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Grèce et Tunisie : Realpolitik touristique ou optimisme concret ?

alea-jacta-est [1]La situation géopolitique actuelle confirme l’opportunisme et le calcul froid de la totalité des acteurs du monde du tourisme. A moins que ce ne soient les conséquences d’un optimisme concret.

Je m’explique.

Depuis des décennies, le tourisme low cost est une spécialité incontournable de la Tunisie. Un pays qui savait et pouvait proposer des petits prix attractifs pour le tourisme populaire avide de balnéaire. Et qui présentait en plus l’avantage pour les touristes hexagonaux de parler le français.

C’est également un symbole de démocratie parlementaire et de libéralisme laïc unique dans le monde arabe.

Un pays musulman ami et occidentalisé.

Dans le même temps la Grèce, le berceau de la civilisation, créateur du concept de la démocratie. Un pays riche d’un patrimoine culturel immense. Un pays actuellement dirigé pour un gouvernement ultra nationaliste de l’extrême gauche radicale. Syriza qui est en lutte ouverte avec la communauté européenne pour ne pas avoir à rembourser la dette abyssale de la Grèce.

En d’autre temps, une situation qui aurait rebutée bon nombre de touristes. Pour le principe ou le symbole, c’est selon. Mais les temps changent.

Et puis, le terrorisme est passé par là. D’odieux attentats ont été perpétrés en Tunisie. Le moyen efficace imaginé par daesh pour faire revenir la Tunisie dans « le droit chemin » du salafisme intégriste.

La Tunisie n’est pas un pays belliciste. Elle désire seulement accueillir en paix des touristes qui représentent une part non négligeable de son PIB. Une cible idéale et facile pour des brutes sanguinaires. Vae victis Courage, fuyons.

Les conséquences sont inéluctables, les touristes craintifs fuient en masse, mais qui peut vraiment leur en vouloir ? Aujourd’hui, leur seule quête est d’être en sécurité. Et puis, être musulman semble être devenu aujourd’hui un statut rédhibitoire. Sans doute le fameux choc de civilisation ?

Alors, tout s’organise, si j’osais, j’affirmerai harmonieusement. Professionnels et touristes (consommateurs) se tournent rapidement vers la Grèce qui devient un nouvel eldorado accrédité par les faits.

Candide ou optimiste ?

La Grèce, un pays en cessation de paiement ? Qu’importe, il suffira aux touristes d’emporter des espèces. Et puis, si le Drachme revenait, certains professionnels pragmatiques, voire cyniques supputent déjà que ce pourrait être une excellente affaire.

En théorie, le moyen opportuniste de créer une nouvelle destination low cost attractive. La nature a horreur du vide.

Realpolitik en tout cas.

Ultime argument déculpabilisant. Les Grecs sont orthodoxes, donc chrétiens. Alors, il n’y a pas d’effet sans cause « tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. » Tout étant fait pour une fin, tout est nécessairement pour la meilleure fin.

Ceci dit, nos chers touristes pourront continuer à bronzer idiot. Ailleurs et en toute sécurité. En attendant, qui se souciera demain de nos amis Tunisiens. Ils sont actuellement de facto l’ultime rempart contre la barbarie qui est déjà proche de leurs frontières. Donc des nôtres.

De l’autre côté de la méditerranée, et oui, c’est la France.

Votre dévoué,

Lucius Maximus,
Sénateur indépendant