De la casse sociale chez les capitalistes du voyage

5 juin 2020   François Teyssier   Aucun commentaire   Distribution    Covid-19, France, Michael O’ Leary, Ryanair    3658 vues

Il suffit de lire Astérix pour comprendre que depuis l’époque de nos ancêtres les Gaulois, leurs descendants, les français, en matière de tourisme notamment, sont pour tout ce qui est contre et contre tout ce qui est pour. Presque un art de vivre.

L’histoire de notre beau pays confirme que ses habitants sont des contestataires nés. Un esprit frondeur qui a permis ce que les syndicats appellent des « conquêtes sociales. » Au point de construire un modèle social français que le monde nous envie.

Ce n’est pas l’époque actuelle et les mesures gouvernementales annoncées qui contrediront mon propos.

Sauf peut-être pour quelques irréductibles râleurs qui veulent encore et toujours plus.

Mais, c’est sans compter sur Michael O’ Leary, l’imaginatif patron de Ryanair qui est aux antipodes du modèle économique français ou de tout autre d’ailleurs.
Rappelons les faits : le personnel français de la compagnie low cost irlandaise l’accuse ni plus ni moins de « chantage de redondance » et de comportement de cow-boy. « La France n’est pas le Far West », a expliqué à l’AFP Damien Mourgues, le délégué syndical du personnel de cabine. 

Car les collaborateurs ont été mis en face d’un choix draconien : accepter une réduction de salaire de 20 % pour les pilotes et 10 % pour le personnel de cabine ou perdre son emploi.

La solution de Ryanair aux pallier aux conséquences de la pandémie de Covid-19.

La compagnie va supprimer jusqu’à 3000 emplois en Europe. Le temps de travail sera également minoré de 20 % à partir du 1 er juillet 2020, avec un effet de rattrapage pour les plus bas salaires lissé les cinq prochaines années.

L’économie escomptée sera en moyenne de 12 % sur la masse salariale de l’entreprise.
Le Syndicat national des pilotes de ligne français (SNPL) a confirmé qu’un délai maximum de cinq jours avait été accordé pour répondre à l’ultimatum. Sinon, l’entreprise a prévenu qu’elle n’aurait « pas d’autres choix » que de licencier 29 % de ses pilotes et 27 % de ses copilotes français.

Ryanair a également informé les chefs de cabine, d’une diminution de 10 % de leur salaire au cours des cinq prochaines années et une diminution de leur temps de travail rémunéré de 20 %, qui passerait de 2 000 heures par an à 1 600 heures.

Concrètement, cela se traduit par une perte de salaire de 308 € par mois pour les collaborateurs rémunérés mensuellement sur la base de 1 539 € par mois. Soit un salaire qui sera inférieur au SMIC selon les syndicats. La direction de Ryanair n’a pas daigné répondre, du moins pour l’instant.

Stéphane Salmon, directeur du SPNNC-FO chez Ryanair, a déclaré à l’AFP que la compagnie aérienne lui avait envoyé une lettre le 15 mai l’informant des minorations salariales. Il est persuadé que Ryanair utilise la pandémie de Covid-19 comme excuse pour réduire les salaires qui sont déjà le plus bas de l’industrie du transport aérien. Affirmation sans doute exagérée.

Ryanair a été récemment épinglé par les médias pour avoir tardé à rembourser plusieurs milliers de passagers dont les vols ont été annulés en raison de la pandémie de Covid-19 et des interdictions de voyager. Ryanair a même été « élu » comme étant la pire compagnie pour rembourser les vols annulés lors de la pandémie de coronavirus.

Enfin, comme Michael O’ Leary n’est jamais en retard d’une provocation, il a annoncé que les passagers de Ryanair devraient désormais demander au personnel de bord la permission d’utiliser les toilettes en cours de vol à partir du 1 er juillet prochain.

François Teyssier