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Qui veut la peau de Thomas Cook/Jet tours ?

Selon des informations non officiellement confirmées pour l’instant, un réseau français d’agences de voyages aurait informé mercredi en fin d’après-midi ses agences de voyage de sa décision d’interrompre avec effet immédiat toutes les ventes Thomas Cook/Jet tours « pour cause de risque imminent de faillite« .

Car le groupe Thomas Cook est dans une situation délicate. Le brouillard qui entourait les chiffres du groupe est en train de se dissiper et les chiffres donnent le tournis. Ce n’est pas un arbre qui cache la forêt mais la forêt qui cache l’immensité des pertes et des dettes de Thomas Cook.

Le montant des dettes dépasserait les 1,7 milliards d’euros. Dès lors, l’arrivée du groupe chinois Fosun qui proposait un apport de capitaux de 700 millions d’euros, semblait permettre un redressement viable de Thomas Cook. Mais l’absence de liquidités de Thomas Cook est telle qu’il lui faut trouver au moins 1,1 milliard d’euros.

Pour cette première étape, la seule solution envisageable pour le groupe est de combiner l’investissement de Fosun avec la conversion d’une grande part de la dette bancaire en actions, ce que les banques créancières envisagent de faire et qui aurait pour effet de diluer encore plus la valeur des actions des actionnaires actuels.

Rappelons quand même qu’en un an la valeur des actions de Thomas Cook a déjà chuté de plus de 94 %. Ces actionnaires minoritaires n’auraient plus que leurs yeux pour pleurer.

Mais pour qu’une telle opération soit possible, Thomas Cook doit avoir l’aval de 75 % des parties prenantes.

Thomas Cook a repoussé de quelques jours la réunion destinée à la signature par les parties prenantes de l’accord de recapitalisation, prévue le 27 septembre.

Aux États Unis, Thomas Cook s’est placé sous la protection des lois contre les faillites, Chapitre 15, ce qui empêche ses créanciers américains de s’opposer et bloquer la restructuration de sa dette. 

A l’heure actuelle, Thomas Cook n’est pas encore sûre d’obtenir cet accord. En effet certains créanciers obligataires et détenteurs de CDS (Credit default swap) sur les dettes Thomas Cook pourraient ne pas donner leur accord du fait du manque à gagner que l’opération de recapitalisation pourrait impliquer pour eux.

Les prochains jours seront déterminants dans la recherche d’une solution à ce point permettant la signature le 27 septembre de l’accord de recapitalisation.

Un autre obstacle va être d’obtenir des autorités britanniques le renouvellement de sa licence d’opérateur et d’organisateur de voyages de tourisme, l’échéance étant fixée au 01 octobre.
Ce ne devrait pas être un problème si l’accord de recapitalisation est signé. Dans le cas contraire ce pourrait être une difficulté de plus.

Néanmoins ATOL, l’organisme attribuant les licences au Royaume Uni, a déjà annoncé que, si nécessaire, il permettrait l’extension de la licence de Thomas Cook pour une durée de 14 jours laissant ainsi la possibilité au géant britannique de finaliser son accord. 

Si le scénario du pire arrivait, ce serait une onde de choc pour l’ensemble de l’industrie. L’impact social serait très élevé et l’image de marque de certains autres grands groupes de voyage pourrait être aussi ternie par ricochet.

Frédéric de Poligny