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Des transporteurs européens détenus au-delà de 49 % par des étrangers

 

La Commissaire Européenne aux Transports a tenu une conférence de presse afin de détailler les mesures qui pourraient se mettre en place rapidement. Parmi celles-ci, on y trouve la possibilité pour des non-européens de détenir une compagnie aérienne européenne au-delà du seuil actuel qui est de 49 %.

Par exemple, Etihad Airways qui est propriétaire d’Alitalia à hauteur de 49 % pourrait devenir actionnaire majoritaire.

Une petite révolution dans le monde des compagnies aériennes.

Les associations professionnelles jugent le plan inadapté et sans ambition. Les restrictions sur l’investissement étranger pourraient être assouplies

La Commission Européenne pourrait donc assouplir les restrictions sur l’investissement étranger dans les compagnies aériennes européennes. Aujourd’hui, les non-européens ne peuvent investir qu’un maximum de 49 %. Demain, les étrangers pourraient détenir en totalité une compagnie aérienne européenne.

En théorie Qatar Airways, qui détient actuellement 10 % de British Airways société mère d’International Airlines Group, pourrait à l’avenir être autorisés à prendre le contrôle de l’ensemble de l’entreprise. De la même façon, Etihad pourrait détenir en totalité Alitalia ou Air Berlin.

De nouvelles mesures pour lutter contre les pratiques déloyales

La concurrence des transporteurs du Golfe n’a pas été explicitement précisée. On préfère une formule plus diplomatique sur des mesures globales pour lutter contre les pratiques déloyales de pays tiers. Au lieu d’avoir des accords bilatéraux individuels entre des états membres, la commission préfèrerait de nouveaux accords globaux.

Ceux-ci engloberaient les droits de trafic, la gestion du trafic aérien, la sécurité, la concurrence, l’environnement, les questions sociales et les droits des passagers.

La Commission voudrait un mandat pour négocier avec d’autres états

L’Union Européenne a déjà des accords aériens avec les États-Unis et le Canada. Elle est en train de finaliser un avec le Brésil. La Commissaire Européenne voudrait un mandat pour aller négocier d’autres accords. Plus précisément, la Commission demande la permission de négocier des accords avec l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE). Ce serait le premier accord de l’UE avec une association de pays, couvrant Brunei, Cambodge, Indonésie, Laos, Malaisie, Myanmar, Philippines, Singapour, la Thaïlande et le Vietnam.

La commission voudrait également pouvoir négocier des accords aériens avec la Turquie, la Chine, le Mexique, l’Arménie et le Conseil de coopération du Golfe (CCG).

Relance du ciel unique européen

L’Europe devrait atteindre 14,4 millions de vols en 2035. La fragmentation de l’espace aérien coûterait à l’industrie aéronautique au moins 5 milliards € par an. La Commission souhaiterait étendre le ciel unique européen, au-delà des frontières de l’UE.

Bon, il va falloir tout de même arriver à le faire en Europe. Ce n’est pas gagné, il y a des poches de résistances…

D’autres thèmes ont été abordés dont la sécurité, le social et un sommet sur l’aviation en Janvier prochain

Les réactions des associations professionnelles ne sont pas positives

Alors que la Commissaire présente sa stratégie comme un « plan d’action global et ambitieux », six associations de compagnies aériennes européennes ont publié une déclaration commune appelant à des mesures concrètes et plus spécifiques. Elles réclament en particulier un suivi plus concret et des actions dans des domaines comme la fiscalité. Ces six associations sont : l’Association des compagnies aériennes européennes (AEA), l’Association européenne de l’aviation d’affaires (EBAA), European Express Association (EEE), European Low Fares Airline Association (ELFAA), Régions Airline Association européenne (ERA) et l’Association internationale des transporteurs aériens (IACA).

On le voit, il y a un fossé entre les fonctionnaires européens et les professionnels de l’aéronautique. Ce ne serait d’ailleurs pas la première fois que les politiques seraient en déphasage avec le monde réel en matière de transport.

Serge Fabre