Un attérissage forcé pour Air Berlin ?


Lâchée par son plus grand actionnaire Etihad, la compagnie aérienne allemande Air Berlin avait annoncé il y a deux semaines déjà le lancement d’une procédure d’insolvabilité mais pas l’arrêt de son activité, Lufthansa et le gouvernement allemand volant à son secours. Mais depuis la semaine dernière, la faillite d’Air Berlin est officielle. Les experts excluent la possibilité pour la compagnie aérienne de perdurer dans l’état actuel.

De nombreuses raisons portent à croire que Lufthansa acquerra une partie des activités de la société et de sa filiale Niki. Easyjet et Condor sont également intéressés par le rachat de certains appareils d’Air Berlin.

Cette annonce a surpris l’Allemagne au coeur de l’été, même si les difficultés chroniques d’Air Berlin alimentaient depuis longtemps les spéculations sur l’avenir de l’entreprise berlinoise.

Air Berlin a expliqué dans un communiqué avoir pris cette décision après avoir appris qu’Etihad renonçait à la « soutenir financièrement« .

« Le gouvernement, Lufthansa et d’autres partenaires soutiennent Air Berlin dans ses efforts de restructuration » et ses avions continueront à voler, a voulu rassurer la compagnie. Les plans de vols et les billets d’Air Berlin et sa filiale Niki restent valables, des achats de billets restent même possibles.

Actionnaire à hauteur de 29,2 %, Etihad s’est visiblement fatigué de devoir éponger les dettes d’Air Berlin. « En avril dernier, Etihad a fourni un financement supplémentaire de 250 millions d’euros à Air Berlin (…) Toutefois, l’activité d’Air Berlin s’est détériorée à un rythme jamais vu, l’empêchant de surmonter des défis importants et de mettre en oeuvre des solutions stratégiques alternatives« , a expliqué dans un communiqué la compagnie d’Abu Dhabi.

Faute d’argent frais, Air Berlin s’est donc vu contrainte de demander l’ouverture d’une procédure d’insolvabilité, sur laquelle devra statuer un tribunal, qui pourra nommer un administrateur judiciaire.

Pour éviter aux vacanciers allemands et étrangers de voir leurs avions cloués au sol, le gouvernement allemand a décidé d’octroyer à Air Berlin un prêt-relais de 150 millions d’euros. « Cela devrait être suffisant pour trois mois », a précisé la ministre allemande de l’Economie Brigitte Zypries, lors d’une conférence de presse.

Lufthansa a par ailleurs annoncé être en négociations avec Air Berlin concernant « le rachat d’activités » de l’entreprise en difficulté, « ce qui permettrait d’embaucher du personnel ».

Le groupe, poids lourd du transport aérien européen opérant depuis Francfort (ouest), possède les compagnies Lufthansa, Eurowings, Swiss, Austrian Airlines et Brussels Airlines et louait déjà à Air Berlin une trentaine d’appareils.

La compagnie à bas prix Ryanair a, elle, dénoncé avec véhémence le soutien de Berlin à sa compagnie rivale et a annoncé, dans un communiqué, avoir déposé plainte devant la Commission européenne et l’office allemand des cartels « pour bloquer la reprise d’Air Berlin par Lufthansa« .

« Les voyageurs en Allemagne devront subir des prix plus élevés en raison du monopole de Lufthansa« , affirme-t-elle dans ce communiqué.

Luxair aux avant-postes ?

Luxair, la compagnie nationale du Luxembourg, manifeste un prudent intérêt à faire décoller et atterrir les avions d’Air Berlin, à l’aéroport de Sarrebruck.

Air Berlin effectue actuellement quatre vols par jour reliant la Sarre à la Spree. Or, les passagers de ces vols se plaignent depuis des mois des multiples retards et annulations de vols. Luxair effectue actuellement deux vols par jour de Luxembourg à Hambourg, avec une escale à Sarrebruck, et envisage d’effectuer un vol direct de Luxembourg à Berlin. Dès le mois d’octobre, Easyjet reliera également le Grand-Duché à la capitale allemande.

Une patate chaude de mauvais goût

 

Le syndicat de pilotes Vereinigung Cockpit n’a pas tardé non plus à réagir, évoquant le « choc » de la nouvelle. Il salue le soutien du gouvernement mais dénonce « les mauvaises décisions stratégiques du management » d’Air Berlin et le comportement d’Etihad, accusé de « laisser tomber la patate chaude alors même que de nouveaux investisseurs ont signalé leur intérêt« , selon son président Ilja Schulz.

Depuis 2008, les comptes d’Air Berlin n’ont fini l’année dans le vert qu’une seule fois, avec un maigre bénéfice en 2012.

Sa situation s’est même aggravée récemment. La compagnie, endettée à hauteur de plus de un milliard d’euros, a essuyé une perte inédite en 2016 (782 millions d’euros) et a multiplié ces derniers mois les retards et annulations de vols.

 





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