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Le boss du plus grand salon français du tourisme, confiné, nous dit tout

Frédéric Lorin, le Directeur de IFTM Top Resa, est contraint et forcé de rester à la maison. Cela ne l’empêche pas toutefois de continuer à vaquer à ses occupations professionnelles et de préparer activement, en même temps que son grand nettoyage de printemps, la prochaine édition, au second semestre, du plus grand salon français du tourisme.

La Quotidienne : Comment vivez-vous ce confinement forcé ?

Frédéric Lorin: Cela dépend de quel point de vue je me place. Sur le plan personnel je le vis plutôt bien, comme une espèce de pause, de respiration, d’arrêt sur image, forcés certes mais qui sont l’occasion d’un recentrage, d’un retour sur soi, de réflexions en profondeur sur le sens que l’on veut donner aux choses et sur la façon de les aborder.

Sur le plan professionnel c’est différent et plus difficile car ce confinement est également synonyme du gel effrayant de l’activité tourisme. Cela génère chez moi de l’inquiétude car c’est une crise sans précédent pour le secteur mais aussi de l’optimisme- je suis construit comme ça- car je connais la capacité incroyable de résilience de notre industrie qui sait toujours se relever et repartir au combat après avoir trébuché même durement.

De par mon métier et mes fonctions mais surtout par passion je suis viscéralement attaché au monde du tourisme et compte bien faire ma part et toute ma part au moment de la reprise.

LQ : y a-t-il des comportements qui vous ont choqué ou au contraire impressionné pendant cette crise ?

FL: J’ai été comme tout le monde absolument émerveillé et admiratif par cette mobilisation et ce dévouement incroyable du personnel soignant dans de telles circonstances. Car même si la majorité d’entre eux répond à ceux qui les interrogent qu’ils font « simplement leur métier » il est clair qu’ils font bien plus, jusqu’aux limites de la résistance physique et psychologique. Je suis par ailleurs assez touché voir attendri par cette nouvelle bienveillance dans les relations avec des inconnus qui vous sourient et vous disent bonjour en vous croisant.

En revanche, je suis très agacé voir ulcéré par ces millions de gens qui ont un avis sur tout et qui assènent des vérités ou des critiques comme s’ils étaient des épidémiologistes reconnus ou aux manettes de la gestion si difficile de cette crise inédite. C’est un peu comme pendant la coupe du monde de football ou la France compte 66 millions de sélectionneurs.

Aujourd’hui l’heure est à la cohésion, à la solidarité, à l’entraide pour combattre ce mal invisible et construire ensemble la reprise.
Le temps des explications viendra mais viendra plus tard.

LQ : Comment voyez-vous le secteur du tourisme à l’avenir ?

FL : Pour reprendre une formule déjà un peu éculée, « le temps d’après ne sera pas le temps d’avant ».
C’est une évidence, et une nécessité.

Une crise, si grave soit elle, a toujours au moins une vertu, celle de la remise en question des modèles.
Les attentes des voyageurs vont changer avec sans doute une plus grande attention portée à leur sécurité tant physique que financière.

Je pense également qu’une plus grande conscience de notre environnement et de l’empreinte que nous y laissons en voyageant seront bien plus pris en considération.

Il faut également espérer à l’avenir que le prix bas ne soit pas le seul référentiel car ce n’est jamais un cercle vertueux. Mais encore une fois la résilience, l’adaptabilité et la créativité des acteurs du tourisme seront au rendez-vous. Je le sais, je le crois au plus profond de moi-même. Rien ne pourra jamais tuer l’envie de voyager

Propos recueillis par PR