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Les professionnels du tourisme sont-ils inévitablement condamnés à mourir ?

Le coronavirus, ce minuscule et impitoyable tueur, à mis à mal la belle machine à vendre des voyages à l’étranger et de la billetterie. A cause de lui, l’économie mondiale est provisoirement terrassée et pas seulement celle du seul tourisme qui perd actuellement 85 % de son activité habituelle.

Les pays réagissent souvent selon leurs caractéristiques nationales acquises depuis longtemps.
Traditionnellement, les français discutent, ergotent, vitupèrent, bref, ils parlent. Mais pourquoi agiraient-ils puisqu’ils s’expriment ?

Là, je parle bien sûr des grandes voix de la profession. Celles qui occupent le devant de la scène médiatique. Les ténors.
Celles qui à force de rédiger des lettres ouvertes et de communiquer sur leurs préoccupations personnelles du moment peuvent forcer le Président de la République à ouvrir une boite postale dédiée.
C’est donc la grandiloquence qui s’impose pour la circonstance.

Il y a la version rom :
« Le voyage meurt, s’il vous plait donnez-lui de l’argent pour qu’il puisse manger, s’il vous plait. »
La version plus martiale :
« Save private travel agent. »
Ce ne sont que quelques exemples récents pris au hasard.

La version bruyante et moins loquace : Faire un tintamarre de casseroles sous les flashs des photographes.
Tout cela est bien sympathique, mais inefficace et décalé.

Tous agissent en ordre dispersé, chacun s’occupant de ses propres problèmes. Pourtant, tout est lié.
Jules César le savait, c’est ainsi qu’il conquit la Gaule.

Et puis, il y a les néerlandais, les bataves, petit peuple jamais totalement confiné. Un pays pragmatique et décidé dont l’ANVR, le syndicat professionnel hyper représentatif de ses adhérents, assigne les transporteurs aériens qui ne remboursement pas les billets d’avion non volés. Une façon comme une autre de gérer son temps et d’être utile à leur communauté. Cela a au moins le mérite d’être concret.

Cela ne sauvera certainement pas les agents de voyages hollandais car tout le monde vit le même drame. Mais en attendant la fin de cet épisode qui arrivera inévitablement, cela occupe d’une manière qui va dans le sens de l’équité. Les clients, même les plus défiants, apprécieront.

Pendant ce temps, en France, nos institutionnels sont reçus sous les ors de la République jacobine.
Pour prendre note des décisions gouvernementales qui financent massivement l’inactivité quasi totale de la profession. Un bien pour un mal c’est évident. En clair, cela peut se résumer en : « Puisque ces mystères nous dépassent feignons d’en être l’organisateur. » (Sacha Guitry.)

Alors, le seul objet digne d’intérêt reste l’argent, les subventions et autres prises en charges financières.
C’est vrai que c’est indispensable. Ce qui nous rappelle cruellement qu’il n’y a toujours pas de vrai Ministre du tourisme.

Aucun interlocuteur dédié ayant un véritable pouvoir décisionnaire. Tout au plus, un secrétaire d’Etat rattaché au Quai d’Orsay, ministère qui gère, surtout en ce moment, la fermeture des frontières.

Cruel rappel à la situation. La profession serait-elle aussi peu importante aux yeux des politiques ? Cela doit expliquer l’abondance de communication ?

Bref les agents de voyages français attendent, comme nos ancêtres les gaulois, que le ciel leur tombe sur la tête.

Une perspective peu réjouissante, mais qui vient de la nuit des temps. Dommage que nous soyons si diversifiés, si dispersés également.

François Teyssier