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Ces petites princesses d’argent du Guizhou …

Echoué dans le sud-ouest de la Chine, entre le Yunnan et le Sichuan, le Guizhou est une province oubliée par le progrès. Les minorités ethniques des Miao, Gejias, Shui, Yao et tant d’autres y ont conservé une identité culturelle intacte. La pauvreté des paysans n’a d’égal que la richesse de leurs traditions et l’opulence des parures féminines. Depuis la nuit des temps, les femmes Miao arborent une coiffe d’argent massif que leur aurait enviée le plus magnifique des souverains.

Un peuple hors du temps

Les Miao se concentrent particulièrement autour de Kaili, leur capitale régionale.

Isolés au flanc de collines découpées en une marqueterie de couleurs criantes, humblement regroupés au sein de villages construits en bois et pierres, les Miao et autres minorités ethniques mènent une existence des plus rustiques, au rythme d’une agriculture archaïque, dans une autarcie presque totale. Les Miao ne possèdent rien ou presque, mais ce peuple goûte la simplicité et l’authenticité d’une civilisation inchangée.

La population, empreinte d’une richesse que seule une tradition millénaire et préservée par l’isolement procure, vit modestement de la culture du colza, du maïs et surtout du riz recueilli sur les terrasses irriguées par un système hydraulique activé par des roues en bois.

princesses d'argent-miao-ghuizou-3 [1]L’une des traditions les plus éclatantes du Guizhou réside dans les broderies exécutées par les femmes Miao pour leurs costumes de fêtes qu’elles portent fièrement à la moindre occasion. Ces broderies demandent de nombreuses années de travail. Et pour parfaire la beauté de leurs femmes, les hommes travaillent et cisèlent les magnifiques parures d’argent.

Une parure d’argent et de broderies pour unique capital

C’était pour le mariage, à l’origine, qu’étaient confectionnées ces extraordinaires parures, unique capital et seul bien précieux de la famille. C’est au dernier étage des grandes maisons à peine chauffées par quelques braises de charbon de bois (-15° au mois de mars) que se conservent les trésors : vêtements, coiffes et bijoux d’argent et réserves de nourriture.

princesses d'argent-miao-ghuizou-2 [2]Les Miao économisent tout au long de leur vie pour offrir à leur fille le plus beau costume et les plus beaux bijoux, casques et cascades d’argent qu’elles disposeront sur leur tête et leur poitrine en collier, bracelet et boucles d’oreilles. Selon la richesse de la famille, le costume et la parure pèsent entre 8 et 15 kg et sert, aujourd’hui, en maintes occasions. Tout au long du calendrier lunaire se succèdent des fêtes. Le festival floral est l’occasion pour les Miao d’exposer une fois par an, la richesse et la vivacité de leur culture.

Le culte de l’esprit

Les Miao pratiquent le culte des esprits. les esprits de leurs ancêtres, mais aussi ceux du ciel, du vent, de l’eau et des forêts. Ils sont présents partout, en tout instant et en toutes choses. Ils vénèrent notamment le buffle pour sa force, ce qui explique ces parures d’argent surmontées de longues cornes. Les animaux, les arbres, les fleurs, les montagnes, les oiseaux sont autant d’éléments dont s’inspirent les coiffes.

Chaque motif à sa signification. Ainsi, une fleur stylisée représente la chance, le dragon, le phœnix et le poisson symbolisent un avenir prospère, le buffle et le bœuf sont les emblèmes de la force, les oiseaux, ceux de la liberté. Quant aux motifs de tigres et de lions, on les trouvent essentiellement sur les coiffes d’enfants car ils ont, paraît-il, le pouvoir de protéger, de repousser la maladie et les accidents.

Les Miao respectent la nature et savent préserver ses équilibres au point de reconnaître une âme en tout être et en toute chose. Il se considèrent comme une humble partie seulement du tout universel, la création…

Eric Pasquier