8 mois de retard, Fritz Joussen peut parler de ventes rentables ! Mais restera-t-il des hôtels pour accueillir avec le sourire les clients de TUI l’été prochain ?

Dans un long article que le Financial Time sa consacré à ce coup de force de TUI, le journal indiquait que ces avenants concernaient aussi l’hôtellerie espagnole.

Environ 1400 hôtels espagnols sont en contrat avec TUI, alors que ce chiffre monte à 2.000 pour la Grèce. Là aussi cela pourrait porter un coup fatal à certains partenaires hôteliers espagnols et cela ne va guère renflouer l’image de TUI.

Pour sauver le soldat TUI, l’état allemand va devoir une fois encore ouvrir largement son porte-monnaie. Mais outre-Rhin la politique pointe son nez, et au Bundestag du côté des députés Verts on envisage un sauvetage sous forme d’une prise de participation de l’Etat Allemand de l’ordre de 9 à 10 % permettant ainsi de contrôler la politique touristique du groupe en imposant des décisions stratégiques plus écologiques et durables.

Une proposition qui est loin de faire l’unanimité au Bundestag, plusieurs groupes y étant formellement opposés.

En attendant l’action TUI vient de très légèrement remonter à 4,34 € (effet d’annonce de l’arrivée de futurs vaccins) alors qu’elle cotait 12,71 € au premier janvier dernier, soit une baisse d’environ 65 %.

Frédéric de Poligny





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