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Selectour va t-il tourner la page ?

Une semaine avant les élections des administrateurs et du CA de Selectour, Alain-Philippe Jomeau et Jean-Marie Seveno, ont tenu à présenter hier à la presse professionnelle l’état d’avancement du projet New Coop qui sème quelque peu la zizanie au sein de la coopérative.

Certains en effet affirment que ce projet est une mainmise à peine dissimulée des « gros » pour augmenter leurs revenus au détriment des petits. La nécessité s’imposait donc pour les deux administrateurs, soutiens du président Abitbol, de dissiper les malentendus et les craintes créés par ce projet.

[1]Dès le début, les deux intervenants ont précisé qu’à l’heure actuelle, la New Coop n’est encore qu’un avant-projet préparé par un groupe de travail formé de neuf administrateurs (donc tous des élus) et qui a reçu le 9 mai l’aval du Conseil d’Administration actuel pour être approfondi auprès des différentes directions de Selectour Entreprises.

Dès que ce projet sera finalisé, (il est semble t-il déjà bien avancé), il sera présenté à toutes les délégations régionales et aux adhérents et sera le sujet d’une future AG extraordinaire vraisemblablement en septembre.

Il sera susceptible de modifications (des motions seront proposables) et même New Coop pourrait aussi ne jamais voir le jour si les adhérents en décident ainsi.

La prochaine AG de juin ne contient aucune nouveauté liée au projet New Coop. Jean-Marie Seveno précisait sur ce point qu’une résolution (la 3) a été imposée par les services juridiques de Selectour à cause d’une nouvelle réglementation gouvernementale.

La loi prévoit d’imposer à toute coopérative la nomination d’un « réviseur » à choisir dans une liste dédiée, dont la tâche sera de vérifier que la coopérative n’a pas une dérive cachée « industrielle et capitalistique » qui serait une manière abusive de frauder le fisc.

[2]Avant d’entrer dans les grandes lignes de ce projet, Alain-Philippe Jomeau et Jean-Marie Seveno, ont rappelé les grandes lignes du fonctionnement de Selectour.

A la base il y a la Coopérative qui réunit tous les adhérents. La règle est simple, un adhérent =une voix, quelque soit la « taille » de l’adhérent.

Le conseil d’administration élu par les adhérents dirige la coopérative et gère totalement Selectour. La Coopérative n’a qu’une seule salariée, sa secrétaire. Mais Cette coopérative Selectour possède 52 % de « Selectour Entreprise » qui est son bras armé et emploie tous les salariés de Selectour.

Les 48 % restants de Selectour Entreprise appartiennent à environ 350 adhérents-actionnaires. N’importe quel adhérent peut être actionnaire ou peut le devenir.

Il y a 1.600.000 actions Selectour Entreprise (valeur nominale 1€) valorisées à 6€ qui rapporte bon an – mal an entre 3 et 4 %. La aussi les règles sont simples. Seuls des adhérents peuvent être actionnaires (pas d’investisseur extérieur) et dans la limite de 15.000 actions,soit 90.000€.

[3]De plus légalement la participation de Selectour Coopérative ne peut descendre en dessous de 35 %. Autre point important Selectour Entreprise ne possède pas de Conseil d’Administration. C’est celui de Selectour Coopérative, élu par les adhérents, qui prend toutes les décisions.

Jean-Marie Seveno, Président du GIE Selectour-Havas, précise que le GIE va rapporter 3 millions d’euros en sur-commission en 2017 (2/3 Selectour et 1/3 Havas). L’idée de New Coop est de créer une force industrielle qui offrirait une rémunération supplémentaire liée à la croissance.

Tous les fournisseurs cherchent de la croissance et sont intéressés par une augmentation du chiffre car ce sont des parts de marché gagnées. Par exemple pour le tourisme, les contrats tri annuels avec les TO vont venir à échéance à fin 2018.

New Coop proposera à cette date de négocier avec des TO, soigneusement sélectionnés pour la qualité de leurs produits, des contrats prévoyants une sur-commission si des objectifs d’augmentation globaux du réseau sont atteints. Il y aura un « pilotage » avec des fournisseurs privilégiés mais les adhérents resteront entièrement libres de leurs choix.

[4]Mais New Coop pour offrir un développement majeur aux adhérents devra disposer de ses outils technologiques en propre, d’un site internet à la hauteur, de tout ce qui pourra mettre en avant la force du réseau et de son maillage. Et cela représente un budget de 3 à 8 millions d’euros. La fourchette est large car New Coop n’existe qu’à l’état de projet pouvant être amendé par les décisions à venir des adhérents.

Pour obtenir ces fonds, la Coopérative Selectour pouvait faire appel à l’emprunt auprès des banques, mais cela représente un risque en cas de période difficile prolongée, à même de la mettre en danger. C’est pourquoi, le projet prévoit de proposer d’ouvrir le capital de Sélectour Entreprises – toujours aux seuls adhérents -en faisant sauter la limite de 15.000 actions.

Le prix d’achat serait pour tous le prix actuel (environ 6€) mais nul ne pourrait être majoritaire, et la Coopérative Selectour participerait elle aussi à l’augmentation de capital car elle ne peut légalement pas descendre sous les 35%. Le risque en cas de période difficile ne serait pas supporté par Selectour mais par ses actionnaires-adhérents.

Pour Alain-Philippe Jomeau, le but de New Coop est de d’améliorer les services que peut offrir Selectour à tous les membres du réseau des plus petits au plus grands et de manière égalitaire. Comme il le dit lui même, même administrateur, il se considère comme un « petit », car il ne possède que deux agences. Et il défend ce projet qui devrait apporter un bol d’oxygène aux agences. Et pour lui le réseau a autant besoin des gros que des moyens et des petits. C’est ce mélange avec toute sa diversité qui en fait sa force.

Pour tous les adhérents, sans distinction, les commissions de base resteront inchangées. Mais tous ceux qui joueront le jeu de soutenir l’effort de croissance avec les fournisseurs « privilégiés » du réseau pourront bénéficier en plus des sur-commissions qui seront réparties strictement de manière égalitaire au prorata de leur chiffre d’affaire « privilégié ». Il n’y aura pas d’avantages favorisant les plus importants par rapport aux plus petits.
Alain-Philippe Jomeau et Jean-Marie Seveno sont tous deux administrateurs sortants et candidats à leur réélection à la prochaine AG.

Frédéric de Poligny