La fièvre du NDC : un gagnant et des perdants ?


Tout d’un coup, tout de monde se réveille et on n’entend plus parler que du NDC dans l’univers de la distribution du transport aérien. Or, en la matière, rien n’est nouveau. IATA a annoncé le lancement de ce programme depuis au moins 5 ans. Comment et pourquoi est-ce arrivé ?

Ce n’est un secret pour personne, les compagnies aériennes ont toujours eu beaucoup de mal à admettre l’utilité du circuit de distribution et encore plus la nécessité de le payer même si, et les études passées et récentes le prouvent abondamment, la distribution indirecte est largement plus rentable que la vente en direct par les compagnies.

Mais les compagnies considèrent que les intermédiaires engrangent des profits insolents sur leur dos, elles qui prennent tous les risques. Au premier rang des intermédiaires se trouvent les GDS. Voilà la cible visée.

Il ne faut jamais oublier qu’IATA est une association de compagnies aériennes et, par conséquent, cet organisme devenu incontournable au fil du temps, ne travaille que pour le bien de ses mandants, les transporteurs.

Parmi ceux-ci certains sont plus influents que d’autres et ils trustent les places au Board. Ce sont, bien évidemment les plus importants ou ceux qui crient le plus fort.

Les décisions stratégiques sont prises par une petite douzaine de compagnies : les trois grands américains, les trois
grands européens, deux compagnies du Golfe et les principaux transporteurs asiatiques.

Si je suis bien informé, l’impulsion pour la création du NDC est venue des compagnies américaines, fatiguées de payer aux GDS une rente qu’elles avaient elles-mêmes appliquée aux autres transporteurs lorsque les GDS leur appartenaient.

Or donc, le Board de IATA a demandé à leur association qui gère de fait le transport aérien, bien que ne représentant que moins d’un tiers des compagnies aériennes régulières, de créer un système permettant de by-passer les GDS.

Le sujet est d’envergure et la réponse : le NDC (New Distribution Capability) va révolutionner la distribution du transport aérien au moins autant que la création de la billetterie électronique.

Le principe du NDC a été largement expliqué depuis sa création. Rappelons qu’il s’agit d’inciter les compagnies aériennes à utiliser un langage de transaction, le XML, dont les possibilités sont infiniment supérieures à celles du langage EDIFACT utilisé depuis 40 ans.

Disons pour simplifier que l’EDIFACT ne véhicule que des chiffres et des lettres alors que l’XML supporte des images même dynamiques. Et voilà qui change tout.

Les compagnies équipées du standard NDC pourront à loisir afficher non seulement des numéros de vols, des tarifs, des horaires, comme cela est le cas pour le moment, mais également elles pourront montrer des photos, rajouter des prestations terrestres : location de voitures, hébergements et bien entendu commercialiser toute l’étendue des prestations annexes qu’elles décideront de faire payer : priorité à l’embarquement, valises en soute ou en cabine etc…

Nous savons qu’il n’y a pas de limite à l’imagination lorsqu’il s’agit de faire payer ce qui jusqu’à présente était compris dans le prix du billet.

Quelles vont être les conséquences ?

Tout d’abord il faut bien que les acteurs : compagnies aériennes ou distributeurs, soient convaincus que le NDC sera la norme probablement avant 2020. Cela signifie que ceux qui ne s’y seront pas adaptés seront sortis du secteur d’activité. Une fois ceci posé, il y aura des gagnants et des perdants.

Qui peut perdre ?

La première cible est les GDS. Les compagnies ne veulent plus payer les redevances sur lesquels ils ont été construits. Mais ces derniers ont vu venir le coup et ils se sont adaptés.

En fait ils seront encore les seuls à fournir de manière pratique une offre complète aux agents de voyages. Eh bien ils fourniront cette offre sous le standard NDC. Je fais le pari que cela ne changera pas le rapport de forces actuel entre les agents de voyages et les compagnies aériennes.

Les petits transporteurs qui ne seront pas passés sous cette norme. Leur offre continuera à transmise par le langage EDIFACT et elle ne sera pas mise en valeur. Ils perdront certainement des parts de marché car les clients veulent une information complète et ludique.

Les tour-opérateurs généralistes vont se trouver en concurrence directe avec les compagnies aériennes qui ne manqueront pas de faire leurs assemblages en rajoutant à leur offre au moins l’hôtellerie et la location de voitures. Voilà les grands perdants.

Nous aurons l’occasion de reparler du NDC. Nous n’en voyons que les prémices. Sachez cependant qu’APG a investi massivement sur ce sujet depuis des années et qu’elle est « full NDC compliant ». Elle est d’ores et déjà prête à aider les compagnies aériennes qui ne seront pas opérationnelles.

Jean-Louis Baroux





    4 commentaires pour “La fièvre du NDC : un gagnant et des perdants ?

    1. Bonjour Jean-Louis,
      Bien vu as usual. C’est clair et c’est bien la façon dont c’était anticipé chez IATA il y a encore peu (je n’ai plus d’info récente).

      Par contre, ce serait bien d’expliquer a un Monsieur qui essaie péniblement tous les jours de remplir sa case de vide dans une lettre du tourisme ce qui se passe.

      Son aveuglement anti IATA lui fait dire beaucoup de bêtises (et ce n’est pas d’hier !) ou exceptionnellement parfois émerge quelque chose de mesuré (car il est loin d’être stupide). Tout changement a été systématiquement démoli..avant. C’est le cas aujourd’hui avec NGISS et NDC et toujours avec un train de retard et une connaissance affichée très partielle en général du sujet.

      Merci d’avance, continues à nous éclairer, et amitiés

    2. Penser que le rapport de force ne changera pas que les GDS resterons les seuls acteurs est une erreur. Le changement de norme ne concerne pas qu’un langage, il permet un accès jusque là impossible à des acteurs technologiques ou TMC au stock aérien.

      Là où seul 3 acteurs mondiaux existaient, il y en aura plusieurs dizaines à minima. Si ce n’est pas un changement, c’est que rien ne change jamais…

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