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Plaidoyer pour l’envol de l’ héliport de Paris

Voilà une plateforme parisienne dont on ne parle pratiquement jamais or c’est de loin la plus pratique pour rejoindre le centre de la capitale. L’Héliport de Paris a une longue histoire. Sa destination aéronautique date de 1905 année au cours de laquelle eut lieu le premier vol, en planeur dont le promoteur était le richissime Ernest Archdeacon.

A l’époque le « champ d’aviation » couvrait une superficie de 120 hectares. Le premier décollage de ce qui pourrait ressembler à un hélicoptère a
été réalisé en 1922 par un dénommé Raoul Pateras Pescara. Les avions qui ont occupé pendant longtemps ce terrain ont été bannis en 1953 et, depuis cette époque, seuls les hélicoptères peuvent encore opérer.

Petit à petit les habitations ont progressivement mangé les surfaces qui ont été réduites jusqu’à 10 hectares en 1958 pour laisser la place au boulevard Périphérique. Pour la petite histoire, rappelons que la compagnie belge Sabena a opéré une liaison régulière en hélicoptère entre l’Héliport de Paris et Bruxelles de 1957 à 1962.

La situation actuelle est, il faut bien le reconnaître, peu enviable. Cerné par des tours construites sur l’emprise d’Issy des Moulineaux, bordé par les bâtiments du Pentagone français, cette installation est soumise à de très fortes contraintes d’exploitation : pas plus de 12.000 mouvements par an, soit 33 en moyenne par jour, assortis de nombreuses interdictions dont celles liées aux survols touristiques de la capitale, sauf à ce que les passagers s’arrêtent au moins pendant 1 heure au cours de leur vol avant de se reposer. Et cela ne suffit pas. La superficie qui a été depuis réduite à 7 hectares, va encore être amputée de 3 autres hectares en 2019.

Bref, on voudrait tuer ce qui peut être un exceptionnel outil de développement et de prestige de Paris qu’on ne s’y prendrait pas autrement. Il a fallu d’ailleurs que la DGAC, riveraine de l’héliport, mette son véto, pour préserver un accès rapide à Paris en cas d’urgence, à la fermeture demandée en particulier par la Mairie de Paris pour que l’héliport soit encore en activité.

Or il serait tout de même très intéressant de développer cette plateforme et ce pour plusieurs marchés, certes de haut de gamme, mais après tout, ce sont les plus fortunés qui amènent la plus grande valeur ajoutée.

La Protection Civile garde sa place et a basé plusieurs hélicoptères et c’est bien heureux. Une compagnie privée Hélifirst reste aussi la seule à opérer de manière permanente, mais son exploitation est freinée par une infrastructure somme toute sommaire : peu de parkings pour les clients, un accès quelque peu difficile et un bâtiment qui gagnerait certainement à être plus grand.

Sauf que comment investir lorsqu’on n’est pas certain de la pérennité des installations ? Et puis les contraintes d’exploitation héliportées en région parisienne n’aident pas au développement du transport par hélicoptère.

La raison essentielle invoquée est le volume des nuisances sonores. Je veux bien, mais les cheminements des hélicoptères en région parisienne sont suffisamment contraignants pour que les populations riveraines ne soient pas impactées. Il faut savoir que les hélicoptères doivent survoler la
Seine et le périphérique pour accéder à l’Héliport de Paris et que le bruit des appareils se confond totalement avec celui des voitures.

De nombreux tests réalisés lors de l’exploitation de la ligne régulière entre les aéroports parisiens et l’héliport par la défunte compagnie Hélifrance peuvent en attester.

Reste qu’il serait tout de même intéressant de pouvoir rouvrir une desserte des aéroports parisiens, régulière ou à la demande, compte tenu de l’infernal trafic que les passagers doivent supporter pour accéder à la capitale.

Encore faudrait-il que les hélicoptères soient les bienvenus aussi bien à Roissy où les frais de touchée sont calculés pour décourager tout opérateur sensé qu’à Orly où les déposes par hélicoptère sont purement et simplement interdites.

La capitale s’honorerait de posséder une liaison rapide et de grande qualité entre les trois aéroports en incluant bien entendu Le Bourget qui accueille les avions privés lesquels sont utilisés par une clientèle largement capable d’utiliser les hélicoptères.

La compagnie Hélifirst a résisté à toutes les contraintes. Elle le doit à la pugnacité de ses dirigeants qui envisagent même de créer une ligne régulière entre l’Héliport de Paris et le centre de Londres : 1 heure 30 minutes de vol de centre-ville à centre-ville, le tout pour le prix de la « business classe ».

Petite question, pourquoi ne pas faciliter cet opérateur au lieu de lui mettre les bâtons dans les roues ? La ville de Paris a-t-elle à y perdre ou à y gagner ?

Jean-Louis Baroux