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Tunisair, une Gazelle à bout de souffle ?

Le 2 septembre 2020, l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) en Tunisie a accordé sa confiance à un nouveau gouvernement présidé par M. Hichem Mechichi et ayant pour ministre des transports M. Moez Chakchouk. Un gouvernement de technocrates appelé au chevet d’un pays connaissant des difficultés économiques, financières et sociales croissantes depuis la révolution de 2011. Le dossier et le sort des compagnies nationales à forte difficultés financières figurent parmi les priorités du nouveau gouvernement. Tunisair qui a pour emblème la Gazelle est concernée et retient son souffle dans l’attente du verdict du nouveau gouvernement.

Il est à noter que le gouvernement sortant a laissé pourrir un peu plus le dossier avant de transmettre la patate chaude au nouveau gouvernement Mechichi et au ministre des transports Moez Chakchouk qui auront la lourde responsabilité d’instruire ce dossier et de décider de l’avenir de la compagnie.

Un bras de fer a même eu lieu avec l’ancien ministre tunisien des transports Anouar Mâarouf et s’était soldé par le limogeage du Président Directeur Général de Tunisair ELyes Mnakbi le 06 juillet dernier et la nomination d’un administrateur délégué par l’Etat qui assure à ce jour l’interim.

Les indicateurs financiers de la compagnie se sont depuis lourdement détériorés du fait de la crise du Covid avec une baisse minimale de son activité et de ses revenus de l’ordre de 70 % par rapport à la même période de l’année précédente.

L’Etat devra se prononcer sur les plans de redressement approuvés mais jamais mis en application pour faute de moyens par les gouvernements précédents.

A l’ordre du jour sur le bureau de Moez Chakchouk ministre des transports tunisien :  la validation d’un changement du mode de gouvernance de la compagnie avec la séparation de la fonction du Président du Conseil d’Administration de celle de la direction générale opérationnelle à l’instar de ce qui a été fait pour les banques publiques en Tunisie.
une augmentation de capital,
la validation d’un nouveau plan d’affaires actualisé prenant en compte une réduction sensible des effectifs salariés.

La concrétisation de l’octroi de la garantie de l’état accordée par le gouvernement précédent pour contracter des emprunts et régler les problèmes en suspens avec certains de ses fournisseurs.

Rappelons que Tunisair a un total de 27 avions dont seule une douzaine reste en exploitation faute d’entretien du restant de la flotte. Même pour les avions opérationnels l’exploitation reste au ralenti avec un minimum d’heures de vols quotidiens par appareil et des taux de remplissage en dessous de 50 %, en forte baisse du fait de la pandémie du Covid-19.

Tunisair a néanmoins confirmé le maintien du programme de rajeunissement de sa flotte avec l’acquisition de 5 Airbus A320 néo avec la livraison prévue de 2 avions en 2021 (Juillet et septembre), 2 avions en 2022 et un avion en 2023.

Par ailleurs, l’Association Internationale du Transport aérien IATA, a appelé, dès juin 2020, le gouvernement tunisien à bien vouloir envisager des mesures d’aides financières spécifiques à l’aviation pour que le secteur soit en mesure de générer la reprise économique post Covid-19.

Les difficultés spécifiques à Tunisair s’ajoutent à celles d’un secteur du transport aérien fortement impacté par la crise du Covid et des performances en fort recul du secteur du tourisme en Tunisie.

Pour les 9 premiers mois de 2020, la Tunisie aurait enregistré une baisse de 60 % de ses recettes touristiques avec 1,56 milliard de dinars (491,4 millions d’euros, selon les chiffres donnés par le ministère) du 1er janvier au 20 septembre 2020.

La situation est difficile pour la compagnie et pour l’avenir du pavillon tunisien mais cette crise donne l’opportunité au nouveau gouvernement de trancher en coupant définitivement avec le passé, faire accepter ses conditions aux partenaires sociaux et relancer la compagnie sur la base d’un nouveau plan d’affaires moderne, fiable et financièrement rentable.

Le nouveau gouvernement aura tout de même tous les atouts de son côté pour faire passer sa vision et réussir ce sauvetage car la situation au quotidien est devenue intenable et parce que la solution miracle n’existe pas.

Toutes les autres alternatives, y compris celle de la venue peu probable d’un nouvel actionnaire majoritaire, ne se feront pas sans lourdes concessions et grandes pertes pour la compagnie, son personnel et pour le pavillon national tunisien plus globalement qui en sortira le plus grand perdant.

Rappelons que la Tunisie a rouvert ses frontières depuis le 27 juin et qu’à ce jour les touristes français voyageant dans le cadre de forfaits (vol + transfert + hôtel) achetés auprès d’un Tour-opérateur sont exemptés du test PCR et de l’auto-confinement obligatoires mais doivent respecter scrupuleusement le protocole sanitaire en vigueur dès leur arrivée sur le sol Tunisien et tout au long du parcours.

Hakim Tounsi,
Président du tour opérateur Authentique