Le Transport aérien, un colosse aux pieds d’argile ?


Les résultats sont connus. L’année 2016 est celle de tous les records du transport aérien. Jugez plutôt : Le nombre de passagers a atteint 3,77 milliards en hausse de 6,3 % par rapport à 2015. Le coefficient de remplissage s’est maintenu au-dessus de 80 %. Le résultat financier cumulé marque également un record à 35,6 milliards de dollars. Bref, tous les indicateurs sont au vert.

Globalement le transport aérien dégage un retour sur investissements de 9,4 % alors que dans les années anciennes on rêvait simplement
d’atteindre le chiffre magique de 7 %. Comment qualifier cet exercice avec un autre qualificatif qu’historique ?

Il faut s’en réjouir sans barguigner. D’autant plus que pendant cette année 700 nouvelles dessertes ont été opérées. Les progrès de ce secteur d’activité sont constants. Au cours des 5 dernières années les accidents dans le transport aérien régulier ont entraîné la mort de 3.491 passagers. Certes cela est beaucoup trop, mais rappelons que pendant cette même période 16,820 milliards de passagers ont été transportés dans 167,6 millions de vols.

Pour autant il reste quelques bémols. Ces formidables résultats ont une cause essentielle : la baisse continue du prix du carburant.
Elle s’est traduite par une économie de 56 milliards de dollars entre 2016 et 2015 et cette année avait déjà enregistré une économie de 44 milliards par rapport à 2014.

Autrement dit, si les compagnies avaient dû payer leur pétrole au prix de 2014, elles auraient globalement enregistré une perte historique elle aussi de 64,4 milliards de dollars et si elles l’avaient payé au prix de 2015 le transport aérien aurait également été en perte de 20,4 milliards de dollars.

C’est assez dire combien cette industrie est fragile.

Emportées dans l’euphorie de la baisse du carburant les compagnies aériennes sont retombées dans leur péché mignon : la guerre des tarifs pour lutter contre la concurrence. Ces derniers ont en effet chuté de 44 dollars par trajet aller-retour en 2016 par rapport à 2015.

Au cours des 5 dernières années, le prix moyen du transport aérien a baissé de 27,5 %. En clair il a perdu plus d’un quart de sa valeur.
Oh certes cela est très bon pour les clients lesquels sont de plus en plus nombreux.

Au rythme actuel de 6 % de croissance, il ne faut pas plus de 12 ans pour doubler le nombre de passagers.

Notons d’ailleurs que le taux de croissance s’accélère. Il a gagné un demi-point au cours des deux dernières années par rapport aux 10 années précédentes.

Bon, mais que se passera-t- il si le cours du pétrole se met à remonter ne serait-ce qu’à 70 ou 80 dollars le baril ? Cette hypothèse n’est pas absurde et la facture carburant remonterait alors au niveau de 2014 soit tout bêtement 100 milliards de dollars supplémentaires. Et alors le transport aérien entrerait de nouveau dans la spirale de pertes.

Au fond, il y a deux grands gagnants dans la conjoncture actuelle.

D’abord les passagers qui voient les tarifs baisser continuellement tout en bénéficiant de nouveaux appareils beaucoup plus modernes et confortables que leurs prédécesseurs. Ils en profitent d’ailleurs très bien… et ce n’est certainement pas terminé.

Les autres grands gagnants sont les aéroports. Ces derniers ne sont pas soumis aux mêmes contraintes concurrentielles que les compagnies
aériennes. Ils peuvent maintenir leurs redevances sans trop craindre que les transporteurs désertent leurs plateformes.

Et pour les grands aéroports l’impact est double : ils ont plus de redevances en provenance des passagers et des transporteurs, mais aussi et surtout ils ont considérablement développé les commerces et ces derniers rapportent maintenant plus de 50 % de leur chiffre d’affaires, le tout avec des investissements somme toute modestes.

Bien sûr les compagnies râlent un peu et elles finissent par obtenir quelques baisses tarifaires mais très obstinément les aéroports ne veulent pas leur faire bénéficier des recettes générées par les commerces, lesquels pourtant sont alimentés par les clients des transporteurs.

Ne boudons pourtant pas notre plaisir.

Le transport aérien, malade économiquement pendant des années, a fait de très gros efforts de restructuration, ceci étant vrai essentiellement aux Etats Unis, largement aidés par le système du Chapter 11, et il a bénéficié d’une baisse considérable du poste carburant qui a été jusqu’à représenter 33 % des charges alors qu’il est maintenant redescendu à moins de 20 %, 19,2 % exactement. Les résultats sont là, profitons-en.

Les accords de ciel ouvert se sont multipliés au cours des dernières années. Il ne faudrait pas que le mouvement s’inverse, ce que l’on peut craindre avec le changement de la politique du gouvernement américain.

Jean Louis Baroux





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