[1]Ce week-end, j’ai eu une curieuse idée. J’ai recherché sur internet la recette du couscous. Ne me demandez pas pourquoi. Mais j’aime cuisiner exotique.
Un acte à priori banal. Mais qui s’est vite révélée être traumatisant et révélateur de l’état d’esprit de la société actuelle.
Je pensais que ma recherche, était aussi simple que banale. Funeste erreur, ce fut le début d’un voyage au cœur de l’absurdie. Vous voyez bien, je parle de voyage.
Tout cela par la faute de mon incorrigible curiosité. Consulter les avis laissés par les internautes sur le forum. Une plongée dans le monde de l’intolérance et même du racisme. Oui, du j’ai bien dit du racisme.
D’abord, personne n’était vraiment d’accord. Normal, nous sommes en France et cela semble même être contagieux.
Et, comme le diable est dans les détails. Tout se compliqua inexorablement.
A la question fondamentale de quel pays d’origine du couscous ? Une revendication simple qui suscita des réponses passionnées. Algérie, Maroc, Tunisie ? (liste classée par ordre alphabétique pour ne privilégier personne.)
Les commentaires étaient acerbes, agressifs. Les prémices d’un conflit futur, du genre guerre de voisinage ? J’exagère sans doute un peu ? Mais du nationalisme exacerbé dans l’expression d’une recette de cuisine certainement.
Prudemment j’ai filtré les informations et je me suis concentré sur les ingrédients à utiliser. Il faut dire que j’avais trouvé plusieurs réponses qui me convenaient. Le couscous semble (pourrait) être une recette d’origine Berbère.
Alors, je me suis concentré sur les ingrédients pour faire ce plat conflictuel. Nouvelle levée de bouclier hostile, pas de cumin, pas de merguez, pas de raisin sec, pas de piment de Cayenne, pas de coriandre. Pas de mélange agneau et merguez. Bref, autant d’interdits, de diktats, d’ukases que d’avis.
L’affaire était vraiment sérieuse.
Pourtant, une lueur d’espoir surgissait, un début de consensus. Pour les hommes c’était le couscous de leur mère qui était obligatoirement le meilleur. Diplomatiquement, un point de convergence sensible, voire notable. Et puis, c’est cela me confirmais la seule bonne nouvelle. A savoir que la femme est l’avenir de l’homme. Peut-être un début de solution ?
Je suppose que c’était les internautes d’origine maghrébine qui s’exprimaient.
Mais les français revendiqués, pas en reste pour autant et surtout volontiers donneurs de leçons entrèrent à leur tour férocement dans la mêlée. Je cite : « On est des français, alors on ne sait pas faire le couscous ? Pathétique, franchement il faut vous réveiller, je comprends que certains ont honte » Bigre !
Autre réponse péremptoire, je cite toujours « Pourquoi vous parlez de vos origines ? On s’en fout totalement. » Alors, en homme sage. Du type celui qui connait ses limites. Je décidais prudemment : courage, fuyons.
Le clou de ce forum, surréaliste. Il y avait un australien, à moins que ce ne soit un expatrié qui déplorait ne pas pouvoir trouver tous les bons ingrédients dans son pays de résidence. Mais où donc va se nicher le mondialisme ?
Alors, j’ai décidé de rechercher la recette des coquillettes au jambon. C’était beaucoup plus simple et surtout plus consensuel. Et surtout si agréablement régressif.
Mais, je n’ai pas trouvé Charlie. Même pas son esprit qui n’a fait que passer fugacement. Dire qu’il ne s’agissait que d’une recette de cuisine. Nous sommes loin d’être sortis de l’auberge. Le chemin sera long et périlleux.
J’ai même une pensée émue vers nos institutionnels. Ces hommes de pouvoir qui cherchent à dessiner notre avenir.
Votre dévoué,
Lucius Maximus,
Sénateur indépendant