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Pourquoi les métiers du tourisme attirent toujours autant ?

Dans un secteur du tourisme complexe, très concurrentiel et impacté par des crises exogènes – géopolitiques, climatiques, sanitaires – qui voient certaines destinations disparaître et par la montée en puissance du digital, il est nécessaire, si ce n’est vital de se former pour se transformer. Bernard Sabbah est, aujourd’hui, surtout connu pour son activité radio-télé avec Julien Courbet (« 7 Péchés Capitaux » (TF1), « Service Maximum » (France 2), « Cas de Litige » (NT1), « Il Faut le Savoir » (RTL9), et en radio « Ça Peut Vous Arriver » (RTL). Cependant, il a une grande carrière de professionnel du tourisme. Il a rajouté, il y a quelques années une autre cordes à son arc : la formation !

La Quotidienne : Bernard, on vous voit et on vous entend régulièrement sur RTL avec Julien Courbet ! Comment s’est faite cette rencontre ?

Bernard Sabbah : J’avais 25 ans quand nous nous sommes rencontrés. Julien et moi-même jouions dans une même équipe de football à Bordeaux. Quelques années plus tard, il était venu animer les « Universités du Tourisme ». Il s’agissait d’un événement que nous avions créé lorsque mes agences « Voyages Grand Bleu » étaient adhérentes du réseau Selectour. Grâce à deux célèbres professionnels du voyage, Boris Reibenberg et Alexis Patronoff, nous affrétions chaque année un bateau de Ponant et nous organisions des conférences. J’ajoute que Julien Courbet s’est intéressé au tourisme après sa participation à notre université !

LQ : Votre relation avec le tourisme est donc ancienne ?

BS : Certaines personnes pourraient penser que je ne suis qu’un animateur de radio. Il n’en n’est rien ! Je revendique mon long parcours dans le tourisme. Muni d’un BTS Tourisme, j’ai passé trois ans au Club Med. Puis après un court séjour chez WLT, je rejoignais en 85, le TO Kalitour à Bordeaux, spécialisé sur Chypre.

En Septembre 1990, je créais l’agence « Voyages Grand Bleu ». J’étais alors un affilié de Sud-Ouest Voyages. Mais deux ans plus tard, je décidais d’adhérer à Selectour qui me semblait plus dynamique.

Le patron du réseau, à cette époque, Philippe Demonchy, me demanda d’entrer au Conseil d’Administration. Ce fut l’occasion de créer le « chèque vacances Selectour » avec Roch Guilabert et Georges Cid. En 1994, on lançait un autre événement : « Challenge Tourisme » avec, notamment, Raoul Debest, Roch Guilabert, Dominique Friedman et Elise Danino Saportas.

LQ – Quelles ont été les étapes avant de quitter le monde du tourisme

Tout d’abord, une de mes grandes fiertés est que Voyages Grand Bleu soit devenue l’agence officielle des Girondins de Bordeaux et de leurs supporters. Une grande aventure ! En 2000, je me rapprochais de Mumtaz Teker, alors patron de Pacha Tours. Il avait racheté RevVacances et je devais animer le réseau d’agences. Malheureusement des attentats en Turquie nous empêchèrent de mener à bien cet objectif. Souhaitant un tournant dans ma vie professionnelle, je cédais mes agences au groupe Jancarthier. C’est en 2002 que je quittais le monde du voyage.

LQ : Bien que très occupé, pourquoi avez-vous voulu lancer une école supérieure de tourisme ?

BS : Je suis occupé mais organisé. Pendant longtemps, j’ai partagé mon temps en donnant également des cours dans une école de tourisme. En 2019, avec des professionnels de la formation, je décidais de lancer une école avec une nouvelle stratégie et un nouveau nom (Viaticus). J’ai la conviction que le BTS Tourisme aujourd’hui est dépassé.

