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Cauchemar…

bertrand Figuier [1]Pardon de m’épancher comme ça, mais j’ai fait un horrible cauchemar cette nuit et j’ai besoin d’évacuer. C’était terrifiant.

Rendez-vous compte.

Suite aux attentats du 7 janvier dernier, aux récents tirs de kalachnikov marseillais et aux 200 agressions perpétrées depuis un mois contre des soldats français sur le sol national, la presse étrangère de nombreux pays, comme la chine, les USA ou le Japon, décrivait la France comme territoire en guerre et leurs ministères des Affaires Étrangères déconseillaient le voyage en France à moins d’un impératif professionnel urgent.

Ce doit être à cause de l’article paru chez notre confrère du QdT. Faisant référence à une enquête du Groupement National des Indépendants (GNI), le journal nous apprenait que le secteur avait encaissé une vague inédite d’annulations et une baisse significative de son activité.

Sur Paris, précisait le journal, 80 % des hôtels ont été touchés par le phénomène.

À ce tarif, on était vraiment dans le lourd, d’où mon cauchemar… du moins c’est comme ça que je me l’explique.

Mais le plus horrible dans ce mauvais rêve d’une nuit d’horreur, car je n’ai pas pu me rendormir, c’est que j’entendais Atout France réagir avec verdeur en traitant tous ces touristes défaillants de cancres, incapables de faire la différence entre Saint-Tropez ou Arcachon et Paris ou Marseille.

De concert avec notre Ministère des affaires étrangères, l’organisme de promotion du tourisme français en rajoutait encore, en accusant également la presse de tous ces pays d’exagération, d’amalgame et de mauvaise foi, avant de réclamer de nouvelles recommandations officielles à l’intention de leurs touristes respectifs.

Pire encore, les TO US, chinois, japonais… étaient sommés de faire des efforts politiques et commerciaux, tant auprès de leurs autorités que de leurs clients, et sans lésiner sur les promotions tarifaires !

C’était à eux, aussi, de rappeler avec force à leurs consommateurs respectifs que des attentats de ce genre peuvent désormais se produire partout, à Londres, Stuttgart, New York, Boston, Tokyo ou Pékin.

Évidemment, tout ceci n’endiguait pas la chute vertigineuse de la fréquentation touristique en France.

Même les grandes déclarations de notre gouvernement sur le tourisme grande cause nationale ne réussissaient en stopper l’effroyable hémorragie.

On annonçait déjà des milliers de licenciements dans le secteur…

Devant l’intensité de la crise, le 1er Ministre tentait le coup du choc psychologique et annonçait au monde entier le démission de Bernard Cazeneuve et son remplacement par Christiane Taubira qui cumulerait ainsi les ministères de l’intérieur et de la Justice pour donner plus de cohérence et de réactivité à l’action des autorités.

Là, heureusement pour mon cœur, je me suis réveillé en sursaut, une sorte de sursaut national à moi, genre manif du 11 janvier personnelle.

Mais depuis, ce cauchemar me reste dans la tête… il doit sans doute me rappeler d’autres choses, des réminiscences inconscientes d’attentats ici où là, d’attaques de bus ou de pickpockets parisiens, par exemple…

Je ne sais pas bien… En plus, je ne suis pas psychiatre et je ne suis pas doué pour expliquer les rêves.

La seule chose, en tout cas, qui me reste planté dans un coin du cerveau, c’est une réplique entendue dans mon sommeil agité.

Un homme, au milieu de la cohue générale, criait : « Pour sauver nos emplois, le gouvernement doit rétablir d’urgence la sécurité dans les rues de Paris »

Vous voyez : quelque chose d’explicite au milieu de propos très confus.

Et là, pas besoin de psychiatre pour comprendre le sens de cet épisode : Tout le monde connaît bien le sort réservé aux voix qui crient dans le désert…

Bertrand Figuier