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Thaï Airways reprend de la hauteur

Jesada Chandrema, Thai airways-Paris-Bangkok-2 [1]Alors que la compagnie nationale thaïlandaise traverse une période difficile, Jesada Chandrema (photo), directeur général France & Benelux, revient sur un plan de redressement que les actionnaires ont entériné le 26 janvier dernier.

La Quotidienne : Malgré un 3ème trimestre 2014 profitable, Thai Airways enchaîne les résultats négatifs et votre dette cumulée atteindrait près de 7 Mds €. Comment expliquez-vous ces difficultés ?

Jesada Chandrema : Il y a d’abord les événements politiques qui ont secoué le pays et impacté directement nos trafics tourisme et affaires. Nous avons eu des baisses de volume au départ de l’Europe, mais aussi au départ de la Chine et du Japon par exemple… Pour vous donner un ordre d’idée, le BSP 2014 est de 10 % en retrait sur celui de 2013.

Dans le même temps, il nous a fallu encaisser la crise économique que traversent certains de nos marchés principaux et la forte volatilité des prix du pétrole. Il pèse tout de même 40 % de nos coûts et devient de plus en plus difficile à gérer.

Jesada Chandrema, Paris-Bangkok [2]Ensuite, et c’est sans doute le plus important, ces dégradations politiques et ces difficultés économiques sont intervenues au plus mauvais moment, alors que nous devions renouveler notre flotte avec 30appareils en commande : des A 320, des A 330-300, des A350-900 et des B 777- 300ER ou des B787-8 et 9 Deamliner. Leur livraison va courir jusqu’à la fin 2017 car ça nous coûterait encore plus cher de les annuler ; ils représentent aussi des économies substantielles sur la consommation de carburant.

L. Q. : Comment comptez-vous redresser la barre ?

J. C. : Notez quand même qu’en général, notre trafic repart bien depuis quelques mois. Cela étant, le 26 janvier dernier, le gouvernement Thaï, les actionnaires privés et la compagnie ont entériné notre « Plan de transformation ».

Celui-ci prévoit la vente de 22 des 102 appareils de la flotte, Airbus ou Boeing, et la fermeture de routes non rentables, comme Johannesburg depuis le 15 janvier dernier, ou Moscou au mois de mars prochain. Nous allons également réduire d’environ 10 % les capacités globale de notre réseau. Il y aura parfois des fréquences en moins, comme au départ de Londres ou de Francfort, où nous opérerons des appareils moins nombreux mais plus gros.

En revanche, là où est le marché, en Chine, au Japon ou en Inde, nous ajouterons des fréquences. Plus globalement, nous allons aussi mieux contrôler nos coûts, en particulier sur le plan opérationnel, et revoir en profondeur notre organisation générale. Enfin, avec environ 25 000 employés, il possible que nous nous séparions de 5 000 personnes, soit pour une préretraite soit par départ volontaire, mais cette mesure n’interviendra qu’en dernier recours.

L. Q. : Comment répondez-vous à la concurrence des compagnies du Moyen-Orient ?

J. C. : Par la qualité de notre produit ; nous avons d’excellent retour par exemple sur la nouvelle classe affaire que nous avons lancée voilà déjà 2 ans presque. Nous comptons aussi beaucoup sur l’impact « Vol direct » au départ de l’Europe.

thai-airways-mobile-3 [3]Aux yeux des clients, il devra justifier un delta tarifaire réaliste entre nos prix et ceux de la concurrence. Le service dans son ensemble sera aussi amélioré, avant, pendant et après le vol, au sol et à bord. Nous investissons également beaucoup sur la technologie et le digital : site, mobile, etc… pour apporter à nos passagers un meilleur accompagnement et un environnement plus agréable.

L. Q. : En France, cela donnera quoi ?

J. C. : La France, mais aussi et le Benelux, résistent plutôt bien. Sur ces deux marchés, nous avons atteint en 2014, comme en 2013, les objectifs prévus. Nous n’allons donc conserver notre vol quotidien en A 380 tri-classe de 507 passagers.

Le segment haute contribution marche bien, celui du loisir semble reprendre, tout comme les incentives qui reviennent plutôt bien. Nous serons bien sûr sur l’IFTM et sans doute proposerons-nous des éductours pour des petits groupes très ciblés.

Et puis, 2015, sera une année un peu spéciale pour nous. En mai, nous fêterons les 55 ans de la compagnie et, en novembre, ce sera le 40ème anniversaire du vol Paris-Bangkok. Dernière chose, et pas la moindre, nous allons aussi réduire de 20 % notre surcharge carburant.

Propos recueillis par Bertrand Figuier