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L’Irrésistible ascension du modèle Low Costs

baroux-1 [1]Le magazine Airline Business vient de publier les résultats des 45 premières “low costs” mondiales. Et l’analyse des chiffres est très intéressante.

D’abord le volume : les 10 premières compagnies américaines (nord et sud) transportent 279,4 millions de passagers, les 10 premières d’Asie-Pacifique 154,3 millions et les 10 premières européennes 240,2 millions.
Au total, cela représente 673,9 millions de passagers.

Au fait qui a dit que le phénomène « Low Cost » ne pouvait pas réussir en Europe, continent trop petit pour être adapté à ce type de compagnies ?

Ensuite les résultats. Les 45 transporteurs cités réalisent un chiffre d’affaires de 83.773 millions de dollars.

Cela représente tout de même 11% du total du transport aérien mondial. Ce ratio est d’autant plus impressionnant que dans les 45 compagnies une seule réalise du long courrier : Air Asia X et son volume est encore peu significatif.

Enfin la rentabilité. A eux seuls, ces transporteurs ont réalisé un profit net de plus de 3 milliards de dollars en 2013 soit plus du tiers du profit du transport aérien mondial estimé à 8 milliards de dollars et encore 2013 est reconnue comme la meilleure année depuis très longtemps.

Seules 8 compagnies ont perdu de l’argent le pire résultat revenant au Brésilien GOL avec une perte de 332 millions de dollars, mais cependant la compagnie se redresse car elle a réalisé un profit d’exploitation de 122 millions de dollars

Que faut-il retenir de cette avalanche de chiffres ?

D’abord que ce type de transport s’est durablement installé dans le paysage du transport aérien. Il a même façonné l’offre des compagnies traditionnelles qui ont été obligées d’aligner leur produit et leurs tarifs sur ce nouveau modèle.

Ainsi on ne voit pas comment une compagnie court-courrier pourrait ne pas appliquer les bases marketing du « low cost » : un prix d’appel très bas, valable même pour un aller-simple, un système de « yield management » simplifié : plus on s’approche de la date de départ et plus c’est cher et des recettes annexes de plus en plus conséquentes.

Il est d’ailleurs à noter que la stratégie même du NDC « New Distribution Capability » qu’IATA veut mettre en place à l’horizon 2017, vise justement à décomposer le produit jusque-là packagé, en une foule de sous-produits que l’on pourra acheter séparément et combiner à loisir. On n’est pas loin du moment où les recettes des « ancilliary products » seront supérieures à celle du produit transport.

C’est d’ailleurs ce qui se passe déjà dans la gestion des grands aéroports.

La répartition de ces compagnies est aussi intéressante : 8 compagnies en Amérique du Nord dont le géant Southwest Airlines qui représente à lui tout seul 21 % du chiffre d’affaires total des transporteurs analysés et 4 en Amérique Latine, 8 en Europe, 3 au Moyen Orient, 2 en Afrique du Sud et … 20 en Asie Pacifique.

Le transport aérien asiatique est tiré en presque totalité par ce type de transport parfaitement adapté à une clientèle sans grandes exigences, tout au moins pour le moment, et qui a un furieux besoin de déplacements dans un continent où les infrastructures au sol restent faibles.

Il est intéressant de voir combien l’Indonésie est l’exemple type d’un pays où le transport « low cost » est amené à se développer.

Qui connaissait Lion Air avant que ce transporteur ne passe une commande historique à Airbus ? Or d’ores et déjà la compagnie transporte plus de 34 millions de passagers et affiche une croissance de 10 %. Combien de compagnies européennes peuvent se targuer de tels résultats ?

On peut d’ailleurs se demander pourquoi ce qui réussit si bien dans cette partie du monde n’aurait pas des résultats identiques en Afrique où les fondamentaux économiques ressemblent à ceux de l’Asie.

Encore faut-il trouver un opérateur fiable et que les Etats Africains se décident enfin à créer un « Open Sky » à l’échelle du continent, seule manière d’attirer des investisseurs.

Reste un constat affligeant. Dans la liste des 45 premiers transporteurs « Low Cost » mondiaux on trouve, pour l’Europe, un Irlandais, un Anglais, un Norvégien, un Espagnol, 2 Turcs, un Hongrois, un Allemand, mais pas un seul Français ! Cherchez l’erreur.

Jean-Louis Baroux