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Pour en finir avec les prévisions de départ

Vainopoulos [1]Quel crédit accorder aux prévisions de départs dont nous gratifient chaque année les sociétés qui en font leur métier ? Aucun et voici pourquoi.

Crise ou pas, les chiffres  de départ restent quasi identiques d’une année sur l’autre

Les crises n’ont pas autant d’impact qu’on pourrait le penser sur les départs en vacances. Si la morosité ambiante peut conduire certains à réduire leurs dépenses sur places ou à différer leur départ, elle dissuade rarement les Français de se mettre au vert pendant douze mois d’affilée. C’est ainsi que chaque année, les chiffres des départs sont invariablement les mêmes : près de la moitié de nos concitoyens partent en vacances et un quart choisit de le faire en recourant à l’expertise d’un agent de voyages.

Les prévisions se contredisent entre elles

Preuve s’il en est du peu de sérieux des prévisions, les organismes qui en ont fait une profession se contredisent entre eux. Dernier exemple en date, les études récentes de Protourisme et d’Opinion Way sur les intentions de départ en vacances des Français. Quand la première, en mars dernier, nous annonce que « les intentions de départs (…) sont en très légère hausse pour 2012 », la seconde prévoit exactement l’inverse dans une enquête publiée ces derniers jours !

La méthodologie et les chiffres restent très secrets

Si Opinion Way a la délicatesse (et l’honnêteté) d’offrir un panorama complet des résultats de ses études, ce n’est pas le cas de Protourisme. Ce dernier ne dévoile que ce qu’il veut bien à travers un communiqué mettant en avant une sélection de résultats. Pas d’explication sur le choix de publier certains chiffres plutôt que d’autres. Rien sur la méthodologie appliquée.  Rien non plus sur l’échantillon. Difficile dans ces conditions de juger du sérieux du travail effectué…

Des études qui ignorent l’essentiel 

Plus ennuyeux encore, les prévisions de départ semblent oublier que les Français ne partent plus uniquement pendant les vacances scolaires mais répartissent leurs séjours sur toute l’année et sur des périodes plus courtes. Un mauvais résultat sur une période de l’année peut tout à fait être compensé par des pics de fréquentation à d’autres périodes. De même, les Français ont tendance à décider de leur départ de plus en plus tard. Ils peuvent ainsi déclarer en toute franchise ne pas vouloir partir et changer d’avis quelques semaines plus tard.

Que faire alors ? D’abord ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Il est intéressant de connaître les intentions de départ des Français même si je ne suis pas sûr que cela change grand-chose, ni pour les professionnels, ni pour les vacanciers. Ce genre d’étude permet au moins d’apprécier une tendance générale.

Ne jetons donc pas le bébé mais sachons renouveler l’eau du bain. Pour éviter toute confusion, il faudrait que les intentions de départ portent sur une année pour tenir compte de l’évolution des habitudes de vacanciers. Il faudrait que tous les sondages publient systématiquement leur échantillon, leur méthode et leur questionnaire (ce serait bien, me semble-t-il, la moindre des choses).

Il faudrait surtout que les chiffres portent prioritairement sur les vacanciers qui entendent partir. Cela nous éviterait d’entendre à chaque fois qu’au moins la moitié des Français ne partiront pas et permettrait de se concentrer sur le type de vacances que ceux qui partent entendent privilégier. Une perspective autrement plus intéressante !

Richard Vainopoulos