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Accords aériens France- Chine : le péril jeune ?

La phase finale des discussions bilatérales entre la France et la Chine n’a pas traîné. Entamées en septembre 2016, elles ont été bouclées le 31 mars de cette année. Elles se sont traduites par une augmentation des fréquences considérables : de 50 à 126 vols hebdomadaires d’ici à 2020, c’est-à- dire demain, réparties par moitié entre les deux parties.

La question est maintenant de savoir à qui cette libéralisation va bénéficier ?

[1]Côté transporteurs, la France accuse une réelle faiblesse par rapport à la Chine. Voyez plutôt. En peu de temps les compagnies chinoises sont devenues de vrais géants. China Eastern opère 454 appareils, China Southern 527 pour ne parler que des plus importantes.

Au total les compagnies internationales du pays opèrent actuellement 1690 avions et surtout en ont 540 en commande.

Certes la plupart des capacités sont utilisées dans le transport domestique et les liaisons intra asiatiques, mais les réserves sont là et il ne sera certainement pas difficile à la Chine d’occuper à plein les possibilités de cet accord.

Vu du côté des transporteurs français, la situation est tout autre. La compagnie nationale domine et de très loin ses collègues avec plus de 300 appareils y compris les régionaux alors que les autres compagnies long courrier françaises ensemble ne pèsent que 41 avions.

Plus inquiétant les commandes totales ne s’élèvent qu’à 49 appareils dont 44 pour la seule Air France. La disproportion est considérable. Reste à savoir si Air France qui dans le fond est la seule à pouvoir jouer la partie du côté hexagonal, sera disposée à mettre en œuvre les capacités suffisantes pour remplir la partie française de l’accord.

[2]Quoi qu’il en soit la libéralisation des droits de trafic est toujours bonne non seulement pour le transport aérien mais pour l’économie toute entière. Les premiers bénéficiaires seront sans aucun doute les clients aussi bien chinois que français.

Les tarifs qui sont bas, vont peut-être encore baisser, bien qu’on puisse se demander si cela est bien raisonnable.

Mais les principaux bénéficiaires risquent bien d’être les aéroports de province français. Oh, bien sûr, Roissy CDG n’est pas encore congestionné et les 4 pistes permettent d’accueillir encore beaucoup de nouveaux vols.

Par parenthèses, puis-je ici rappeler que Mr Gaissot alors Ministre Communiste des Transport avait promis et juré que jamais Roissy ne dépasserait 54 millions de passagers annuels, le tout pour faire avaler aux riverains la 4 ème piste. On en est maintenant au-delà de 70 millions, comme quoi il faut prendre les promesses des hommes politiques pour ce qu’elles valent.

[3]L’attraction de Paris reste très forte et vu du côté chinois, c’est la seule destination envisageable.

Sauf que si tout le monde se précipite sur la capitale, la concurrence sera encore plus farouche. C’est là que les aéroports de province ont leur rôle à jouer.

Je ne parle pas de Nice dont la plateforme est proche de la saturation mais des autres grands aéroports que sont Marseille, Toulouse, Lyon ou Bordeaux par exemple. Ces derniers peuvent facilement accueillir une fréquence quotidienne en provenance de la Chine.

Encore faut-il avoir quelque chose à proposer aux touristes chinois. Ces derniers ne se posent pas la question lorsqu’il s’agit de Paris. Il conviendrait de savoir ce que les aéroports de province ont à proposer.

[4]La capitale régionale elle-même ne suffira pas à occuper des touristes soucieux d’emmagasiner un maximum de souvenirs en un minimum de temps. Il faudra bien alors utiliser les possibilités touristiques des territoires environnants.

Et la France est très riche de ce point de vue. Seulement pour ce faire il serait bien que les régions concernées se regroupent pour mener leur prospection dans ce qui est tout de même l’équivalent d’un continent.

Il est curieux de voir qu’au lieu de se regrouper, les aéroports de province vont chacun de leur côté mener leurs opérations commerciales dans les pays lointains.

C’est d’abord très cher et finalement peu efficace car l’offre est trop faible.

Le développement du marché chinois peut être un bon exercice pour que les Régions françaises développent une coopération efficace. Cela peut être initié par les aéroports. Les droits de trafic existent, à eux d’en profiter.

Jean-Louis Baroux