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Pour un transport aérien plus propre et plus sûr

Compenser l’impact de l’augmentation des vols et des passagers sur les émissions carbone est l’objectif majeur assigné aux responsables du transport aérien réunis à l’occasion de l’assemblée de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI).

Le président de cette agence des Nations unies, Olumuyiwa Benard Aliu, a rappelé mardi dernier à l’ouverture des débats le défi qui attend le transport aérien avec le doublement d’ici 2030 du nombre de passagers, soit environ six milliards et 30 millions de vols annuellement.

Le transport aérien doit être « plus responsable dans l’intérêt de toute l’humanité » et arriver à une « empreinte carbone neutre« , a souligné Marc Garneau, ministre canadien des Transports.

transport aérien 2 [1]Pour les 191 pays membres de l’OACI, le dossier de l’environnement est le plus sensible au moment où la plupart de ces pays commencent à ratifier l’accord de Paris sur le climat.

Les émissions de CO2 du secteur aérien n’entrent pas dans l’accord de Paris (COP21), mais les délégués l’auront à l’esprit au moment de définir les contributions de l’aviation civile à la lutte contre le réchauffement climatique, selon un diplomate.

L’assemblée devrait entériner formellement au dernier jour, le 7 octobre, un mécanisme mondial de compensation des émissions carbone de l’aviation internationale (Corsia pour son acronyme anglais).

L’objectif d’ici 2035 est de maintenir, au pire, les volumes d’émission du transport aérien sur ceux qui seront observés en 2019 et 2020.

Le « panier de mesures » Corsia « sera le premier mécanisme de marché pour faire face au changement climatique de tous les secteurs industriels », souligne le Groupe d’action du transport aérien (ATAG), regroupant les compagnies, les principaux constructeurs aéronautiques, les motoristes et les aéroports.

L’objectif est ambitieux sachant que le nombre de vols va augmenter significativement, mais selon l’OACI, il est réaliste avec des carburants moins polluants, des moteurs d’avion moins gourmands et l’optimisation des routes aériennes.

Deux phases d’ici 2035

Les compagnies aériennes poussent pour l’adoption du Corsia, car c’est « un outil essentiel pour notre engagement de croissance neutre en carbone« , a indiqué Alexandre de Juniac, directeur général de l’Association internationale du transport aérien (IATA).

transport aerien [2]Le calendrier du mécanisme peut donner le vertige en s’étalant sur près de deux décennies. Il est cependant nécessaire pour d’abord en valider l’efficacité, puis embarquer la quasi-totalité des pays.

Le processus va s’étaler en deux phases, d’abord sur une base volontaire avec une première étape pilote suivie d’une mise en application, puis à partir de 2027 sur un mode obligatoire.

D’ores et déjà, près d’une soixantaine de pays, représentant 80 % du trafic aérien, dont tous les pays européens, les Etats-Unis, la Chine, le Canada et le Japon ont l’intention de participer à la première phase.

Entre 2021 et 2023, un projet pilote aura pour but de valider les mécanismes, avec des correctifs qui pourront être apportés après un bilan en 2022, selon la résolution soumise à l’assemblée de l’OACI.

Puis entre 2024 et 2026, toujours sur une base volontaire, le Corsia sera réellement mis en place à partir des crédits carbone entre les compagnies et uniquement sur les liaisons aériennes entre les pays participants à cette phase.

grignotage Europe-compagnies aeriennes du golfe [3]Entre 2027 et 2035, la seconde phase sera élargie à tous les pays à l’exception des pays les plus pauvres ou les micros Etats ou ceux qui pèsent pour moins de 0,5 % du trafic mondial de passagers.

Ces efforts pour réduire les émissions de C02 vont être soutenus par l’introduction d’une bonne dose de biocarburants, dérivés de la biomasse.

« Si l’aviation commerciale s’approvisionnait en biocarburants à hauteur de 6% de son volume total de carburants d’ici 2020, cela réduirait leur empreinte carbone de 5%« , estime l’ATAG.

L’assemblée de l’OACI doit aussi se prononcer sur des dispositions contraignantes pour les avions avec les nouvelles normes applicables sur les nouveaux modèles lancés en production à partir de 2020, et aux nouvelles livraisons dès 2023.

Une proposition prévoit aussi l’arrêt de la production des avions non conformes à partir de 2028.