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Des modèles économiques de voyages à revoir … vite

Dans mon dernier article, je parlais ici de l’évolution des espèces définie par Charles Darwin, je rapprochais sa théorie à l’évolution globale des agences de voyages, une entité qui, dans mon esprit, comprend aussi bien l’agent de voyages en tant que personne physique que l’agence en tant que lieu immobilier.

Mais, le voyage, la raison d’exister des agences de voyages, à beaucoup évolué depuis sa création par Thomas Cook en 1841.

Pendant 120 ans, l’agent de voyages était le deus ex machina qui fabriquait du rêve pour ses clients en leur vendant la liberté de partir ailleurs, dans l’inconnu. Tout à la fois conseiller, fabriquant, assembleur de prestations, vendeur.

Ses compétences personnelles étaient le garant de la réussite de ses voyages. Un artisanat de luxe destiné souvent aux plus fortunés.

Puis, au début des années 70, sous l’impulsion de quelques pionniers vint le temps des tours operators. Ce fut l’émergence rapide des organisateurs de voyages. Ce besoin répondait à l’évolution de la société. La volonté de démocratisation, le voyage accessible à tous.

Tout devenait plus grand : les aéroports (construction de l’aéroport de Paris Charles de Gaulle, de Satolas.) Les avions (mise en service du Boeing 747, du DC 10.) C’était la fin de l’omniprésence des agences individuelles réservée à une élite et le début d’une ère qui se voulait « industrielle. » Le voyage personnalisé est mort, vive le voyage de masse.

Dans la réalité, la formation d’un couple. Celui qui fabriquait des voyages et celle qui les revendait. Comme dans tous les couples la vie commune fut tumultueuse et semée d’embuches.
Ce ménage dura une trentaine d’années, un vieux couple.

Puis, ce fut une évolution technologique qui modifia assez rapidement le paysage des agences de voyages. L’émergence opérateurs numérique, les OTA semaient le trouble dans le couple organisateurs/revendeurs. Cela modifia radicalement les rapports entre les voyageurs et les professionnels. Tout devenait plus instantané et surtout moins personnalisé, dématérialisé.

Cette arrivée sur le marché marqua la fin de la fidélisation des clients des agences de voyages, le début du petit prix à tout prix, le renforcement de la productivité des vendeurs, donc un conseil et des services de moindre qualité.

Avec, en corollaire le renforcement d’un consumérisme omniprésent, car la loi a toujours suivi l’évolution du monde du tourisme.

Pour en arriver à un paradoxe, les voyageurs connaissaient mieux le droit du tourisme que les professionnels eux-mêmes.

Un ménage à trois avec un nouvel arrivant qui ne pratiquait pas tout à fait le même métier.

Qui avait ses propres règles, des moyens différents et surtout beaucoup d’ambition.

Aujourd’hui, l’ensemble de la profession fait face à une crise majeure : la pandémie de la covid-19. Une microscopique tueuse qui sape les fondements de l’industrie touristique mondiale. Sa raison d’être.

Aujourd’hui, j’entrevois l’émergence d’une nouvelle forme de voyage qui s’intégrera naturellement dans le paysage actuel : les voyages éthiques. Ils seront axés principalement sur la vente de produits français.

Pour mettre en valeur le patrimoine historique, culturel de nos régions. Ce qui ira également dans le sens d’une économie régressive réclamée par certains, d’une planète moins riche en carbone souhaitée par Greta Thunberg.

L’égérie des nouvelles générations, le symbole du futur un peu idéalisé du devenir de la planète.

L’arrivée d’un enfant, qui souvent bouleverse les parents. Reste à savoir l’importance de cette probable arrivée et de la place qu’elle prendra à moyen terme sur le marché des voyages.

Il est encore trop tôt, pour épiloguer sur l’évolution future de la profession. Mais il ne faut pas être devin pour affirmer que les agences les plus faibles, les moins adaptées disparaitront. Le transport aérien l’hôtellerie, devront adapter leurs offres à la réalité future du « new deal » à venir.

À mon avis, un professionnalisme sans faille sera indispensable pour assurer la survie des agences de voyages.

Comme toujours, une bonne dose d’adaptation sera nécessaire. L’évolution est à ce prix.
Ce ne sera pas toujours facile, mais je suis persuadé que la profession a beaucoup d’atouts pour réussir à franchir ce passage difficile.

Mais cela demandera des efforts. Il serait futile de croire que tout pourra recommencer comme avant dès la fin de la pandémie.

Les tâtonnements, les périodes de transition et même les erreurs seront nombreuses avant de pouvoir reprendre le contrôle réel de la situation. C’est le prix à payer.

François Teyssier