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Ce que craignent vraiment les agences avec les nouvelles règles de l’APST

Vainopoulos [1]L’APST fait couler beaucoup d’encre depuis quelques jours. A raison.

L’effort demandé aux adhérents pour pouvoir continuer d’être garantis est considérable. Pourtant on se trompe de cible en dénonçant uniquement le doublement de la caution minimale et des cotisations.

Le vrai problème insurmontable, c’est le doublement du taux appliqué pour le calcul des garanties, qui implique de disposer d’un patrimoine dont peu d’agences peuvent se prévaloir.

La situation : l’APST ne pouvait pas continuer de fonctionner sans refinancement

Depuis la publication du décret du 29 octobre, beaucoup de commentateurs se concentrent uniquement sur la partie émergée de l’iceberg. Normal, même la profession a du mal à s’y retrouver !

Le problème principal n’est pas le doublement de la caution minimale de 100 000 à 200 000 euros. Cette mesure est déjà difficile à accepter, mais elle était inévitable pour réévaluer le montant minimal des garanties aux réalités d’aujourd’hui, en €uro courant, et ainsi assurer la survie d’une institution qui a dû faire face à de nombreuses faillites.

Le vrai problème, c’est le doublement du taux appliqué pour le calcul des garanties dans le cadre de vente de voyages à forfait. C’est ce qui risque réellement de mettre en danger des entreprises pourtant saines. Rien ne justifie cette décision unilatérale.

Le problème : les nouvelles contre-garanties exigées sont excessives

En passant de 10 % à 20 %, ce nouveau barème obligera un patron d’agence de voyages qui réalise 1,5 millions de recettes en forfait, à apporter 300 000 euros de garanties personnelles, sur ses biens propres. Et c’est bien là que le bât blesse.

Beaucoup d’agences de province ou de zones périurbaines, où le prix du mètre carré est bien inférieur à celui de Paris, n’auront tout simplement pas le patrimoine suffisant pour fournir les contre-garanties exigées.

Une étude récente du courtier Meilleurtaux.com parle d’elle-même : alors que le montant moyen des transactions tourne autour de 450 000 euros à Paris, il chute à 300 000 euros à Lyon Bordeaux et Nice pour atteindre ensuite 250 000 euros environ à Marseille, Nantes, Lille, Strasbourg ou Toulouse.

Le résultat : un frein inévitable à la croissance d’agences pourtant saines

Le doublement des taux pour le calcul des garanties est donc une nouvelle désastreuse pour la distribution. Aussi bien pour les agences en activité qui ne savent pas où trouver les contre-garanties exigées, que pour ceux qui voudraient se lancer dans le monde du voyage.

Cette nouvelle mesure incite de fait à limiter strictement son chiffre d’affaire à ce que permet son patrimoine. Une situation totalement contre-productive donc, qui, en visant la protection des consommateurs, sanctionne des entreprises pourtant saines.

Un signal néfaste pour l’embauche et l’investissement à un moment où tout devrait être fait pour soutenir les agences et leur développement.

Espérons que l’APST et le SNAV entendront raison et reviendront sur cette décision en tout point négative.

Richard Vainopoulos