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Business ou djihadistes : il faut choisir

Quarante pays sont pointés du doigt par le site du Ministère des Affaires Étrangères !

La belle affaire.

Surtout que la plupart d’entre eux, si ce n’est la totalité, est depuis longtemps en rouge ou en jaune sur les cartes du site en question.

D’abord, j’ai du mal à croire que le consommateur consulte les avis de notre administration concernant ses vacances. Sans doute les entreprises le font-elles, mais c’est parce qu’elles sont directement responsables de leurs employés pendant leurs déplacements.

En revanche, si ce réflexe existe chez le voyageur loisirs, c’est le plus souvent après, lorsqu’il y a eu un pépin grave durant le séjour ; et c’est surtout son avocat qui va chercher ce type d’informations, idéales pour enrichir un dossier à charge.

Ensuite, ce même touriste estime qu’un TO sérieux et qu’une agence qualifiée ne peuvent pas lui proposer une destination à risque.

C’est à son avis la première et la plus implicite de leurs nombreuses compétences obligatoires.

Le touriste français a grandi avec la protection du consommateur dans ses gènes… À ses yeux, c’est un « droit acquis », au même titre que les 35h ; il ne reviendra jamais dessus.

D’ailleurs et à juste titre, les professionnels du tourisme, comme ceux du voyage en général, l’ont accompagné dans cette évolution.

À la fois sous une pression réglementaire et une jurisprudence nationales ou européennes qui ont poussé le bouchon très loin, jusqu’au principe de précaution ; et par un intérêt suffisamment bien compris pour faire de cette protection un argument marketing, au moins sur le plan financier.

Pour le consommateur lambda qui va laisser un ou plusieurs milliers d’euros sur le comptoir, c’est donc au TO et à l’agence de se tenir précisément informés sur le risque de chacune des destinations proposées.

Ce n’est pas à lui, le client, de s’en charger ; lui, il paye !

Aux professionnels de rendre le service vendu.

Partant de là, on peut ergoter sur le bien-fondé ou sur l’interprétation exacte des avertissements du Ministère, le client qui pense à ses vacances s’en contrefiche éperdument.

Ce qui compte pour lui, c’est ce qu’il voit, ce qu’il entend, ce qu’il lit tous les jours.

Et là, les professionnels ne sont pas dans le coup.

Leurs compétences si extrêmes soient-elles ne sont ni contestées ni remises en question, elles sont juste impuissantes, inopérantes devant l’actualité.

Quand la presse française relaie les cris « Jihad » et « Daesh » lancés à Casablanca, en plein match, par les supporters d’une petite équipe de foot marocaine, le touriste français, le touriste européen aussi sans doute, s’inquiète de son sort potentiel si il lui arrivait d’en croiser un pendant son séjour.

Peut-on s’en étonner ? Peut-on s’en indigner ? Peut-on même le lui reprocher ?

Dans les circonstances présentes, ce serait vain et déplacé.

Tout comme il serait vain et déplacé de nier la peur du consommateur en se contentant de condamner un dangereux « amalgame ».

Quand, dans certaines banlieues, vous ne sortez plus de chez vous le soir parce que les rues ne sont pas sûres, vous accuse-t-on d’insulter par « amalgame » toute la population de la ville ?

Désormais, les Français ont peur de se rendre dans les pays musulmans ; sont-ils les seuls…

Regardez la chute vertigineuse des réservations françaises au Maroc : 50 % !

Inutile de répliquer en disant que les attentats islamistes pourraient tout aussi bien se produire en France.

Chaque Français le sait bien… et pour cause, il vu Merah, il a aussi connu les attentats.

Le problème c’est qu’il n’a pas le choix. En France, il y habite ; et il compte sur l’État pour assurer sa sécurité.

L’unique question qui vaille est donc de savoir comment ramener les touristes dans les pays musulmans.

Autant dire, comment rétablir une vraie sécurité quotidienne dans ces pays ?

Son Excellence le Grand Mufti d’Arabie Saoudite s’est clairement exprimé à ce propos ; il a appelé tous les dirigeants musulmans à frapper « d’une main de fer » les djihadiste de l’État islamique (Le Figaro du 3/10). »

Il a raison certainement.

C’est en effet aux gouvernements concernés de prendre leurs responsabilités ; et toutes les promotions, toutes les publicités du monde, n’y changeront rien tant qu’ils ne les prendront pas officiellement à bras le corps.

Au-delà des discours, au-delà plus encore des efforts que pourront faire les professionnels du tourisme et du voyage, c’est aux pays concernés, et à eux d’abord, de choisir ce qu’ils veulent : du business ou des djihadistes ?

Bien identifier le problème, dit-on, c’est déjà presque y répondre… Alors n’ayons pas peur d’en parler.
Bertrand Figuier