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Comment ça sent le chaud !

julie [1]La France est sur des charbons ardents. Ça chauffe dans tous les rouages.

« Si ça continue, on va couler une bielle », dirait mon Papy René. Formule dont je ne saisis pas la subtilité.

Faut dire que la mécanique automobile n’a jamais été mon fort.

« Surtout depuis qu’ils y mettent tout plein de puces dedans ! », a coutume de râler pépé.
Électroniques les puces, je précise.

Oh, hé, je ne suis pas complètement neuneu !

Vous avez remarqué ? En ce moment, les bonnets rouges fleurissent le long des routes de France, comme coquelicots au printemps. Ça met un peu de couleur dans la grisaille hivernale ! Ouais, je sais, on n’est pas encore en hiver, mais toujours en automne.

Oh, hé, je ne suis pas complètement à l’ouest !

Dans notre secteur aussi, y’a tout plein de bonnets… et de benêts.

Vous savez, comme Bourvil dans Le Corniaud, quand il se fait exploser sa Deudeuche par l’autre irascible-là, le petit nerveux Louis de Funès : « Forcément, elle va moins bien fonctionner ! », qu’il constate dépité.

La France est à l’image de la Deudeuche à Bourvil. L’industrie du tourisme n’y échappe pas.

Suffit de voir comment ça s’écharpe (c’est de saison me direz-vous avec ces températures) dans les éditos de la presse pro et les chroniques au vitriol.

Tous enfilent un bonnet rouge pour en découdre avec son voisin, son concurrent, son collègue, son fournisseur. Ça flingue dans tous les coins !

Entre hôteliers et centrales de réservation en ligne, entre maisons mères et filiales, entre Big Groupes, plans sociaux et pertes abyssales (Fram, NF, Thomas Cook…), entre distributeurs, producteurs et réceptifs, dans les réseaux aussi (dernièrement chez AS Voyages avec les évictions de de Boüard – qu’on surnomme Déboires – et Philippe de Saint-Victor, le grand manitou de la fusion Afat/Selectour qui a disparu de la circulation).

L’industrie du tourisme, c’est le village d’Astérix, quand tous en viennent aux mains lors de mémorables bagarres. « Pas frais mon poisson ? ».

C’est vrai qu’ils ne sont pas très frais nos poissons, notamment les plus gros qui somnolent dans les bocaux des instances représentatives de nos professions.

Bon, je vous avoue que tout cela a, en définitive, peu d’influence sur le quotidien de ma petite vie d’Agent de Voyages. Et puis, comme dirait mon « Ami Rick à moi », je n’ai pas l’ombre d’une solution face à cette avalanche de problèmes et de tensions. Je me contente d’observer l’éparpillement « aux quatre coins de Paris, façon puzzle », dirait Bernard Blier dans le film dont tout le monde parle en ce moment.

Une chose est sûre, c’est que ça sent le chaud ! Reste à espérer que cette ambiance électrique donne envie à mes chers clients de prendre la poudre d’escampette (autre formule délicieusement désuète de mon Papy à moi que j’aime). Tant qu’à sentir le chaud, autant que ce soit sur la peau.

Une semaine aux Antilles, aux Seychelles, à Maurice, à Zanzibar, en Thaïlande, à Dubaï… Ça ne vous dit pas ?

Ou peut-être au Mali, en Syrie, à Beyrouth, en Libye, aux Philippines, au Caire… pour rester dans l’ambiance « Merde In France ».

Comme quoi, nous ne sommes pas si mal lotis que ça. Hein ?

Allez, je bise amicalement toutes mes collègues qui, chaque matin, comptent les mauvais coups en lisant la presse pro. Ça occupe en attendant les clients !

Julie Labrune, 28 ans.
Conseiller en Voyages