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Trop d’agences de voyages en France ? par Jean-Luc Dufrenne

Un de mes confrères, et ami, m’avait lancé cette «pique» il y a quelques années déjà ! Y a t-il trop d’agences de voyages en France ? Si la réflexion peut a priori surprendre, elle n’en est pas moins pertinente.

Il faut ici considérer l’agence de voyages en tant que pas de porte générant loyer, charges et taxes afférentes au local.

jean-luc-dufrenne [1]Est-il réaliste aujourd’hui de constater que, dans les cœurs de ville essentiellement, on dénombre sur un linéaire de 300 m plusieurs agences de voyages qui proposent exactement la même offre.

Et la disparition de la distribution exclusive (Club Med, NF, etc..) a encore renforcé ce phénomène.

Côté client, il va trouver exactement les mêmes produits dans n’importe laquelle de ces agences qu’elle soit indépendante, intégrée, sous enseigne, franchisée ou adhérente à un réseau.

 

Le raz de marée internet a par ailleurs modifié en profondeur les comportements d’achats et notamment en matière de voyages. Les clients fidèles connaissent l’agence et ses collaborateurs et l’emplacement de celle-ci entre donc peu en ligne de compte.


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Quant aux prospects à la recherche d’une agence de voyages « physique », ils la découvrent prioritairement au travers d’une première recherche sur Internet. Subsiste donc la clientèle de passage qui, il faut bien le dire, devient de plus en plus minoritaire.

Le client de passage va donc prioritairement faire le choix d’une agence très bien située, offrant une très large gamme de produits (multi-spécialiste), un environnement de qualité, une enseigne connue, une équipe experte, une amplitude horaire renforcée. Ce même prospect, dans un linéaire de centre ville dénombrant plusieurs agences, poussera la porte de 2 voire 3 agences au maximum. Et tant pis pour les autres…

havas -agence de demain-1 [2]Dans les villes moyennes ou les bourgs, la densité d’agences est probablement moins importante mais le problème est d’une autre nature : la clientèle peine à se renouveler en «agence physique» alors que les charges fixes augmentent.

En marge de cette réflexion, on entend de plus en plus souvent ceci  : « je travaille encore correctement mais je vois de moins en moins de clients en agence, je conclue essentiellement mes dossiers par mails ! »

Depuis 10 ans a minima, la rentabilité de nos entreprises ne fait que diminuer. S’il n’est pas toujours aisé, dans le contexte actuel, de générer plus de produits, on peut aisément agir sur la réduction de nos charges. Après la masse salariale, le «loyer et charges» est le second poste de coûts.

On peut donc légitimement se poser la question : «Comment faire pour baisser le poste «loyer et charges de nos agences ? »

La réponse est évidente : se regrouper et/ou mutualiser les coûts tout en conservant son indépendance. Comment faire ?

Au même titre que, dans les grands magasins, les marques disposent de « corners » avec personnel rattaché, on pourrait aisément imaginer que plusieurs gérants d’agences se regroupent au sein d’un unique point de vente en Centre Ville.

thomas_cook_marseille [3]Autour d’une même enseigne, plusieurs entreprises mutualisent les frais de ce point de vente, disposent donc chacune de la même adresse mais leurs clients sont identifiés, les lignes téléphoniques et sites internet sont différents.

En définitive, il convient uniquement de trouver un mode opératoire pour se répartir équitablement la clientèle de passage.

Si une agence gère en son sein plusieurs autres activités : business travel, groupes, réceptif, elle peut aisément prendre en complément des bureaux en étage ou à proximité de ce point de vente « central », le coût au m2 étant ainsi a minima divisé par deux !

En résumé, l’agence bénéficie d’une adresse connue et reconnue, d’une vitrine, d’une clientèle de passage renforcée et peut considérablement réduire ses charges locatives.

selectour afat stand salon [4]J’entrevois, dans cette nouvelle vision des agences en Centre Ville, d’autres avantages évidents : une communication de la marque bien plus aisée pour le client qui saura immédiatement associer l’enseigne à une seule adresse , une montée en puissance de la marque grâce à un espace voyage bien plus visible, une productivité accrue obtenue grâce au regroupement de plusieurs points de vente.

A charge aux réseaux intégrés ou « industriels » de regrouper, sous le même toit, des points de vente intégrés et franchisés et aux autres réseaux volontaires de fédérer, sous le même toit, plusieurs entreprises adhérentes.

Quant aux agences installées dans des villes moyennes, d’autres solutions existent et s’inscrivent dans une nouvelle approche sociétale du co-working ou de l’économie du partage.

Des jeunes entrepreneurs, par exemple, se lancent dans la distribution ou production de voyages et n’ont pas les moyens d’assumer un pas de porte. Leur sous-louer une partie de l’agence peut constituer un schéma gagnant/gagnant.

D’autres pistes de co-locations, en fonction de l’endroit où on se trouve, sont à inventer !

Certains vont être vent debout en lisant cet article et d’autres iront, dès demain, rendre une visite à leur confrère voisin. La démarche vaut dans tous les cas la peine d’être tentée….. car il y a définitivement trop d’agences de voyages en France !

Jean-Luc Dufrenne