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On a testé Thello, le train de nuit Paris-Venise

Premier opérateur ferroviaire alternatif de transport de passagers en France, Thello, filiale de Trenitalia, propose deux lignes quotidiennes à nulle autre pareille. Une de jour entre le sud de la France et le nord de l’Italie. Une de nuit entre Paris et Venise. C’est cette dernière que nous avons testé en couple.

Rendez-vous à l’immense Gare de Lyon. La présence de la boutique Thello nous laisse imaginer un départ du Hall 1. Il est près de 19 heures quand nous nous présentons devant la porte de notre wagon à l’agent d’accueil multi langues en parka rouge. Vérification des billets, mot de bienvenue et aide à la montée des bagages (avec Thello, on a le droit à deux valises et un sac par personne).

Nous avons réservé une cabine-lit entière, soit pour nous deux, trois couchettes rabattables, deux fauteuils face à face, une petite table, une penderie et un cabinet de toilette. Nos couettes, oreillers et serviette sont sous plastique scellé. Dans un coffret d’accueil, pour chacun, une fiche explicative du voyage, une lingette, une bouteille d’eau, un jus orange-citron-carotte, un paquet de gâteaux apéro … et une petite bouteille de prosecco. Ca commence bien !

Quelques minutes après le départ (à l’heure), l’agent passe à la cabine donner les bons pour le petit-déjeuner offert qui sera servi à partir de 5h30, et prendre nos passeports. Il se chargera de les présenter à la frontière en cas de contrôle au milieu de la nuit afin de ne pas avoir à nous réveiller. On les récupérera dès l’arrêt à Milan. Une fois savouré notre prosecco, direction le wagon-restaurant. Des sièges rouges et gris rabattables façon cinéma nous attendent. Sur la carte, un choix d’encas et plats préparés. Nous optons pour un confit de canard. Pas trop onéreux, vite servi après une tapenade offerte et plutôt bon. Le vin par contre se vend au prix d’un champagne et corse l’addition : 46€ à deux.

Sur le retour, on croise l’agent et lui demandons comme prévu d’installer maintenant nos lits. Déception : les matelas ont le confort d’une planche de bois.

La Magie du train

C’est là qu’intervient la magie du train. Le frottement régulier des roues sur les rails et le bercement nonchalant des voitures ont des vertus de retour en enfance quand le train de nuit était d’un usage courant. Et on s’endort facilement.

Au réveil, nous serons en Italie sans avoir rien ressenti de décalage ou stress. Comme nous roulons en semaine, le passage se fait directement entre les deux pays via Modane où un stop d’une demi heure à trois quart d’heure est obligatoire pour les contrôles… ou pas.

(Le week-end, Thello prend un itinéraire par la Suisse et le zèle des douaniers peut alors être plus pénalisant pour l’horaire).

En plein sommeil, nous n’avons pas vu l’arrêt à Modane.
Frais et dispos, nous ouvrons les yeux sur les sommets enneigés des Alpes sortant doucement de l’obscurité. Milan est pour bientôt et on fonce au wagon-restaurant. Avec nos billets, le petit-déj est donc compris avec au choix un petit-déj français, italien ou international.

En réalité, c’est croissant couvert de sucre pour le français, le même à la confiture ou au chocolat pour les versions italienne ou internationale. Pas terrible. Le café et le jus d’orange qui accompagnent font passer la pilule.

L’arrêt à Milan est prévu pour durer 20 minutes et il faut bien ça car quasiment la moitié du train y descend. Les usagers avisés du rail ont bien compris l’intérêt de Thello.

En stoppant dans la capitale de Lombardie, c’est un vrai hub qui s’offre aux voyageurs. De Milan, déjà magnifique à visiter en elle-même, on est à portée des lacs italiens et de toutes les grandes villes de la Botte par de nombreuses correspondances vers Rome, Gênes ou Naples par exemple. Attaché-case en mains, des hommes d’affaires et vrp se mêlent aux touristes : partis le soir de Paris, ils sont au centre de Milan à 7H après avoir pu travailler et dormir dans le train sans stress, ni éloignement d’un aéroport. Et sens inverse avec les mêmes avantages, en fin de journée s’ils le veulent.

Un retour différent

Nous non plus, nous n’irons pas jusqu’au terminus Venise Santa-Lucia.
Nous sommes le 14 février et en cette fête mondiale des amoureux, nous descendons à Vérone, cité de Roméo et Juliette. Avec vingt minutes de retard sur l’horaire annoncé. Une ville superbe sous un franc soleil, que demander de mieux ! Trois jours plus tard, nous reprenons le chemin du retour de la gare Porta-Nuova de Vérone (ce que l’on a fait entre temps reste un secret, non mais !). Là, il faut faire vite pour se repérer et monter dans notre wagon. Le stop n’est que de 3 minutes.

Notre agent d’accueil est une femme, très aimable et sympathique. Par contre, notre cabine-lit a réduit en taille. Plus de penderie, plus de fauteuils en face à face ni de table. Le kit confort (chaussons, masque, savon, dentifrice…) est cette fois présent dans le cabinet de toilette alors qu’il avait bizarrement manqué à l’aller. Et les matelas sont bien plus moelleux.

Récupération des passeports, prosecco, wagon-restaurant, montages des lits, coucher… nous connaissons le processus. Sauf que sur ce retour, le souhait d’assister au passage de frontières à Modane nous a fait nous réveiller juste un quart d’heure avant. Re-habillage et descente sur le quai. Il est 2h15 et la neige recouvre les rails.

De gros tas ont été montés pour libérer les accès aux trains. Sur le quai d’en face, surprise : un autre Thello… qui descend en sens inverse vers Venise.

A bord de celui-là, des douaniers en nombre semblent s’activer et de jeunes passagers en profitent pour descendre et engager une bataille de boules de neige. Ca sent les vacances.

Le temps de quelques cigarettes pour nous et les agents de notre train, le signal du départ est donné. A priori, les douaniers ont assez de travail sur l’autre et nous disent de partir sans attendre davantage.

Au terminus en Gare de Lyon à Paris, nous aurons tout de même à nouveau vingt minutes de retard. Une broutille après quelques 12 heures de voyage. Au bilan, les plus l’emportent largement sur les moins. Thello nous a conquis et ce n’était pourtant pas gagné d’avance.

Pratique

Thello propose plusieurs niveaux de voyage. Des compartiments 4 ou 6 couchettes, des cabine-lits 1,2 ou 3 personnes, des cabines Premium 1 ou 2 personnes. Il dessert au quotidien Dijon en France et en Italie, Milan, Brescia, Vérone, Vicence, Padoue, Venise Mestre et Venise Santa-Lucia. A partir de 35€ l’aller.
www.thello.com [1]

Yves Pouchard