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Sir Alfred Mehran, un voyageur perdu dans l’espace

Toute la profession est dans l’attente de la fin de la pandémie de Covid-19. Un espoir toujours attendu, fortement espéré et sans cesse repoussé. Inutile d’en rajouter, nous le savons tous et chacun gère l’attente en fonction de son degré de sensibilité et de patience. Les proverbes concernant la patience sont nombreux. J’aime bien celui-là : « Toute période difficile, endure-la avec patience, même si elle se prolonge. La patience conduit à la victoire. »

À ce sujet, je vais vous raconter l’histoire édifiante de Mehran Karimi Nassiri, dit Sir Alfred Mehran. Un réfugié politique iranien qui cherchait un pays d’adoption.
Il fut refusé à peu près partout en Europe et même rapidement expulsé d’Angleterre qui le renvoya en France d’où il était arrivé.

Après être passé par la case prison pour séjour illégal en France, il décida de prendre ses quartiers au terminal 1 de l’aéroport de Paris Charles de Gaulle où il choisit d’être un confiné volontaire du 8 août 1988 jusqu’en août 2006. Soit pendant 18 ans de sa vie chaotique.

En 2004, il eut même son heure de gloire. Son histoire ayant fait l’objet d’une adaptation cinématographique de Steven Spielberg : « the terminal » avec Tom Hanks en vedette.
En résumé, ce fut une histoire aussi ubuesque que kafkaïenne dont personne n’a jamais vraiment dénoué les fils.

Était-il apatride, réfugié politique, persécuté, sans-abri ou avait-il une part de folie ? Sans doute un mélange de tout cela. Mais est-ce vraiment important de le savoir ?
Sans doute était-il bien à cet endroit, car il refusa toutes les aides et les assistances qui lui furent proposées au fil du temps. Il était chez lui.
Ses seules occupations étaient de trainer dans les fast-foods et de camper au milieu de ses biens les plus précieux. À proximité de la boutique Relay où était vendue son autobiographie.

Il est même devenu un personnage culte. Il avait ses adeptes qui lui offraient à manger, lui apportait de la lecture. Il recevait un abondant courrier. Les médias venaient le rencontrer pour connaitre son histoire. Sa vie était ainsi organisée et cela semblait lui convenir.

En 2006, il fut hospitalisé plusieurs mois et il est finalement devenu résident français.
Aux dernières nouvelles, aujourd’hui, à près de 80 ans, il vit paisiblement dans un hôtel parisien grâce aux droits d’auteurs de son livre et du film. Sa patience est ainsi récompensée.

Comme quoi tout est possible pour qui sait attendre.

François Teyssier