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Ankara : la paix comme condition express de l’économie touristique

Et voilà ! Un attentat ravageur à Ankara ! Bien sûr la capitale turque n’est pas Bodrum, ville touristique si l’en est. Mais Bodrum est aussi empêtrée dans le phénomène migratoire inédit qui bouleverse aujourd’hui l’Europe, et cette conjugaison de questions douloureuses inspire déjà aux médias nationaux comme RTL des questions du genre : la Turquie fait-elle désormais partie des destinations à éviter ?

Comme si la question est encore liée à un endroit quelconque ! Dans ce monde, la sécurité n’existe plus, ni ici, ni là, ni ailleurs…

Professionnels du tourisme, nous devons faire face à la confrontation de 2 mondes qui s’entrechoquent partout et tout le temps.

D’un côté l’Islam, avec sa guerre civile entre le sunnisme wahhabite et le chiisme ; de l’autre l’Occident, lui aussi divisé entre Américains et Russes.

Dans ce combat de titans, qui nous dépasse largement, nous comptons au mieux pour quantité négligeable ; au pire, nous servons d’arme économique, comme l’ont montré les récents attentats qui ont éprouvé la Tunisie, car le tourisme constitue d’abord un flux énorme de devises qu’il faut soit contrôler à son profit, soit assécher afin d’affaiblir l’adversaire.

De ce point de vue, force est de constater que les Institutions internationales comme les différents États concernés, en Europe ou ailleurs, gèrent ce conflit au détriment des intérêts du secteur touristique.

Depuis 4 ou 5 ans, leur position et leur action n’ont fait qu’envenimer les choses au point que la majeure partie de la Méditerranée est devenue peu ou prou infréquentable pour le touriste moyen.

Vu ce qui se passe à Jérusalem en ce moment, vu aussi la position des gouvernements européens et leur impossibilité de fixer une priorité entre l’État Islamique et Bachar El Assad, on ne peut s’empêcher de supposer que ce climat violent est durable, qu’il peut même s’aggraver sérieusement.

Et l’on ne peut que suivre la conclusion de notre confrère de RTL en conseillant de réfléchir avant d’aller en Turquie.

Une question que ne manqueront sûrement pas d’évoquer les participants à la 11e force de ventes Selectour-Afat qui se déroule en ce moment même, sur l’île de Kos justement, en face de Bodrum.

Pourtant, la véritable question, désormais, ne serait-elle pas plutôt de savoir si le tourisme qui fut conçu dans les années 60 et 70, avec la découverte et les échanges culturels comme ressorts, est encore possible.

Ce tourisme-là, c’est la paix, pas la guerre !

Allons-nous finir coincés chez nous, alors que le tourisme contribue largement au développement économique mondial comme au PIB de nombreux pays, dont la France !?

Car le tourisme, c’est aussi l’emploi, pas les charniers…

Et la question ne touche pas seulement l’outgoing ; elle concerne aussi le réceptif, en France comme ailleurs…

C’est ce qui rend plus aigüe, plus pertinente encore l’intervention d’un agent de voyage, chinois d’origine, qui demandait lors de la conférence organisée voilà trois semaines par le SKALL, le SNAV et l’APST, à ce que les autorités françaises assurent réellement et rapidement la sécurité des visiteurs étrangers.

Et là, comment ne pas se sentir au moins interpellé par le communiqué de Tourcom sur la récente prestation de Laurent Fabius ?

Le milliard prévu par le Ministre est sans doute une bonne chose, mais non seulement il laisse totalement de côté le développement harmonieux de tout le territoire national pour privilégier des zones déjà surchargées, mais il oblitère en plus, volontairement ou non, le rétablissement urgent d’un minimum de sécurité pour les touristes, français ou étrangers, qui voudront bien surmonter les craintes que leur inspirent l’état du monde.

Surtout quand les spécialistes de la sûreté considèrent d’un avis quasi général, que le budget de la Défense nationale est dramatiquement insuffisant pour parer au plus pressé.

Si l’effet Charlie est déjà mort, on aimerait que l’effet Thalys ait un impact plus profond !

Bertrand Figuier