C’est peu dire que la destination fait rêver voir fantasmer les voyageurs amateurs de grande aventure. Et si cette jeune république, indépendante depuis 1991, mise à fond sur le tourisme et sur son incroyable patrimoine architectural elle va devoir aussi gérer les flux touristiques un défi de taille pour le pays.
Pour le président Shavkat Mirziyoyez, dont le visage s’affiche sur les grandes routes et dans les principales villes du pays, pas le doute, le tourisme représentera dans les prochaines années, avec le coton et les minerais, l’une des clés du développement futur de ce qui n’était il y a 34 ans encore qu’un territoire de l’ex-URSS.
Les derniers chiffres du gouvernement de Tachkent confirment la tendance : en 2023 le pays a accueilli 6,6 millions de visiteurs soit une augmentation de 27 % par rapport à 2022 et les autorités Ouzbèkes espèrent atteindre les 15 millions de touristes d’ici 2030.
Et cette évolution on l’observe déjà très nettement dans la mythique cité de Samarkand ou il faut parfois jouer des coudes notamment avec les visiteurs russes, très nombreux depuis de début de la guerre en Ukraine « comme ils ne peuvent plus voyager en Europe, les russes viennent chez nous ! » me confiait un guide touristique qui fait remarquer que le russe reste la seconde langue parlée dans le pays.
Mais il faut relativiser et surtout ne pas céder à la tentation de dire que Khiva, Boukhara et Samarkand sont dors et déjà victime du surtourisme.
On en est encore très loin et si les autorités en charge du développement touristique de ces sites s’en donnent la peine, en proposant par exemple des visites avec des horaires déterminés, il est plus que probable que même en se développant l’Ouzbékistan fera encore rêver et pour longtemps encore des générations et des générations de voyageurs.
Khiva, Boukhara, Samarkand : le trio magique d’un voyage
Pour découvrir les principales villes du pays souvent vieilles de plus de 2 500 ans et qui nous donnent l’impression d’être dans un musée à ciel ouvert ou sur un gigantesque plateau de cinéma ou viendrait de s’achever le tournage d’un film d’aventure, rien de plus simple, il suffit d’embarquer sur les vols intérieurs d’ Uzbekistan airways qui utilise des Airbus A320 ou de monter dans l’Afrasyab, le tgv ouzbèke ultra confortable et qui offre à bord, même en seconde classe, un service de très haut niveau et ce avec des billets ne dépassant pas les 15 euros pour deux heures de voyage.
Ensuite il vous suffira de vous laisser porter de mosquée en mausolée en passant par les incontournables minarets, comme le minaret court de Khiva, l’un des endroits les plus « instagrammés » du pays.
Vous ne pourrez pas manquer non plus les madrassas, ces anciennes écoles coraniques ou les étudiants ont été remplacés par des commerçants proposant de l’artisanat local élaboré sur place mais aussi, parfois, des souvenirs « made in china ».
Un conseil toutefois faites confiance aux agences réceptives locales pour organiser vos découvertes et vous proposer des guides 100 % francophones ce qui n’est pas difficile car explique t’on chez Karavan Travel « dans les écoles Ouzbèkes le français est l’une des langues que l’on apprend le plus y compris aux très jeunes enfants » d’ailleurs dans la famille Sanakulov, qui possède cette agence, tout le monde parle un français remarquable et envisage l’avenir touristique du pays avec enthousiasme puisque les cinq frères et deux sœurs Sanakulov projettent d’ouvrir dans les prochaines années un hôtel chic à Samarkand.
15 millions de visiteurs en 2030 ?
Après quelques jours en Ouzbékistan on constate que le défi du président Mirziyoyez est loin d’être un pari fou.
Le pays a déjà fait de gros efforts pour attirer de plus en plus de touristes et peut compter notamment pour la restauration et la préservation des sites historiques sur le soutien de l’UNESCO.
Reste tout de même un challenge de taille : celui de quitter les mauvaises habitudes de dizaines d’années sous la coupe de l’URSS pour organiser le tourisme de façon moderne et responsable et en faire une activité totalement rentable.
Il faudra aussi que la compagnie aérienne nationale modernise son offre et se mette au niveau des standards internationaux.
Cette marche en avant des professionnels du tourisme a déjà commencé notamment dans les agences réceptives qui aujourd’hui accompagnent la majeure partie es TO européens, des professionnels du tourisme qui peuvent aussi compter sur l’adhésion de la population et sur le traditionnel accueil ouzbèke.
Philippe Lefebvre