Nous proposons aux étudiants un cursus avec deux formations : un Bachelor Tourisme et Marketing Digital, en 1 ou 3 ans après un bac + 2 et un MBA Tourisme et Développement international (Digital et Event) en 2 ans.

LQ : Quelle est donc cette stratégie ?

BS : Il me semble important que nos étudiants aient une formation théorique et surtout pratique. Et on insiste beaucoup sur les nouvelles technologies. J’ai eu la chance de recevoir un soutien sans faille des dirigeants de Travelfactory. Ensuite, les hôtels du groupe Barrière et Sunweb ont rejoint notre pôle entreprises partenaires. Grâce à eux, nos étudiants passent trois jours en cours et dix jours en entreprise. Je tiens à une relation « win-win ». Les entreprises peuvent rencontrer de futures recrues. Les étudiants ont la chance d’œuvrer concrètement dans les métiers du tourisme.

LQ : Comment sélectionnez-vous ces étudiants ?

BS : Celle-ci est primordiale et je tiens à ne sélectionner que des candidats ayant déjà des aptitudes très relationnelles. La capacité d’écoute et d’adaptation est primordiale pour intégrer les spécificités d’une entreprise ou d’un client.

Un Comité Pédagogique nous accompagne avec de grands professionnels comme Nicolas Brumelot (Misterfly), Laurent Abitbol (Marietton), Boris Reibenberg (Présence Assistance), et bien d’autres !

LQ – Quel est le coût pour l’étudiant ?

BS: Toutes les formations Viaticus sont proposées en rythme alterné, permettant de signer un contrat pro en CDD (dans ce cas, les étudiants sont rémunérés et leurs études sont intégralement financées. Avec une convention de stage alterné le statut d’étudiant permet de faire financer les études par l’entreprise d’accueil et de percevoir une indemnité de stage.

LQ : Combien d’étudiants sont actuellement en formation ?

BS : Nous avons actuellement 55 élèves et nous en auront entre 80 et 100 pour la rentrée prochaine. J’en profite pour annoncer un nouveau cursus mené avec Pôle Emploi afin de former des adultes en reconversion. Nous avons d’ailleurs une classe depuis le 30 Mars avec d’anciens collaborateurs Thomas Cook, XL Airways, et Aigle Azur

LQ : Combien de professeurs à Viaticus et quelles sont les spécialités enseignées ?

BS : Nous avons environ 30 professeurs dont 50% des professionnels en activité. Parmi nos professeurs, je vous cite l’exemple de Lionel Abbo qui a en charge la formation du Digital. A travers les réseaux sociaux, les datas, les influenceurs, les campagnes … le digital a radicalement transformé les métiers de service comme le tourisme et la façon de s’adresser au client.

Lionel s’efforce d’apporter un enseignement le plus pragmatique possible avec une approche très opérationnelle. Il faut que les étudiants aient un temps d’adaptation le plus court possible lorsqu’ils se retrouvent en entreprise.

LQ : Nous traversons actuellement une crise sans précédent. Le secteur du tourisme sera un des derniers à reprendre ses activités. Croyez-vous que cette période peut inciter des étudiants à rejoindre le monde du tourisme ?

BS : Paradoxalement, nous avons reçu durant la crise au moins 20 inscriptions supplémentaires. La palette des métiers du tourisme est très large et permet ainsi à de nombreux profils de trouver chaussures à leur pied.

Des questions se posent pour l’après Covid-19.
Plusieurs groupes se sont formés sur les réseaux sociaux avec de nombreux participants. Il y a sûrement de l’inquiétude mais aussi et surtout l’envie de savoir ce qu’attendent demain les touristes.

Bernard Sabbah s’est exprimé sur les possibles changements de comportements des consommateurs. Vous pouvez redécouvrir ses propos : www.laquotidienne.fr/confine-bernard-sabbah-rtl-pointe-le-tourisme/ [1]

Entretien réalisé avec Serge Fabre