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Comment La Compagnie prépare son retour en 2021

Nommé il y a un an à la direction commerciale de La Compagnie, petite compagnie aérienne française 100 % affaires, Fréderic Revol, qui vient de chez Qatar Airways, est chargé de préparer la reprise des lignes Orly -New York en avril suivie en mai de Nice-New York si la situation sanitaire bien sûr redevient favorable. La Quotidienne l’a interrogé sur la stratégie mise en place.

La Quotidienne : Comment La Compagnie a-t-elle vécue l’année 2020 ?

Fréderic Revol : Comme l’ensemble des compagnies aériennes nous avons subi les restrictions du trafic aérien liées à une pandémie dont en février on ne pouvait soupçonner la durée. Dès le 19 mars nous avons dû interrompre nos rotations entre Orly et New York du fait des restrictions imposées par les autorités américaines qui n’acceptaient plus que des vols assurant le retour des citoyens américains, des résidents ou de certains passagers pour raisons professionnelles.

Durant l’année, nous avons recentré notre activité sur quelques vols à la demande de type charter vers l’Australie, la Barbade ou le Nigeria.

LQ : Comment avez-vous pu surmonter cette interruption de l’activité ?

FR : Notre force par rapport aux grandes compagnies, qui comme par exemple les compagnies américaines, qui a dû se résoudre en septembre à licencier des dizaines de milliers de salariés, c’est notre petite structure.

Nous avons seulement deux A321 Neo en location et nous n’employons que 120 salariés (naviguant et administratifs) qui ont bénéficié du chômage partiel mis en place par l’Etat.

Nos actionnaires (les propriétaires des Galeries Lafayette et un belge propriétaire de Car Glass, ndlr) sont des entrepreneurs très attachés au développement de La Compagnie. Ils nous ont soutenu.

Enfin notre modèle qui est d’être une compagnie 100 % affaires avec seulement 76 sièges dans nos appareils et des tarifs concurrentiels est devenu pertinent Ainsi le faible nombre de siège passager est un atout dans les procédures de distanciation nécessaires à l’intérieur des avions et au débarquement aux Etats Unis.
Le faible volume clients transporté est un atout aujourd’hui.

LQ : Vous proposez des vols pour les fêtes ?

FR : Effectivement pour les fêtes de fin d’année nous mettons en place des rotations (6 au total) entre Orly et l’aéroport de Newark à New York. C’est un succès puisque 400 clients ont déjà fait part de leur intention de réserver. Il faut dire que le tarif unique de 1 200 euros aller- retour pour un standing « classe affaires » est attractif. Bien sûr les conditions sanitaires sont exigées comme le port du masque en embarquement et à bord (vol de 8h), pas d’accompagnement et test PCR exigé.

Nous militons pour la mise en place des test antigéniques à Orly et dans les aéroports américains. Nous sommes favorables à la création de corridors sanitaires stricts entre la France et les aéroports de New York.

Nul doute que le passeport sanitaire dans l’avenir deviendra aussi nécessaire que le passeport tout court. Il est déjà exigé dans certains pays pour les vaccinations. Pour les Etats Unis la passation du pouvoir à Joe Biden en janvier va changer la donne car il semble plus favorable à la réouverture des frontières.

LQ : Comment préparez-vous 2021 ?

FR : Avec les actionnaires et les salariés nous avons étudié plusieurs scénarios en fonction de l’évolution de la pandémie, de l’arrivée des vaccins ou des décisions des autorités. Nous serons prêts, en cas d’évolution positive, à reprendre la ligne en avril Orly-New York avec une fréquence de 4 à 5 vols par semaine.

Nous avons bon espoir également pour rouvrir Nice New York dès le mois de mai avec 2 à 3 vols par semaine. La création de la ligne en 2019 avait connu un succès au-delà de nos attentes avec une forte demande de la clientèle américaine et l’amorce d’une demande locale.

Nous espérions la conforter en 2020. Mais la pandémie à casser la belle dynamique. Delta Air Lines et United Airlines ont d’ailleurs suspendu leur projet sur Nice durant l’année.

Nos relations avec la direction de l’aéroport ont toujours été positives et encore plus avec le nouveau directeur que j’ai connu quand il était responsable à l’aéroport de Roissy.

Nous réfléchissons enfin à des ouvertures de lignes au départ de villes européennes toujours vers New York car actuellement nous sommes la seule compagnie à proposer un vol 100 % affaires à tarif compétitif. Un modèle trouve son marché.

Propos recueillis par Michel Bovas